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DES MARES EN TROMBE - Construire une mare dans son jardin n'est pas seulement esthétique, mais aussi écologique ! Suivez le guide.

Autrefois, les gens à la campagne n'avaient pas l'eau du robinet, mais ils avaient des mares. Certes, ils n'en buvaient pas l'eau, mais ils s'en servaient pour faire la lessive, se baigner, arroser le jardin et pour toute une pléiade d'activités artisanales.

Mais aujourd'hui, les mares se font de plus en plus rares. A cause du développement des réseaux d'eau potable sous pression, il ne resterait que 10% de mares sur tout le territoire par rapport au début du XXe siècle ! On parle malgré tout d'un chiffre d'un million de mares, dont la plupart seraient hélas abandonnées...

Dans un contexte de crise écologique et de stress hydrique, disposer d'une mare chez soi retrouve des vertus oubliées. Vertus esthétiques, car nous avons réappris à aimer les sources d'eau proches de nos lieux de vie, mais aussi vertus éducatives, ludiques et bien entendu écologiques. Alors, prêt-es... à vos mares... partez !

© 18h39.fr

Quelques questions à se poser avant d'avoir une mare chez soi

Qu'est-ce qu'une mare ?

Une mare est une étendue d'eau stagnante, naturelle et non filtrée. D'une profondeur de 2m maximum, et dont la superficie ne dépasse pas les 5 000m2, elle est alimentée par des eaux pluviales ou phréatiques, ce qui la rend sensible aux aléas climatiques (sécheresses, crues...).

A noter que les mares possèdent leur propre biodiversité grâce à la pénétration des rayons de soleil jusqu'au fond de l'eau et au développement de leur végétation.

Quelle est la différence entre une mare et un étang ? 

A vrai dire, il n'y a aucune différence officielle entre les deux, qui ont beaucoup de points communs. Une mare est simplement une étendue d'eau stagnante plus petite qu'un étang, pouvant mesurer jusqu'à 15 000 m2 de superficie et 2m de profondeur, là où un étang peut descendre jusqu'à 15-10m.

Une mare recueille essentiellement de l'eau de pluie, quand l'étang est alimenté par un cours d'eau et possède un exutoire. Elle est généralement située sur un terrain imperméable empêchant l'infiltration de l'eau dans les sols. La faible profondeur des mares et des étangs favorisent la biodiversité sur terre et dans l'eau, ainsi que le passage des rayons du soleil jusqu'au fond.

Comment construire une mare dans son jardin ?

Une mare se formera plus facilement sur un pente inclinée, mais vous pouvez aussi creuser son emplacement avec une pelleteuse. Avant toute opération, prévenez la mairie de votre commune et votre voisin de la nature des travaux.

Si les sols sont perméables et que l'eau s'infiltre trop vite dans les sols, envisagez l'installation d'une bâche étanche EPDM. Après avoir enlevé tous les éléments saillants (cailloux, racines …) qui pourraient trouer ladite bâche, tassez et lissez toute la surface. Ne creusez pas dans une tourbière pour votre sécurité, et éloignez-vous de certaines espèces d'arbres pouvant provoquer un envasement excessif.

Après deux ou trois ans, la végétation aquatique aura tendance à envahir progressivement toute la mare. Il faudra alors conserver des zones d'eau libre pour permettre un ensoleillement suffisant de la mare.
Eliminez une partie des plantes immergées et des plantes flottantes en secouant d'abord leur habitat. Cela va contraindre les animaux présents à regagner l'eau sans troubler leur petit havre de paix marécageux.

Quelles plantes aquatiques et semi-aquatiques planter dans sa mare ?

Plusieurs centaines d'espèces végétales aquatique et semi-aquatiques peuvent cohabiter autour d'une mare :

  • Les plantes des berges et des rives marécageuses (myosotis, menthes, populage, laîches …),
  • Les plantes semi-aquatiques, enracinées dans la vase, qui s'avancent au plus jusqu'à 50 cm de profondeur (roseaux, massettes, sagittaire, iris, plantain d'eau …),
  • Les plantes flottantes, dont les feuilles et les fleurs émergent à la surface de l'eau (nénuphars, lentilles d'eau, potamots …),
  • Les plantes submergées

Pourquoi créer une mare est-il bon pour l'environnement ?

Une mare a plusieurs utilités pour la biodiversité locale. Elle permet d'être une zone de reproduction, de refuge, de garde-manger pour de nombreuses espèces. Elle permet de faire tampon face aux intempéries et à la montée des eaux, sert de réserve d'eau aux pompiers dans les zones rurales, d'abreuvoir pour le bétail...

Quel emplacement pour créer sa mare ?

Il faut se renseigner en amont sur votre terrain, la topographie, les plantes présentes, la nature du sol et son inclinaison avant de choisir votre emplacement. Ainsi, on privilégiera une zone pas trop en pente pour éviter les travaux de talutage, et plutôt basse par rapport au reste du terrain pour récolter les eaux de pluie des environs. Il va sans dire qu'un terrain d'ores et déjà argileux et marécageux sera probablement idéal pour construire votre mare.

Ensuite, il faut veiller à une alimentation proche en eau : précipitation, nappes phréatiques creusées à même le sol, cours d'eau voisins par ruissellement, etc. Un emplacement loin des arbres (qui peuvent aussi gêner la construction de la mare) et bien ensoleillé vous garantira une végétation aquatique dense et riche.

Plus prosaïquement, ne la situez pas au milieu de votre jardin, la faune et la flore seront plus sensibles à des zones plus sauvages, souvent en bordures de jardin. Enfin, vérifiez en amont que vous bénéficiez d'assez d'espace pour aménager les abords de la mare, et faites attention à protéger son accès si vous avez des enfants en bas âge.

Quelles différentes espèces vivent dans une mare ?

Une mare bien constituée fait office de résidence à des centaines d'espèces différentes, sur terre comme sous l'eau. On pense bien sûr communément aux grenouilles, aux crapauds, aux libellules, à certaines variétés d'araignées ou crustacés, mais sachez que bien d'autres animaux séjournent ou passent dans les mares : les tritons, les dytiques, les salamandres, les abeilles d'eau, ou les vers y sont monnaie courante.

Certains oiseaux viennent même s'y abreuver, comme les mésanges, les canards, les hérons. C'est aussi le cas de mammifères, à l'image du putois, du rat musqué, voire du chevreuil et du renard.