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COMMUNAUTÉ - L'association En chantier, lance un service de covoiturage alimentaire. L'idée ? Remplir une voiture dont le trajet est déjà prévu pour faire voyager les denrées à moindre coût.

A Marseille, dans le 3ème arrondissement, se dresse La Belle de Mai. Quartier populaire de la cité phocéenne, il est l'un des plus pauvres de France.

En constante mutation, notamment après l'ouverture de la friche de La Belle de Mai, de beaux projets viennent insuffler un peu d'oxygène dans ce quartier dont on parle malheureusement davantage pour ces faits divers que pour ces nouveaux élans.

Lorsque l'on passe devant le 36 de la rue Bernard, une bonne odeur de nourriture vient chatouiller les narines. A l'intérieur, ça parle fort et ça rit, mais surtout ça fourmille de bonnes idées.

Ici c'est la Cantine du midi, aux mains de l'association En chantier. Tous les midis, chacun peut venir y déjeuner pour la modique somme de 8 euros. Les cuisiniers sont bénévoles. A leurs côtés, Sonia et Cosimo, tous deux en contrats aidés qui portent et développent les projets de l'association. Le dernier en date ? Gnam Gnam Voyageur, un réseau de covoiturage alimentaire que détaille par le menu Cosimo.

Comment vous est venue cette idée de covoiturage ?

Notre démarche à la Cantine du midi essaie d'être la plus écologique possible. Nous nous fournissons chez des commerçants du quartier comme le poissonnier ou le boucher. Pour les autres produits, ils sont cultivés par des maraichers de la région et sont en majorité issus de l'agriculture biologique. Nos produits parcourent moins de 100 km pour arriver dans nos assiettes. Pourtant, quelque uns de nos produits viennent de l'étranger. Par exemple, l'huile d'olive ou le fromage arrivent d'Italie. Nous avons donc réfléchi à un moyen de les faire venir sans pour autant les faire voyager dans des camions.

Et comment cela fonctionne-t-il ?

L'idée est très simple. On profite d'une voiture dont le trajet est déjà prévu, dans la région qui nous intéresse, pour servir de moyen de transport à nos produits. Pour le moment, l'idée est en rodage uniquement pour les produits qui nous servent à la Cantine mais nous aimerions élargir le concept pour les membres de l'association afin que tout le monde puisse y participer.

Concrètement comment se passent les choses ?

Hé bien au départ, on achète les produits au producteur. Une fois qu'on l'a localisé, on se renseigne pour savoir si un véhicule part du coin et souhaiterait participer au covoiturage. Ensuite, on partage les frais du voyage avec ce conducteur. Après, il ne reste plus qu'à attendre que les produits nous arrivent !

Est-ce facile de trouver des conducteurs ?

Pour le moment, les échanges avec la Cantine se font avec des producteurs italiens donc nous avons trouvé des personnes qui font régulièrement le voyage mais nous travaillons sur la mise en ligne d'un site internet qui permettrait aux voyageurs de renseigner leurs trajets ou de répondre à une demande de voyage.  

Avez-vous d'autres projets ?

Tout à fait. Nous projetons avec la cantine de la Casa Consolat, un autre lieu associatif de Marseille, dans le quartier des Réformés, de cultiver nos propres produits pour nous approvisionner. « Terre en vue » est une sorte de groupe de recherche en maraichage collectif par lequel nous ambitionnons de prendre la main sur la production de la nourriture que nous mangeons. Avec, bien évidemment, toujours cette idée de collectif. Produire ensemble mais aussi apprendre ensemble, créer des espaces d'émancipation. Mais aussi, en un sens, veiller à ce que les terrains publics ne se fassent grignoter par le béton.