Adèle Ponticelli - Publié le 30 novembre 2016
UPCYCLING - Selon ce collectif, le design favorisera l'adoption des objets issus du réemploi par le plus grand nombre. Un bon point pour l'écologie !
Ce sont trois jeunes designers qui ont envie de changer les choses dans le milieu de la création. Camille Chardayre, Amandine Langlois et Jérémie Triaire, ont misé sur le réemploi. Autrement dit, de donner une seconde vie à un meuble ou un objet en le transformant, sans passer par la case recyclage.
Ils ont entre 28 et 30 ans et forment, à eux trois, le Collectif Prémices. Incubés aux Ateliers de Paris depuis 3 ans, ils se sont notamment fait connaître en réalisant la signalétique de la Nuit blanche 2016 à Paris, en réutilisant le bois d'anciennes caisses de transport de tableaux (les tableaux sont transportés dans des caisses sur-mesure, qui ne sont jamais réutilisées).
Camille Chardayre et Jérémie Triaire, nous en disent plus sur leur démarche.
Qu'est-ce qui vous a mené vers l'upcycling ?
J : Lorsque nous travaillons sur la scénographie d'une exposition, à la fin du projet, tout ce qu'on a produit est jeté. Cela nous a amené à questionner l'ensemble de nos projets à travers le prisme de l'économie circulaire : comment penser le cycle des matériaux qu'on va intégrer à nos projets ? (Ndlr : et éviter que tout parte à la poubelle à la fin).
Ce qui vous a amené à créer les ateliers Chutes libres...
J : Ces ateliers, soutenus par l'Ademe, se déploient dans les musées. Les chutes de bois issus des scénographies des expositions temporaires sont transformées en meubles. Les participants à l'atelier repartent ensuite avec leur meuble sous le bras.
Qu'est-ce que le design peut apporter au réemploi et à l'upcycling ?
C : Le réemploi est souvent perçu comme quelque chose de pas cher et pas très beau. On ne pense pas à un bel objet. Avec le design, on privilégie l'esthétique et la fonctionnalité, comme pour n'importe quel objet classique.
J : On a créé un claustra avec des skis réemployés, les personnes n'ont pas vu qu'il s'agissait de skis, ce n'était pas ostentatoire.
C : C'est comme cela que l'objet issu du réemploi sera accepté. Quand on en fait un soi-même, il ne faut pas hésiter à ajouter un petit élément neuf à l'objet pour lui donner une nouvelle identité.
Récemment, vous avez aussi réalisé un workshop en partenariat avec Emmaüs Défi, en quoi cela s'intègre à votre démarche ?
J : Lors du workshop, on a montré [à des participants créateurs professionnels] comment le design peut intervenir pour transformer un objet. Ils ont ensuite produit, comme nous l'avions fait en amont, une série de petits prototypes avec des ressources constituées par les objets régulièrement jetés, ou qui trouvent difficilement acquéreur.
Par exemple : du bois de façade de meubles détériorés, qui ne sont pas réparables ou sont invendables, des gros buffets, des petites tables à roulettes, de la vaisselle dépareillée, des petits tupperwares, des vêtements...
Les vêtements se recyclent bien pourtant ?
C : Si on peut réemployer les choses avant de les recycler, il faut le faire. C'est mieux en terme d'énergie utilisée. Il ne faut pas partir de l'idée que tout doit être recyclé. L'objet peut avoir une seconde vie avant d'en avoir une troisième.
Découvrez les créations réalisées lors du workshop :
Les pancartes de l'événement sont elle aussi issues du réemploi.
© Matthieu GAUCHET
Les participant.e.s choisissent les matériaux récup' provenant d'Emmaüs Défi.
© Matthieu GAUCHET
Les participant.e.s en plein travail de création.
© Matthieu GAUCHET
Une lampe avec un moule à charlotte et un panier vapeur.
© Matthieu GAUCHET
À gauche, des petits meubles réalisés avec des tiroirs. À droite, des étagères en lattes de sommier.
© Matthieu GAUCHET
À gauche, des assises de chaise refaite avec des anneaux de rideau et du jean. À droite, un cheval à bascule en latte de sommier.
© Matthieu GAUCHET
Des petites lampes récup'
© Matthieu GAUCHET
À gauche, un tapis de pique-nique avec coussin intégré. À droite, une lampe avec des petits jouets en plastiques récupérés.
© Matthieu GAUCHET
Des lampes à base de moules à gâteau de store vénitiens.
© Matthieu GAUCHET
À gauche, des rangement à chaussures fait avec d'anciennes ceintures. À droite, une lampe dont l'abat-jour est fait de lamelles de store en métal.
© Matthieu GAUCHET
À gauche, un siège avec une assise en écharpe. À droite, une lampe en lattes de sommier.
© Matthieu GAUCHET
Comment faire pour que plus d'objets et de meuble soient créés dans une logique de réemploi ?
J : Il y a un vrai manque de communication entre le monde des déchets et celui des concepteurs. Ces derniers ont des besoins de matériaux, mais n'ont pas de visibilité sur ceux qui sont effectivement disponibles.
Pour rendre visibles ces matériaux aux professionnels, nous réfléchissons à une plateforme web qui ferait se rencontrer les concepteurs et les détenteurs de ressources. Il y a une forte demande des deux côtés, notamment des ressourceries qui jettent trop à regret.
Infos => en savoir plus sur les Ateliers Chutes Libres
À retenir
- Il vaut mieux réemployer que recycler.
- Pour que les objets issus du réemploi soient acceptés, il faut soigner leur design, voire que les objets réemployés passent inaperçus.
- Quand on crée un objet soi-même, ne pas hésiter à ajouter un élément neuf pour lui donner une nouvelle identité.