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ASSOCIATION - Les Compagnons Bâtisseurs multiplient ces camions-ateliers pour lutter contre le mal-logement à la campagne. 

Se lancer dans le bricolage, la meilleure façon d'améliorer son logement ? Et aussi de prendre confiance en soi. Chez 18h39, nous en sommes convaincus. C'est pourquoi la démarche des Compagnons bâtisseurs nous parle autant.

Cette association, créée il y a déjà 64 ans, aide les personnes en situation de précarité à réaliser des travaux chez elles, en leur offrant une formation (et en les aidant à financer ce chantier). 

Depuis quelques années, elle intervient aussi dans les milieux ruraux, grâce aux Bricobus, des ateliers nomades. La Fondation Castorama soutient financièrement ce projet depuis janvier 2021 et des salariés de la marque interviennent également bénévolement sur certains chantiers. 

Nous avons voulu en savoir plus, à travers un entretien avec Suzanne de Cheveigné, présidente des Compagnons Bâtisseurs. 

Les Compagnons Bâtisseurs arment les habitants contre le mal-logement

18h39 : Votre principal mode d'action est l'auto-réhabilitation accompagnée, en quoi cela consiste-t-il ? 

Suzanne de Cheveigné : On accompagne les personnes pour améliorer leur logement. Cela peut être un coup de peinture, aménager un coin de travail pour un enfant, ou encore la rénovation énergétique de tout le logement. Le principe, c'est que l'on transmet nos techniques aux personnes que l'on accompagne. Quand on s'en va, elles savent peindre, poser de l'isolant, etc. On a amélioré le logement mais surtout, on a montré à ses habitants qu'ils sont capables de faire des choses par eux-mêmes. Donner le pouvoir d'agir, c'est central, c'est presque le plus important. 

Cela fait partie de nos objectifs que les habitants soient acteurs, que ce projet soit le leur. Souvent, nous les emmenons choisir la peinture ou les matériaux en magasin. Et s'ils veulent poser des étagères à tel ou tel endroit, on suit leurs envies.

Les réactions que l'on a à la fin d'un chantier, c'est très souvent de la surprise et de la fierté  : “Ah, moi je suis capable de faire ça !”. Et puis, bien sûr, la satisfaction d'avoir un logement de meilleure qualité. Par exemple, les enfants qui peuvent de nouveau recevoir leurs petits camarades. La qualité de vie au sens large est beaucoup améliorée. 

18h39 : Vous développez aussi désormais les Bricobus, à quelles problématiques répondent ces camions ? 

Suzanne de Cheveigné : C'est une très jolie histoire ! Les Compagnons bâtisseurs sont présents dans presque toutes les régions, à travers des associations régionales autonomes. Celle de la région Centre-Val de Loire a eu l'idée de rendre mobiles les ateliers de quartier que l'on organisait déjà au pied des immeubles, soit pour aller dans un quartier voisin, quand les habitants ne viennent pas d'eux-mêmes, soit en milieu rural. 

L'idée est d'aller chez les gens avec un camion qui sert de base d'intervention dans un logement, ou de base pour un atelier collectif ou du prêt d'outil. Le premier Bricobus était un camion de pompier réformé. Aujourd'hui, nous avons une vingtaine de Bricobus, et nous avons le projet de doubler encore ce nombre d'ici un an. 

Les Compagnons Bâtisseurs en quelques chiffres


14 antennes dont 4 en Outre-Mer

En 2020, malgré le contexte difficile avec l'épidémie de Covid-19, il y a eu : 3121 interventions dans des logements, 3500 animations collectives (informations sur le bricolage, sur le droit des locataires…), 2180 outils prêtés. 

Essaimage des Bricobus : début 2021, on en comptait 19 dans 9 régions ; début 2022, 28 dans 11 régions. 

18h39 : Pourquoi est-ce important de pouvoir intervenir aussi en milieu rural ? 

Suzanne de Cheveigné : Le mal-logement y est beaucoup moins visible, et les gens peuvent être isolés, avec le coût de l'essence et de la voiture. Quand on arrive quelque part, des voisins vont pouvoir venir voir, ces personnes vont discuter entre elles et avec un peu de chance, elles vont continuer à travailler ensemble par la suite. On arrive à susciter des actions collectives. 

18h39 : Comment sont financés les chantiers ? 

Suzanne de Cheveigné : Cela dépend du type d'intervention. Les bailleurs sociaux financent une partie, cela peut être aussi le département ou la région. Sur des interventions plus importantes, de lutte contre la précarité énergétique, nous sollicitons les différentes aides publiques, de l'Anah (Agence nationale de l'habitat) ou encore de la Fondation Abbé Pierre. Les habitants contribuent aussi pour l'achat des matériaux à hauteur de 10 %. 

Comment bénéficier d'un accompagnement pour votre chantier ?


Les Compagnons bâtisseurs accompagnent des personnes en situation de précarité, notamment après avoir été sollicités par des travailleurs sociaux ou un bailleur social. Le prêt d'outil est ouvert à tous-tes. 

Si vous êtes en difficulté financière et vivez dans un logement inadapté, dégradé ou mal isolé, vous pouvez vous rapprocher des Compagnons Bâtisseurs les plus proches de chez vous ou consulter la carte du réseau RéPAAR (à la fin de cette page) pour trouver une autre structure succeptible de vous accompagner.