Lisa Hör - Publié le 27 octobre 2020
CHANGER DE VIE – Karin et ses deux enfants étaient les premiers à vivre dans une tiny house en Suisse. Depuis, la famille s'est agrandie et ils ont déménagé.
En 2016, Karin nous partageait son quotidien dans une mini-maison de 20 m2, avec ses deux enfants alors âgées de 9 et 11 ans. Elle était la toute première à tenter l'aventure de la vie en tiny house en Suisse. La jeune femme venait de quitter un appartement de 100 m² et entendait bien montrer que la vie dans cet habitat léger et nomade n'était pas réservée aux célibataires ou aux couples sans enfant.
La vie en famille dans cet espace réduit était pleine de bonne humeur. Karin nous racontait dans notre précédent article que partager une seule pièce n'entraînait pas plus de disputes, au contraire ! Cela obligeait à communiquer davantage pour aplanir les petites tensions du quotidien.
4 ans plus tard, nous avons voulu prendre de leurs nouvelles. Il y a eu du changement : la famille s'est agrandie et elle est retournée vivre en appartement ! Voici le bilan de leur expérience en tiny house.
Deux hivers en tiny house : la chaleur de la vie en communauté
La dernière fois que nous avions discuté avec Karin, elle avait dû quitter la commune de Saubraz, en Suisse, la mairie lui refusant de stationner sa maison sur roues durablement. Elle avait donc attelé sa tiny-house, montée sur une remorque, à sa voiture et roulé jusqu'à un camping, « dans un cadre magnifique ».
La solution de secours s'est révélée être un havre de paix : la famille ne devait rester que quelques mois, elle y a passé deux hivers. « C'était génial !, s'exclame Karin. C'était vraiment bien d'être entourés de gens qui étaient dans le même esprit. Le premier hiver, il n'y avait que moi et un jeune homme en yourte, mais on a donné l'impulsion. Les propriétaires ont voulu avoir d'autres résidents à l'année. Maintenant, il y a 17 personnes qui vivent dans le camping, avec un jardin partagé. »
"Quand je suis tombée enceinte, on a vu que ce serait difficile de vivre à 5 dans un espace si petit"
Et la vie dans la tiny ? « J'ai adoré, s'il n'y avait que moi, je continuerais à y vivre. » Au début, les enfants ont beaucoup profité de cette petite maison qui ressemble à une cabane, avec chacun leur mezzanine de 4 m2. Mais son fils aîné, en grandissant, commençait à se sentir à l'étroit et avait besoin de plus d'intimité. Il passait plus de temps chez son père, et ne venait plus qu'en visite le week-end dans la mini-maison.
Et puis, fin 2017, Karin a rencontré un nouveau compagnon avec qui ils ont décidé d'avoir un nouvel enfant. « Quand je suis tombée enceinte, on a bien vu que ce serait difficile de vivre à 5 dans un espace si petit, avec un bébé en plus », raconte Karin. Elle a donc décidé de retourner en appartement : « J'étais très triste mais c'était le mieux pour les enfants. Je me suis fait la réflexion que c'était seulement pour un moment, pour la famille. »
Les enfants ont eu chacun leur chambre, l'appartement faisant 80 m2 : « C'était énorme ! Je faisais des kilomètres dans la maison, je n'avais plus l'habitude ! », plaisante Karin. Il y a aussi eu des bons côtés à retrouver le confort d'un logement classique, car la tiny house n'était pas raccordée à l'eau courante. Pas besoin, puisque tout le monde pouvait prendre des douches dans les sanitaires du camping.
« J'ai déménagé à 8 mois de grossesse, pouvoir prendre un bain, ne pas sortir dans le froid pour aller prendre sa douche, c'était quand même sympa ! », se souvient la jeune maman.
Acheter une yourte dans quelques années pour son confort
Lorsqu'elle s'est séparée de son nouveau compagnon, Karin a déménagé encore une fois, avec ses trois enfants... pour un deuxième appartement. Aurait-elle changé d'avis sur la vie en tiny house ? Pas forcément, à quelques nuances près. D'après son expérience, cela ne pose pas de souci avec des enfants, mais c'est forcément plus difficile à l'adolescence. Sa fille et son fils aînés ne sont pas pour autant fermés à l'idée de retourner vivre dans une tiny house, plus tard, si chacun a son petit espace.
En revanche, Karin n'a pas été convaincue par l'aspect nomade de la maison sur remorque. Elle l'avait choisie pour se déplacer régulièrement, mais s'est heurtée aux mairies qui n'autorisent pas facilement le stationnement en Suisse. Si elle garde l'envie de vivre dans un habitat alternatif, elle envisage d'acheter plutôt une yourte, « pour sa rondeur », plus confortable.
« Ce qui me manque, c'est de vivre simplement, d'être indépendante, de ne pas devoir travailler énormément pour payer le loyer. Et aussi le style de vie, proche de la nature. Je pense à retourner dans une sorte de communauté. » Son ancienne tiny house est toujours au camping. Elle l'a revendue à une femme dont « c'était le rêve. » D'ailleurs, celle-ci y a vécu un temps avec son fils, qui, à 22 ans, a ensuite emménagé dans une yourte juste à côté !