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CECI EST UN SCOOP - Dans la lignée des maisons de hobbit ou des maisons bulles d'Antti Lovag, un jeune ingénieur et architecte lance un concept de maison bioclimatique.

Bilbo le hobbit était-il au courant que le logement (construction, rénovation, énergie...) représentait 38 % de l'ensemble des émissions de CO2 en France ? En tout cas, sa maison semi-enterrée, fabriquée en terre, en paille et en bois, fait rêver les amoureux de la nature, qui ne veulent pas laisser une empreinte négative de leur présence sur la planète.

Aujourd'hui, les avancées technologiques nous permettent d'aller encore plus loin dans ce concept architectural, d'imaginer des logements plus grands, plus adaptés au climat, plus optimisés. C'est ce qu'a fait Matthieu Floury, étudiant en architecture, passionné de montagne, de chalets et de construction en bois, qui s'est lancé dans la création du concept ScoopHome, une maison en bois semi-enterrée, dont le design tout en courbes permet une meilleure efficacité thermique.

Comme un puzzle à emboîter

Pour l'instant, un premier prototype a été réalisé en auto-construction par un particulier, Jonathan Rollin. "En partenariat avec lui, on l'accompagne et on l'aide à bricoler, nous raconte Baptiste Seux, responsable projet chez ScoopHome. Grâce à ses retours sur la construction, on a validé certains éléments et on a vu des axes d'amélioration pour la nouvelle version : par exemple, la structure sera très proche, mais on change d'isolant, et on fera les parois en bois et pas en terre crue."

Au final, même si le concept a été très réfléchi, le projet conserve donc une grande part d'artisanat. Il a fallu un an pour réaliser le prototype, car le particulier en question travaillait à côté, mais le but avoué, c'est de permettre à chacun de monter son kit rapidement, en deux ou trois semaines maximum. "Il faut que ce soit simple et rapide, ajoute Baptiste, donc on développe des panneaux de bois qui sont découpés avec des fraiseuses numériques, ça nous sort un puzzle à emboîter."

L'autre avantage de cette "coque en bois" recouverte de terre, c'est qu'elle est démontable. Habitat léger, on vous dit ! Afin de laisser une empreinte quasiment imperceptible sur le sol, si vous enlevez l'ossature, il ne restera sur place que des matériaux biodégradables, des cailloux, de la terre et de la paille. Pour l'intérieur, ScoopHome vous propose de personnaliser l'aménagement avec un catalogue de mobilier et d'équipement.

Une projection 3D de l'intérieur, avec salle de bains spacieuse et vue sur le jardin. © ScoopHome
La chambre à coucher. © ScoopHome

4 kits qui s'emboîtent ensemble comme des Lego

"On est en train de concevoir 4 kits qui se personnalisent, poursuit Baptiste Seux. Un studio tout en un, un module grande chambre et salle de bains, un module séjour cuisine ouverte, et un autre qui fait fonction de local d'activité professionnelle. On peut connecter les modules entre eux par mini sas qui font office de couloirs."

Ces modules sont tous de forme courbée afin d'optimiser le chauffage de la maison, car les angles droits produisent des ponts thermiques - des failles ou interruptions dans l'isolation -, mais aussi pour des raisons esthétiques, dans la droite lignée de certaines maisons de hobbits ou des maisons bulles de Antti Lovag ou de Pascal Haüsermann qui avaient inspiré les Barbapapa !

Côté prix, comptez 50 000 euros en entrée de gamme, sachant que ce chiffre peut être amené à diminuer à l'avenir, d'après les créateurs : "On a pris pas mal de marge en établissant ce tarif à cause d'éléments flous et inconnus. Et avec les économies d'échelle, le prix peut aussi diminuer."

Les inventeurs de ScoopHome le savent, un tel tarif peut rebuter certains portefeuilles. "On est sur du non standard semi enterré ! nuance Baptiste Seux. C'est un habitat bioclimatique, il faut regarder l'impact économique sur le long terme. Et puis on veut de la qualité et pas du bas de gamme, on a investi dans le confort maximal et les matériaux les plus durables et biosourcés possibles !" Vous l'avez compris, n'enterrez pas trop vite la maison bulle !

Un habitat semi-enterré, comment ça marche ?

• Pour implanter un module sur votre terrain, une simple déclaration préalable de travaux suffit, mais il faut un permis de construire dans le cas où l'on souhaite créer plusieurs modules.
• Tout commence par un terrassement, qui peut être une dalle de béton ou un ancrage moins impactant sur l'environnement, puis un quadrillage de poutres de bois sur lequel repose l'habitat.
• L'isolation est faite en paille et l'étanchéité via une bâche en caoutchouc EPDM.
• Ensuite vient l'enrochement du site, qu'on recouvre finalement de terre.
• Pour laisser passer la lumière et chauffer l'air intérieur, les parois et la terre, on peut fabriquer des claire-voies, une vitre en croissant et un puits de lumière. Il faut plusieurs mois pour stabiliser la température intérieure.