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PORTRAIT - Elle a décidé de vivre une vie nomade et de porter sa maison sur son dos. Lucile nous raconte comment elle est devenue minimaliste.

Bien qu'elle n'ait jamais été une grande passionnée de shopping, Lucile, 31 ans, originaire de Bourgogne, n'a pas toujours été minimaliste.

Aujourd'hui toute sa vie tient dans une valise de 10 kilos, l'équivalent d'un tiroir de commode. Alors qu'est-ce qu'on y trouve ? “Une robe, un legging, un jean, un maillot de bain, un short, 5 t shirts, une paire de baskets de sport pour courir, une paire de bateau, une paire de sandales, un ensemble de sport, un ordinateur portable, un micro, un carnet, une casquette et une trousse d'hygiène.

Quelques années auparavant, pendant ses études à Beaune, la jeune femme se sent en décalage par rapport à celles et ceux qui sont “toujours bien habillés, hyper connectés.” Mais la révélation minimaliste vient de son désir ardent de voyager.

Une fois son BTS de tourisme en poche, la jeune femme décide de partir en Australie pendant un an avec un visa vacances travail. Elle se souvient : “J'ai passé un été à trier mes affaires, à vider ma chambre. J'ai dû me demander de quoi j'avais vraiment besoin pour vivre.

© Positivessence

“On ne se rend jamais autant compte du poids des objets qu'une fois qu'on les porte sur son dos”

Après avoir tenté de n'emporter avec elle que l'essentiel, Lucile part avec un sac de 16 kilos, un “gros sac”, comme elle dit. Une fois sur place, elle prend la décision de se séparer de certains livres, de quelques habits. “On ne se rend jamais autant compte du poids des objets qu'une fois qu'on les porte sur son dos”, ajoute-t-elle.

À son retour, son sac a perdu 5 kilos et l'envie de repartir, de devenir nomade est immédiat. “J'ai fait un choix, celui de ne plus avoir de maison fixe, mais de la porter sur moi”, justifie-t-elle. Lucile opte pour une vie différente, “loin des standards, où le voyage fait partie du quotidien.

Pour cela, il a fallu se débarrasser du superflu, réduire ses biens au strict minimum pour ne pas trop encombrer la maison de ses parents, où elle laisse les affaires qui ne voyagent pas avec elle. Dans une petite valise, elle n'a gardé que ses vêtements d'hiver pour affronter les températures bourguignonnes et une dizaine de livres, des biographies d'explorateurs essentiellement. “Je n'ai gardé que ceux qui avaient donné une valeur ajoutée à ma vie, que je pourrais relire dans 10 ou 20 ans et qui auront le même impact”, précise-t-elle.

Depuis, Lucile et son conjoint arpentent le monde grâce à des contrats de free-lance qui leurs permettent de vivre n'importe où, “tant qu'il y a une connexion internet”, précise Lucile : Brésil, Pérou, Malaisie. Le couple, actuellement en Thaïlande, occupe provisoirement des condominiums meublés ou des appartements via Airbnb.

Une philosophie de vie pour se libérer des objets

On vit de manière très slow. On veut vivre sur place comme les gens, on a notre routine très simple”, explique-t-elle. Un mode de vie “économe” que le couple ne pourrait pas assumer financièrement en France. Mais ne leurs parlez pas de radinerie !

Et d'ailleurs, à quoi cela ressemble, un couple minimaliste ? “Forcément il y a moins de bordel à la maison, ce qui veut dire moins de prise de tête pour les tâches ménagères. Le minimalisme libère de la charge mentale puisqu'il y a moins de choses à entretenir.” On devrait peut-être souffler l'idée à Emma, la dessinatrice qui avait mis en lumière ce concept !

Lucile l'affirme, depuis qu'elle s'est libérée des objets, elle se sent libre. “Le minimalisme est une philosophie de vie, qui m'a permis de savoir qui je suis et ce que je vaux. Je n'ai pas besoin des objets pour le savoir.

Pour elle, le minimalisme ce n'est pas qu'un rapport à la consommation, c'est aussi une approche psychologique et de confiance en soi. “Sans objet, on se retrouve seul face à soi-même. Or, on n'a pas besoin d'objets pour faire ce que l'on veut. Inutile de posséder un robot de cuisine pour faire une bonne recette”, explique-t-elle.

Apprendre à dire non et refuser les promotions sur les épinards

Bien qu'elle n'ait plus de maison, Lucile continue, à travers son site internet et ses podcasts ,de prodiguer ses conseils auprès de celles et ceux qui souhaiteraient adopter un style de vie plus minimal à l'intérieur de leur maison.

Selon cette passionnée, avant de se mettre à trier, “il faut freiner le flux entrant” : commencer par mettre un stop pub sur sa boîte aux lettres, faire un inventaire des choses dont on a pas besoin mais surtout refuser de recevoir les choses dont on a pas besoin. “Il faut apprendre à dire non, c'est très important”, rappelle Lucile.  

Dans un deuxième temps, la jeune femme de 31 ans recommande de prendre un carton et de cibler un endroit de la maison à désencombrer. “Dans la cuisine, on peut commencer par faire le tri dans le frigo et ne pas se jeter sur une promotion d'épinards alors que personne n'aime ça chez vous !

À l'approche de Noël, il faut tenir bon, surtout face à celles et ceux qui ne comprennent pas que l'on puisse refuser un cadeau. “Prenez les devants, expliquez que vous préférez recevoir un abonnement de cinéma, plutôt qu'un objet”, conseille-t-elle.

L'expérience avant le matériel. “On s'en souviendra toujours plus que de nos possessions”. Et la minimaliste de conclure : “nous ne sommes pas ce que l'on possède, on est beaucoup mieux.”

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