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RÉNOVATION ÉCOLO - Anatomie d'Architecture, un collectif d'architectes innovants, s'est appuyé sur la culture et les savoir-faire du territoire pour expérimenter de nouvelles manières de construire au sein d'un chantier expérimental dans l'Orne.

Tout au long de sa résidence au cœur de la Normandie, Anatomies d'Architecture a souhaité faire découvrir l'usage des matériaux locaux et de la low tech dans la rénovation. Cette SCOP (société coopérative de coopérative de production) met en place des formations d'accompagnement à l'auto-construction, en plus de ses missions d'architecture. « La SCOP se compose de trois architectes et d'un anthropologue et notre objectif, en plus de l'aspect rénovation, est de créer du contenus grand public sur les questions liées aux matériaux naturels », nous explique Emmanuel Stern, anthropologue chez Anatomie d'Architecture.

« À l'origine il s'agissait d'un projet de recherche, on crée d'ailleurs des expos, des conférences, des ateliers… en nous intéressant de près à l'habitat écologique ». Accompagnés par Territoires pionniers, membre du réseau des Maisons de l'Architecture, les architectes ont alors bénéficié en 2022 d'une résidence, soutenue par le ministère de la culture (DRAC de Normandie), au Sap-en-Auge, dans l'Orne.

Inauguration Juillet 2022 ©Olivier Sabatier

Valoriser la transmission des savoir-faire

Depuis début 2022, la coopérative s'est concentrée sur la rénovation du Costil, à Sap-en-Auge un chantier expérimental réalisé intégralement à partir de matériaux locaux et qui ont un impact minime sur l'environnement. « Les constructions conventionnelles impliquent l'utilisation de matériaux très polluants comme le ciment, les parpaings ou encore la laine de verre. Ils peuvent tout à fait être remplacés par des matériaux low tech. La laine de verre - efficace l'hiver pour nous protéger du froid mais pas du tout l'été pour nous protéger de la chaleur - peut, par exemple, être remplacée par de nombreux déchets issus de l'agriculture : paille de blé, de riz, de lavande, aussi le liège des forêts », rappelle Emmanuel Stern.

©Olivier Sabatier
Projection terre - chanvre

Au Sap-en-Auge, il s'agissait de coordonner un grand chantier d'extension du domaine du Costil qui comprend un château et une longère. Jalonné d'ateliers participatifs, ce chantier de rénovation expérimental a mêlé savoir-faire traditionnels, low tech et matériaux naturels, pour aboutir à la création d'un lieu de transmission autour des techniques de construction écologiques.

« Sur un chantier, l'idée est de commencer par poser un diagnostic des ruines : savoir quels murs nous allons conserver et ceux que nous allons faire tomber… Ce diagnostic est couplé avec une analyse territoriale des ressources disponibles : on se documente sur ce qui a été fait dans cette région-là dans le passé », ajoute l'anthropologue. « On a notamment utilisé une projection "terre – chanvre" pour fabriquer un correcteur thermique, voire une isolation, très efficace au sein de bâtiments anciens qui ont besoin de "respirer". On retrouve également la brique du pays d'Auge, qu'on ne va pas chercher au-delà d'un rayon de 150 km ».

Ainsi, ce chantier, qui s'est voulu le plus ouvert possible, a attiré pendant toute l'année, les proches habitants, chercheurs, architectes et médiateur en créant des opportunités de transmission des savoirs pour une construction plus respectueuse de l'environnement.

©Olivier Sabatier
Briqueterie
©Olivier Sabatier
Chantier École - Quenouilles

Vers une culture commune de la construction écologique

Le 2 juillet 2022 avait lieu le vernissage de l'exposition « Le tour des matériaux d'une maison écologique », une exposition pédagogique où la construction écologique présentée selon une nouvelle approche à destination du grand public. À l'horizon d'une transition écologique qui s'impose aujourd'hui, cette SCOP est un bel exemple d'innovation territoriale qui devrait induire de nouvelles façons de penser et de faire en architecture.

©Olivier Sabatier
Chantier École - Quenouilles