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MODE-DE-VIE - Autonomie, développement durable, le survivaliste évolue et n'a plus rien à voir avec le cliché de l'hurluberlu qui se retranche en pleine nature.

Quand on évoque le survivalisme, difficile de se défaire des images de Bear Grylls, le célèbre animateur de l'émission de survie en pleine nature, Man vs. Wild, ou encore du cliché des hurluberlus retranchés dans leur bunker avec des boîtes de conserve en prévision d'une attaque extraterrestre.  

Pourtant, la réalité est toute autre. Il suffit de jeter un œil à la programmation du prochain salon du survivalisme qui ouvrira ses portes du 23 au 25 mars à Paris 2018 pour s'en rendre compte. Pour preuve, le salon a choisi d'ajouter à la notion de “survivalisme” celles “d'autonomie” et de “développement durable”.

La conférence “combat et survie en montagne” va côtoyer celles sur la permaculture ou les énergies renouvelables, signe que le survivalisme n'est pas une lubie de complotistes pessimistes.

© Salon du Survivalisme

Que deviendrons-nous si la technologie disparaissait du jour au lendemain ?

À l'origine le survivalisme est un ensemble de doctrines censées préparer à la survie en prévision d'une catastrophe. Pourquoi pas, mais laquelle ? “Le survivalisme questionne notre imaginaire, on prend conscience que demain ne sera pas forcément meilleur qu'hier”, nous explique le sociologue Bertrand Vidal, spécialiste des catastrophes et de l'imaginaire.

Il est vrai que le postulat de départ du survivalisme n'est pas franchement positif : à cause de leur perte d'espoir en l'avenir, les êtres humains se préparent au pire. “Dans les années 1960, quand on demandait aux enfants comment ils imaginaient le futur, on les entendait parler de voitures volantes. Aujourd'hui c'est l'inverse, ils parlent de fléaux, de catastrophes naturelles”, indique Bertrand Vidal.

Cette fin du mythe du progrès bouleverse nos imaginaires et interroge notre rapport au confort, que nous considérons comme acquis. Que deviendrons-nous si la technologie dont nous disposons à la maison disparaissait du jour au lendemain ? Serions-nous capables de vivre sans chauffage ni eau courante ou électricité ?

Une perception souvent caricaturale

Au-delà de la perception caricaturale que l'on véhicule assez souvent, le survivalisme est avant tout un moyen “de retrouver des savoirs perdus, de s'équiper de systèmes et de produits pour accroître son autosuffisance”, nous explique Clément Champault, l'un des fondateurs du salon du survivalisme.

L'heure est aujourd'hui au pragmatisme. Le mot d'ordre ? “L'autosuffisance”, comme nous le confirme l'organisateur de l'événement.

Un constat que partage Alban Cambe, enseignant et auteur, passionné de bushcraft (ou l'art de vivre dans les bois). Selon lui, le survivalisme existerait depuis la nuit du temps. “C'est un abus de langage. Le survivalisme c'est avant tout bricoler, être capable de réparer soi-même certains objets et faire preuve de prévoyance”, précise-t-il.

L'auteur du blog “Nature, aventure, survie” explique d'ailleurs que cet engouement pour ce mode de vie illustre notre rejet d'une société trop virtuelle et un besoin de se retourner vers des valeurs plus concrètes.

Le survivalisme permet ainsi de s'affranchir de toute forme de dépendance, d'accéder par ses propres moyens à plus d'autonomie. “La permaculture, avoir une maison à énergie positive c'est une forme de survivalisme”, ajoute-t-il.

Et d'ajouter, “la survivaliste la plus aguerrie que je connaisse c'est ma grand-mère”. On ne sait pas vous, mais on a très envie de faire sa connaissance !