Emmanuel Chirache et Lisa Hör - Publié le 16 septembre 2022
SANS VERS ET CONTRE TOUT - Le bokashi composte les déchets organiques grâce à des micro-organismes, une solution plus simple et pratique quand on vit en ville.
Le compostage en appartement, c'est "niet" pour beaucoup d'écolos. La raison principale ? C'est compliqué, ça sent mauvais et ça implique souvent d'employer des vers pour manger les déchets organiques, pas forcément ragoutant pour certains. Pourtant, il existe une solution venue tout droit du Japon, censée régler tous ces problèmes : le bokashi !
Puisque nous aimons vérifier nous-mêmes les informations chez 18h39, nous avons décidé de tester un composteur bokashi de chez Hozelock, une société spécialisée depuis 60 ans dans le matériel de jardinage. Il coûte 69,90€ chez Castorama, un prix non négligeable, mais qui se justifie pour un produit durable et écologique. Avec lui, vos déchets sont déshydratés en 14 jours, prêts à être remis au compost collectif.
Comment se servir d'un bokashi ?
Première impression quand notre journaliste Lisa reçoit le colis : le carton est super gros ! Cela dit, pas de place perdue à l'intérieur du carton, contrairement aux colis que l'on reçoit souvent par la Poste, car il est pile à la taille du seau. Et ce n'est pas si mal d'avoir un grand seau à disposition, même s'il prendra plus de place dans la cuisine que prévu, "car on a pas mal d'épluchures chaque jour (puisqu'on est écolo, on vous l'a dit !)", confie Lisa.
En revanche, quand on ouvre le carton... il faut se pincer le nez ! "Les micro-organismes ont une odeur très particulière que je n'ai jamais sentie ailleurs... alors même que le sac est fermé, ça a bien embaumé l'intérieur du carton. Résultat, je remets à plus tard l'installation parce que j'hésite à ouvrir ce sac d'activateur de compost". Aïe, Lisa, un peu de courage, tu dois tester le bokashi, quitte à souffrir un peu !
Finalement, notre journaliste surmonte ses craintes et se prépare pour les premières manipulations, qui sont simples, rapides et bien expliqués dans le livret : saupoudrer 20 mL d'activateur de compost, couper les déchets en petits morceaux pour accélérer la décomposition, les placer dans le seau, enlever les bulles d'air avec l'outil à tasser, et ajouter encore 20 mL d'activateur.
Le bokashi est-il vraiment inodore ?
"Je me décide à l'ouvrir à l'extérieur de chez moi, de crainte que l'odeur ne se répande dans tout l'appartement... se souvient Lisa. Et finalement, ça va, ce n'est pas une odeur agréable mais on s'habitue, elle n'est pas si forte que ça finalement." Petite réserve : le sac n'est pas pratique à ouvrir, et il n'y a pas de zip pour le maintenir fermé une fois qu'on a pris une dose de micro-organismes. "J'ai peur que ça se renverse alors je coupe un coin, je referme avec du scotch et je mets le tout dans un sac poubelle au cas où (un peu aussi pour bloquer l'odeur)."
Mais ça va être pénible à manipuler à chaque fois. Lisa se met à rêver : Dans l'idéal, il faudrait un seau étanche rien que pour les micro-organismes. Cela permettrait aussi de racheter les micro-organismes en vrac, on viendrait remplir le seau tous les quelques mois en magasin... "Le seau prend de la place et il ne passe pas par-dessus nos poubelles de tri sous l'évier. Pas grave, on l'installe dans l'entrée près de notre bac à chaussures. Mettre les épluchures et saupoudrer est assez ludique, j"imagine bien faire ça avec des enfants."
De l'engrais pour les plantes de la maison
À l'usage, ce qui est le plus contraignant c'est de sortir le sac de micro-organismes de son sac poubelle, de l'ouvrir, d'en prélever 20 mL sans en mettre partout, puis de bien tout refermer et ranger. "Pour limiter les manipulations, nous explique Lisa, je collecte les épluchures dans un bol au fil de la journée, et une fois la journée terminée, je mets tout en une fois dans le Bokashi. Faisable au printemps, moins l'été avec les mouches."
Au fil des jours, le bokashi se remplit petit à petit. Au bout de 3 à 5 jours, il est possible de récolter le jus pour faire de l'engrais que vous pouvez utiliser pour les plantes de la maison et du balcon. "Si l'odeur du sac d'activateur me gênait un peu au début, reconnaît la journaliste, finalement elle n'est pas si forte et reste sagement sous l'évier ou j'ai rangé le sac. Le seau, lui, ne sent absolument rien." D'ailleurs, à son retour de vacances, Lisa ne constate aucune mauvaise odeur alors qu'elle est partie plusieurs semaines. C'est aussi mieux qu'un lombricomposteur : pas de vers qui risquent de mourir.
Que faire de tous les déchets qui n'ont pas disparu ?
Au début, Lisa n'avait pas bien compris que le délai pour récupérer le jus du bokashi n'était pas une recommandation, mais bien une obligation ! Sans quoi vous allez vous retrouvez avec beaucoup de liquide, et des déchets pas assez déshydratés. C'est aussi ce qui vous garantit que l'odeur sera moins incommodante. Normalement, quand le jus sort du robinet, il doit avoir une odeur douce de vinaigre. Rappelons que pour fabriquer ensuite l'engrais, il faut diluer 10 mL de jus dans 1 L d'eau.
Reste une question : Que faire des tous les déchets qui n'ont pas disparu ? Vous pouvez soit les enterrer dans le jardin (il est conseillé de creuser une petite tranchée), soit les verser dans un composteur extérieur, pour enrichir le compost. Lisa n'ayant pas de jardin, elle va les jeter dans la poubelle de bio-déchets en bas de son immeuble.
Verdict de Lisa : "Facile d'utilisation, le bokashi reste malgré tout une petite contrainte chaque jour. Mais pas tellement plus que de mettre ses bio-déchets de côté et de les mettre au compost, ou dans la poubelle adéqute. Et c'est très satisfaisant ! La poubelle normale est aussi très allégée. J'aime aussi me dire que mon engrais va nourrir mes plantes gratuitement, que je réalise un cercle vertueux à la maison."