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RÉNOVATION COLOSSALE - C'est un travail titanesque accompli par ce couple avec 5 enfants, qui a réussi à transcender une maison figée dans un autre temps.

"Personne ne voulait de cette maison !" se souvient Lucy, bricoleuse émérite de 35 ans. Et pour cause ! Datant de 1899, située en Moselle non loin de la frontière allemande, la vétuste demeure semblait vivre encore au rythme d'une époque lointaine, habitée seulement par "un papi" vivant seul au milieu de meubles anciens, de tapis antédiluviens, de papiers peints défraîchis, de crucifix suspendus et de tableaux religieux. Le décor parfait pour un thriller angoissant écrit par Stephen King et réalisé par Stanley Kubrick.

"Il n'y avait pas de gros travaux, la maison était saine, mais tout était vieillot, c'était kitsch, quoi", résume bien Lucy. Par conséquent, nombreux étaient ceux qui étaient effrayés par la quantité de travaux à fournir pour moderniser la maison. Voyant que le bien ne se vendait pas, le propriétaire des lieux finit par baisser le prix jusqu'à 119 000 euros, avant d'accepter une ultime ristourne pour arriver à 102 000 euros, afin que le crédit immobilier de la famille soit accepté. Résultat, un vrai bon plan quand on sait que la maison fait 220 m2 avec un jardin de 350 m2 !

Un salon vieillot avant, un salon moderne aujourd'hui ! © La maison centenaire
Angoissant ? Un peu... © La maison centenaire

Une famille nombreuse qui s'épanouit dans cette grande maison

Pendant longtemps, trois familles ont cohabité dans cette maison de neuf mètres de haut, chacune ayant son propre étage pour y vivre entre le rez-de-chaussée et le second étage, ajouté en 1950. De ces trois familles ne restait donc plus que ce vieux monsieur, compagnon d'un des enfants et unique héritier de la maison, qu'il avait laissée dans son jus. Pour Lucy, c'était la maison idéale, celle qui rentrait dans son budget resserré et qui lui permettait de caser tous les enfants de sa famille recomposée : les trois grands garçons de son mari Cihan (20, 17 et 16 ans) et les deux filles qu'ils ont eues plus tard (5 et 7 ans).

Au second, les trois aînés apprécient leur autonomie, tandis que les parents et les deux benjamines partagent le premier étage. "Il y a des portes partout comme c'est une vieille maison, nous raconte Lucy. Pour l'instant, on les conserve car ça permet de bien communiquer entre toutes les pièces, pas besoin de passer par le couloir pour aller dans la chambre des filles, et quand elles jouent, on peut les voir de notre chambre."

Lorsqu'elle a commencé la rénovation et la décoration de la maison, Lucy en a profité pour créer un compte Instagram, La maison centenaire, qui documente bien sa passion pour les jolies choses et le travail bien fait. Une activité qui l'oblige à ranger la maison régulièrement, d'autant plus qu'elle doit s'occuper d'une famille nombreuse. "Il faut s'organiser, détaille-t-elle. J'ai tendance à accumuler alors que mon mari est minimaliste, on se complète ! J'adore chiner à Emmaüs ou sur Internet, même si je ne trouve pas une place pour tout." D'ailleurs, la maison manquait de rangements à l'origine, et il a fallu en fabriquer ou en acheter à profusion.

15 000 euros de budget travaux et plein de bonne volonté !

Quand le couple achète la maison en 2018, la jeune femme est enceinte et il faut donc terminer les travaux en un mois et demi pour la venue de l'heureux événement ! Un petit défi, qui sera relevé haut la main. "On a tout refait du sol au plafond, se souvient-elle, j'ai bossé même enceinte." D'abord le rez-de-chaussée et le premier étage, puis une pause avant de refaire le second étage pendant le confinement de 2020. Seul bémol, dans l'urgence de la grossesse, le couple a fait des choix économiques qu'il regrette aujourd'hui, des erreurs de jeunesse qu'il a fallu ensuite réparer au fil du temps, comme changer le sol de la salle de bains.

Côté budget et expérience, Lucy et Cihan n'avaient pas grand chose à leur actif. Un petit crédit travaux de 15 000 euros et zéro expérience ou presque. "Mon mari est électricien, c'est certain que ça nous a fait économiser des milliers d'euros, se réjouit cette ancienne serveuse dans la restauration, aujourd'hui bien occupée par son foyer et les travaux. Pour le reste, on a tout appris sur le tas, ou bien grâce à des tutos sur Internet. On n'avait jamais posé de carrelage de notre vie, il a bien fallu commencer quelque part !"

Passionnée de déco, elle a commencé par installer celle de leur ancien logement avant de réaliser que ça ne collait pas à l'esprit de la maison. "Ma déco avait un petit côté romantique shabby, et ça n'allait pas, je voulais retrouver le charme ancien de la maison, j'ai voulu retrouver ce cachet qui avait été perdu à cause de la folie des années 70". À l'époque en effet, il est d'usage de cacher les beaux parquets sous un sol en rouleaux de PVC, fixé avec une colle... compliquée à enlever. "Un enfer à rattraper, mais j'ai réussi à tout recouvrir avec du parquet flottant."

La même maison, et pourtant deux ambiances différentes. © La maison centenaire
On respire enfin avec cette atmosphère plus lumineuse, apaisante et chaleureuse. © La maison centenaire
Lucy a fait un énorme travail pour chiner ou débusquer les nombreux objets de sa déco. © La maison centenaire

Une charmante cuisine vintage pour un prix dérisoire

Pour la cuisine, le propriétaire étant parti avec ses caissons, il en fallait une neuve. Problème, le prix rédhibitoire de la plupart des cuisines (sauf la "cuisine all inclusive" de Casto à 1599 euros, mais ça n'existait pas à l'époque !), qui ne permettait pas au couple d'espérer s'offrir un tel luxe. "Je me disais qu'on n'aurait jamais de cuisine, nous confie Lucy, mais on a fini par en trouver une pas chère en Allemagne, autour de 1800 euros, c'était pratique comme c'est juste à côté de chez nous."

Autre astuce économique, Lucy s'est procuré les plaques de cuisson et le four en soldes et elle a pris des modèles d'exposition. Ce n'est pas tout, car elle a également retiré les meubles hauts pour les remplacer par des étagères faciles à installer pour y placer de la jolie vaisselle apparente, puis elle a repeint elle-même les caissons en vert. Résultat, une cuisine de maison de campagne pleine de charme !

Avant / Après dans la cuisine : même esprit vintage, mais autrement plus sympathique et actuel ! © La maison centenaire
Du vert, du bois, et juste ce qu'il faut de vaisselle pour donner de la vie à cette cuisine. © La maison centenaire

Plein d'astuces déco et travaux pour un résultat impressionnant

Cet esprit Do It Yourself, Lucy l'a décliné partout dans la maison. Exemple avec la buanderie, une ancienne pièce fonctionnelle devenue salle de jeux puis "buandressing" ! Un néologisme amusant que Lucy utilise pour décrire cette nouvelle pièce qu'elle a conçue comme un espace de rangement brut et minimaliste. Fabriqué à partir de placo et de béton ciré, le plan de travail du lavabo, qui recouvre aussi les lave-linge et sèche-linge, donne l'impression d'être en béton cellulaire, sauf qu'il a coûté moins cher ! "Tout le monde se fait avoir !" jubile Lucy.

L'ancienne pièce qui abrite aujourd'hui la "buandressing". © La maison centenaire
Du placo et du béton ciré pour un effet brut et minéral à moindre coût. © La maison centenaire
Idem pour les niches qui composent le dressing ! © La maison centenaire

Idem avec la "salle d'adeau", petit jeu de mots (le péché mignon de Lucy) pour décrire la nouvelle salle de bains des garçons au 2e étage. La jeune femme a trouvé un lavabo vintage en soldes, une vieille armoire en bois et elle a refait les murs avec de la peinture au bicarbonate pour un effet chaux des plus chics. Dans la salle de bains parentale, même esprit décliné avec un lavoir d'école et une baignoire sur pieds.

Une salle de bains vintage avec de la place pour accueillir les trois adolescents de la famille. © La maison centenaire

Avec le recul, Lucy ne regrette rien, elle n'aurait jamais rêvé posséder un jour une maison si grande en pleine ville. Pourtant, elle s'imagine bien déménager quand les enfants de son mari auront pris leur envol. "Soit on laissera le premier étage aux filles et on s'installera tout en haut, soit on trouve un logement un peu plus petit. Parce que c'est de l'entretien, une maison de 12 pièces ! La maison n'est jamais totalement propre, c'est impossible." Les travaux aussi, deviennent fatigants à la longue. "Je suis fier de ce qu'on a fait nous-mêmes, mais bon, si j'avais les moyens de faire appel à des artisans, je le ferais volontiers."

Au final, Lucy a trouvé encore mieux : Un vrai réseau de connaissances qui vient donner un coup de main ! Exemple avec la façade de la maison, qui devait être rafraîchie. Le couple a pu tout refaire gratuitement grâce à l'aide d'amis travaillant dans ce domaine, comme quoi les travaux, c'est aussi une affaire de solidarité.