Emmanuel Chirache - Publié le 23 juin 2019
MAISON PLUS ÉCOLO - En Gironde, vous pourrez candidater pour vivre dans une immense villa écolo. Le but ? Expérimenter les modes de vie et de construction du futur.
Il pleut à torrent ce 5 juin 2019, quand la première pierre de la villa Shamengo est posée à Bordeaux. Certains veulent y voir un signe optimiste, comme un déluge divin venu baptiser son arche destinée à sauver l'humanité. D'autres citent plus prosaïquement l'expression "mariage pluvieux, mariage heureux" (à tort, car c'est "plus vieux" qu'il faut dire).
Une chose est certaine : le projet est unique au monde. Pendant plusieurs années, des volontaires des quatre coins de France et de la planète pourront tester des innovations écolos, des énergies alternatives, une économie circulaire, ou encore des objets connectés dans cette maison de 1200 m2, dont 600 m² de serres.
Catherine Berthillier, cheffe charismatique du projet
Une sorte de "Loft Story" écolo, car l'expérience aura lieu sous le regard de caméras installées pour immortaliser les impressions des candidats. Il faut dire que la cheffe charismatique du projet, Catherine Berthillier, est journaliste et grande reporter, elle connaît l'importance de l'image pour convaincre la population... et les investisseurs.
C'est en parcourant la planète que cette idée de villa un peu spéciale lui est apparue. La journaliste estime avoir ramené dans ses bagages 150 innovations glanées partout dans le monde, un peu à la manière du tour du monde des low tech de Corentin de Chatelperron. Toutes ces innovations seront testées dans la villa Shamengo à partir de 2020, mais pas seulement.
La villa Shamengo en chiffres :
- 20 futurs participants, 5 locaux, 5 nationaux, 5 européens, 5 venus de l'étranger
- 1200 m2, dont 600 m2 de serres
- 150 innovations testées
- 5 méthodes de construction expérimentées
- 1 école, 1 laboratoire, 1 table d'hôtes ouverte au public
La construction même prendra la forme d'un chantier collaboratif fondé sur des méthodes alternatives, avec par exemple une cuisine en béton végétal signée Modulem, des bureaux plateaux télé en ossature bois par Suteki, une maison en carton recyclé fabriquée par Bat'Ipac ou encore des dortoirs en pièces de bois créés par Brickawood.
Des partenaires financiers importants mais exigeants
Ajoutez à cela une serre bioclimatique, et vous obtenez un chantier dantesque, qui nécessite des investissements colossaux. C'est pourquoi Shamengo a fait appel à des partenaires qui pèsent, visez un peu : BNP Paribas, Eiffage, SNCF réseaux et Immobilière 3F, tous séduits par l'enthousiasme et le grain de folie de Catherine Berthillier. Celle-ci les rassure pendant l'ouverture : "On est un peu fêlés, mais les fêlés laissent passer la lumière !"
A côté de ces mastodontes, quelques bénévoles et une "communauté" (on ne sait pas exactement à quoi le terme fait allusion) de 10 000 membres essaieront de concrétiser cette utopie. "Il faudra faire plus qu'essayer", souligne toutefois le patron de BNP présent ce jour-là, "car les attentes sont immenses et les délais très serrés."
La villa Shamengo devrait être achevée en juin 2020 sur la rive droite de Bordeaux, même si des volontaires pourront sans doute y résider avant cette date. "On aimerait bien commencer vite, s'impatiente Catherine, on met des sacs de couchage dans la serre et hop, on filme !" À terme, le public sera invité à tester les objets présentés, à participer à des ateliers, à se détendre ou à se restaurer sur place. Beaucoup de promesses, en espérant qu'elles n'engagent pas que ceux qui vont y croire, comme dit l'adage.