Après les inondations dans l'Audomarois, les Compagnons Bâtisseurs redonnent vie aux logements et aux liens sociaux

SOLIDARITÉ - Près de deux ans après les inondations dans l'Audomarois, certains foyers vivent encore entre humidité, murs abîmés et désillusion. Heureusement, sur place, une poignée de professionnels, bénévoles et volontaires retroussent leurs manches. L'objectif : redonner un toit, mais surtout confiance.

Depuis plus d'un an, dans l'Audomarois, certains foyers vivent encore avec les traces bien visibles des inondations de fin 2023. Face aux conséquences durables de ces catastrophes climatiques, l'association Compagnons Bâtisseurs intervient sur le terrain pour accompagner les habitants les plus vulnérables. Soutenue par la Fondation Castorama, leur action va bien au-delà des simples réparations : elle redonne confiance, forme à l'autonomie technique, et réinvente la solidarité locale. Focus sur un chantier exemplaire et sur un projet itinérant, le Bricobus, qui prépare aussi les territoires aux potentielles crises.

Dans l'Audomarois, une réponse solidaire aux inondations

Depuis plus de 60 ans, l'association Compagnons Bâtisseurs œuvre pour l'amélioration de l'habitat et la transmission de savoir-faire manuels sur la plupart des territoires de la France hexagonale et en Outre-mer. Sa vocation : permettre à chacun de vivre dans un logement digne, en l'impliquant directement dans les travaux. Enduits, peintures, isolation, réparations… les familles apprennent à faire elles-mêmes, accompagnées par des professionnels, des bénévoles ou des jeunes en service civique.

Dans les Hauts-de-France, l'association dispose depuis quelques années d'une antenne autonome, composée d'une équipe de 27 salariés, dont des animateurs techniques, véritables piliers de ces chantiers de solidarité. Ils interviennent au quotidien dans les quartiers fragilisés, aux côtés de familles souvent isolées, précaires ou en perte de confiance.

On ne fait pas les travaux à leur place, on les fait avec eux. À travers le geste, on aide les gens à se réapproprier leur logement et leur estime d'eux-mêmes.

Gaëlle David, responsable territoriale au sein des Compagnons Bâtisseurs Hauts-de-France

Une réponse humaine aux catastrophes climatiques

En 2023, dans l'Audomarois où l'eau a tout ravagé, l'association a déjà mené une dizaine de chantiers d'auto-réhabilitation accompagnée, au bénéfice de foyers souvent oubliés par les circuits classiques. Il s'agit de familles monoparentales, de personnes âgées ou de locataires précaires, parfois toujours dans l'attente d'un artisan ou d'un vrai soutien. "Certains avaient reçu un artisan, puis plus rien. D'autres avaient des devis, mais les entreprises ont déposé le bilan. Résultat : des maisons inhabitables, des murs à nu, de l'humidité à l'étage et des familles qui ne savaient plus par où commencer", nous rapporte Gaëlle David, responsable territoriale au sein des Compagnons Bâtisseurs Hauts-de-France.

"Faire, faire avec, faire ensemble", les Compagnons Bâtisseurs ne viennent par faire les travaux à la place des habitants. Avec leurs animateurs techniques, des volontaires en service civique, des habitants du quartier ou ou des bénévoles qui peuvent être par exemple des salariés en mécénat de compétences, ils accompagnent les familles pour apprendre à refaire elles-mêmes ce qui peut l'être : isolation, enduit, peinture, papier peint… À chaque étape, on progresse. On gagne en savoir-faire et en assurance.

On commence par confier des tâches simples, puis on monte en difficulté. L'objectif, c'est qu'à la fin du chantier, la famille puisse refaire seule une pièce. Et surtout, qu'elle se sente à nouveau bien chez elle.

Stéphane Hanquez, animateur technique au sein des Compagnons Bâtisseurs Hauts-de-France

C'est ainsi que Madame L. a pu refaire sa chambre, Monsieur P. a rebouché ses premiers murs, et que des habitants retrouvent peu à peu leur place dans un chez-soi trop longtemps délaissé. Un travail de fond, autant humain que technique.

Comment les chantiers sont-ils financés ?

La Fondation Castorama soutient les Compagnons Bâtisseurs sur plusieurs volets, en particulier dans leur réponse post-catastrophe. Sur le terrain, des salariés de l'enseigne sont venus prêter main-forte lors de chantiers solidaires, comme celui des Restos du Cœur de Blendecques, ou en apportant matériel, outils ou savoir-faire.

Grâce à ce partenariat, mais aussi au financement de la Fondation de France, l'association peut couvrir une très grande partie du coût des travaux, laissant ainsi un reste à charge le plus bas possible aux habitants aidés.

Ce soutien permet de combler un vide fréquent : une fois les assurances passées, plus personne n'est là pour finir le travail. Les Compagnons Bâtisseurs reprennent alors le flambeau, avec les moyens du bord mais surtout beaucoup d'ingéniosité, et parfois même un prêt d'outillage ou un don de matériaux.

Le Bricobus : une prévention itinérante et concrète face aux risques climatiques

Un outil itinérant pour agir vite et former

Le Bricobus, c'est un véhicule équipé pour intervenir dans les zones sinistrées, mais aussi pour sensibiliser les habitants aux bons gestes à adopter. Il incarne une nouvelle stratégie "d'auto-réhabilitation accompagnée" : non seulement remettre les logements en état, mais surtout outiller les habitants, techniquement et humainement, pour mieux affronter les aléas climatiques à venir.

Ce n'est pas qu'un camion de bricolage, c'est un outil d'émancipation. On transmet les bons gestes, on aide à comprendre les risques, à s'y préparer et à les atténuer.

Martin Dassieu, Directeur Développement et Innovation au sein des Compagnons Bâtisseurs

Dans les Hauts-de-France, une dizaine de chantiers pilotes en réponse aux catastrophes naturelles ont été menés avec le Bricobus. Les habitants y apprennent à isoler, réparer, poser des dispositifs d'étanchéité, installer des ventilateurs plafonniers, ou encore calfeutrer leur logement pour mieux résister aux canicules et aux inondations. Des gestes simples, mais efficaces, issus parfois de technologies anciennes, "low teck", qui ont fait leurs preuves.

Au-delà de l'intervention, il s'agit de repenser l'habitat face aux risques climatiques : vagues de chaleur, inondations, tempêtes, incendies, etc. Une démarche solidaire, ancrée localement, qui pourrait bien devenir une référence nationale.

Pour en savoir plus sur le fonctionnement du Bricobus, découvrez notre article dédié juste ici.