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PASSION DÉVORANTE - Fan des seventies, Laetitia n'en finit plus de parcourir les allées des brocantes. Résultat, une déco 100% vintage et multicolore.

Des tirelires, des boîtes en forme de pommes, des vierges Marie... toutes en plastique et déclinées dans toutes les couleurs. Quand Laetitia flashe sur un objet vintage, elle en recherche toutes les déclinaisons existantes. 

"Je collecte, j'empile, j'entasse. Ce n'est plus une maison, c'est un musée !", nous raconte-t-elle par téléphone, alors que l'on voyage dans le temps en scrollant le profil Instagram sur lequel elle expose sa déco. Explorer ses étagères, c'est voyager dans les années 1960 et 70, avec parfois, un petit passage par les années 1920.

Le plastique, trop polluant, pas assez durable, n'a plus tellement la cote de nos jours. Mais de toutes les matières, c'est lui que Laetitia préfère. "Celui des années 70, fabriqué en France, solide et décliné dans tous les coloris, précise-t-elle. Surtout le orange emblématique de cette décennie-là, aujourd'hui plus personne ne le fait. On le repère immédiatement dans les vide-greniers, j'adore."

Aucune raison de culpabiliser de cette passion à contre-courant : "Ce n'est vraiment pas le matériau glorieux en ce moment, mais je le sauve en fait, pour ne pas qu'il parte à la poubelle." Chez elle presque tout est d'occasion et d'époque, jusqu'à la moindre petite cuillère. Là où d'autres verraient des gadgets inutiles et passés de mode, elle contemple des trésors.

L'adrénaline de la chine

Bien sûr, on dit souvent que les collections viennent combler un manque, Laetitia en convient d'elle-même - "Je dois être quelqu'un d'assez névrosée", sourit-elle. Mais ce qu'on perçoit en discutant avec elle, c'est surtout une joie de vivre contagieuse, et un plaisir sans cesse renouvelé à dénicher puis chérir tous ces objets.

" Je crois que le plus excitant, c'est la recherche. De savoir que je peux potentiellement tomber sur LE graal… ça procure une adrénaline de dingue. C'est très hormonal de chiner, on libère de la dopamine à fond. Et quand on trouve, surtout pour quelques euros seulement... C'est tellement génial !"

Laetita, passionnée de déco vintage

Sa première collection remonte à ses huit ou dix ans, 200 tortues sont exposées dans une vitrine. Ses parents l'ont très certainement encouragée, eux qui se levaient à 5 heures du matin pour parcourir les grosses brocantes, celles qui comptaient 6 ou 700 exposants. Le bar qu'ils tenaient au début des années 80, avec flippers et jeux d'arcades, y est aussi pour beaucoup.

Il a bien fallu faire une pause arrivée à la vingtaine, quand elle a emménagé dans son premier appartement. Impossible d'y caser autre chose que des meubles standards, pas à son goût mais fonctionnels et gains de place. Petit à petit, la déco "rock n'roll et colorée" a recommencé à s'imposer. Mais c'est seulement en quittant Paris en 2016 que Laetitia a pu retrouver une surface suffisante. "J'ai pris la première location qui venait et elle faisait pas loin de 140 m2 ! Je me suis dit, ça y est, c'est bon tu peux te lâcher", se souvient-elle.

Depuis, elle est devenue propriétaire, pour pouvoir faire autant de trous aux murs qu'elle le souhaitait. Les 100 m2 de sa maison sont bien remplis, sans compter la dépendance et le garage, qui servent au stockage.

Et ça coûte cher une telle passion ? Pas tant que ça, même si Laetitia parcourt les allées d'Emmaüs et des brocantes plusieurs fois par semaine. Elle préfère la satisfaction de repartir avec un gros sac de babioles pour 20 euros, que de négocier des antiquités à prix d'or. Il n'empêche, certaines trouvailles prennent de la valeur, comme les têtes à chapeau Twiggy des années 60 - "ça coûtait 80 euros il y a 5 ans, maintenant on les trouve difficilement à moins de 200 euros." On ne gagne pas à tous les coups, attention ! "Mes parents chinaient des cafetières émaillées, raconte-t-elle. A l'époque certaines pièces coûtaient 700 ou 800 francs, aujourd'hui pour les revendre 50 euros il faut être balèze, ce n'est plus la mode."

Sur son compte Instagram de vente Laetitia propose en tout cas des petits prix. Même si cette nouvelle activité occupe une bonne partie de ses semaines – elle travaille comme attachée de presse à son compte le reste du temps, l'idée est surtout de faire de la place. La règle, en théorie, est stricte : elle s'oblige à se séparer d'un objet pour chaque nouvel arrivant. C'est à chaque fois un déchirement. Le minimalisme, ce n'est décidément pas pour elle.

Mais ses deux ados ne s'en plaignent pas. Au contraire, sa fille lui a chipé des bergers allemands en plâtre, "ultra-moche et kitsch", pour décorer sa chambre. Même son compagnon la suit dans toutes ses expéditions, alors que son truc, à la base, c'est plutôt le foot. Quand il est venu habiter chez elle, il n'a eu le droit d'emmener qu'une seule valise de vêtement, "hors de question de mettre un meuble Ikea, je ne jure que par le formica", plaisante (à moitié) Laetitia.

La chine, c'est presque une religion. Et ce n'est pas la statue grandeur nature de la Vierge Marie de la véranda qui dira le contraire, toute repeinte en rose soit-elle.