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ÉNERGIE - Selon La Fabrique Écologique, la précarité énergétique concerne près de 4 millions de ménages français. Cette association propose des pistes pour enrayer ce phénomène.

L'Observatoire national de la précarité énergétique a démontré dans un rapport d'octobre 2014, que les logements français sont particulièrement exposés à l'inflation des prix de l'énergie, qui entraîne certains ménages dans des situations de précarité énergétique.

La Fabrique Écologique, fondation qui élabore des propositions concrètes, tant en matière d'écologie que de développement durable, s'est emparée de la question en publiant une note, qui dresse un bilan de la précarité énergétique et définit des priorités pour tenter d'en venir à bout. 

Géraud Guibert, conseiller maître à la Cour des comptes et président de ce think tank, nous expose ces pistes envisagées pour lutter contre la précarité énergétique.

Quelle est la situation actuelle en terme de précarité énergique ?

Lorsque l'on dresse un bilan de la situation de la précarité énergétique en France on peut soulever trois grands points.

Le premier est qu'il y a une tendance générale à la hausse des prix de l'énergie, notamment pour l'électricité et le gaz.

Le deuxième est qu'une partie du parc de logement n'est pas aux normes en matière d'énergie. Les habitants ont donc du mal à chauffer leur espace dans la mesure où il y a beaucoup de déperdition d'énergie.

Enfin, le dernier point est que les revenus des ménages n'augmentent pas. Le poids des dépenses a tendance à augmenter tandis que leurs revenus stagnent. Ce qui pose donc une vraie difficulté à faire face à ses dépenses énergétiques.

Comment définir la précarité énergétique ?

Il faudrait voir large et inclure dans la précarité énergétique la question de la mobilité. De plus en plus des gens s'éloignent des villes, et doivent donc se déplacer pour aller sur leur lieu de travail, ce qui occasionne aussi des frais. Mais notre rapport s'intéresse davantage au logement.

Notre base est le taux d'effort des ménages, c'est-à-dire le pourcentage du revenu dédié aux dépenses énergétiques. Au-delà de 10 % nous estimons que les personnes sont en situation de précarité énergétique. Aujourd'hui, environ 3,8 millions de ménages sont concernés.

Mais dans notre note, nous évoquons aussi les personnes qui sont encore au-delà de ces seuils. Ceux qui ne vont pas pouvoir supporter les dépenses énergétiques et qui ne vont pas chauffer leur logement par exemple, ce qui peut occasionner de graves risques sanitaires.

Si le problème est plutôt bien traité dans le logement social, il y a encore du travail du côté des copropriétés privées ou des bailleurs. Ce sont sur ces personnes en grande situation de pauvreté énergétique qu'il faut centrer les dispositifs d'aides.

Quelles sont pour vous les solutions pour lutter contre cette précarité ?

Il faut dans un premier temps distinguer ce qui relève de l'aide au revenu et de l'aide à la rénovation. Pour nous, cette dernière est plus intéressante dans la mesure où elle règle le problème une fois pour toute et a un meilleur impact sur l'environnement.

L'aide au revenu permet de payer des factures, mais celles-ci restent très élevées à cause d'un défaut d'isolation par exemple. Pourtant, la majorité des aides distribuées actuellement sont des aides au revenu.

Nous essayons dans le cadre du programme Habiter mieux de développer trois éléments qui nous semblent primordiaux :

  • Développer une accompagnement spécifique pour les personnes en situation de pauvreté énergétique afin de pouvoir convenablement négocier avec les propriétaires. Quelqu'un doit pouvoir les accompagner. 
  • Initier des démarches auprès des propriétaires qui n'ont pas les moyens de réaliser des travaux. On peut, en cumulant les aides, obtenir un financement proche des 100%.
  • Actuellement, les programmes de rénovation imposent un certain volume. Nous aimerions que ces travaux puissent être réalisés par étapes. Débuter avec des travaux de base, pour ne pas que les gens se sentent débordés ou incapables de faire face financièrement.

 

 

Quels sont les petits gestes que l'on peut d'ores et déjà faire chez soi ?

On peut agir sur plusieurs facteurs :

  • Les types de chauffage : d'abord se débarrasser des convecteurs électriques. Ainsi, dans le cas de l'électrique, on peut avoir recours à des panneaux rayonnants ou des chauffages à inertie (bain d'huile).
  • Les parois froides : la solution technique habituelle est le remplacement pur et simple de la fenêtre, mais ce n'est pas toujours financièrement possible. On pourra ajouter une plaque de polycarbonate 10 afin de couper le rayonnement froid. Les doubles-rideaux isolants sont également préconisés. 
  • La ventilation : couplée à l'aération, s'avère nécessaire pour réguler le taux d'humidité. Un air plus sec est plus facile et rapide à chauffer.
  • La séparation des pièces de vie : la vitesse de circulation de l'air est l'un des paramètres qui joue le plus sur le confort ressenti par les personnes. La pose de matériel permettant de couper les courants d'air sous les portes, ou même de parois amovibles et saisonnières en matériau léger et maniable, type plaque de polycarbonate ou rideaux, a toute sa pertinence.
  • Le remplacement éventuel des équipements relatifs à l'eau chaude sanitaire, en cas de vétusté ou de surdimensionnement évident (par exemple un ballon de 150 litres pour une personne seule, alors que 50 litres suffiraient).

 

 

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