|

MINIMALISME - Qu'il s'agisse de projets de rénovation ou d'agencement, l'Atelier DITO imagine des intérieurs minimalistes dans lesquels les gens se sentent bien. Un minimalisme coloré loin des clichés.

Depuis qu'ils ont créé l'Atelier DITO en 2011, Diane de Soras et Thomas Soulier défendent une vision de l'architecture intérieure qui tend vers le minimalisme.

Mais bien loin des clichés de la décoration minimaliste blanche et froide, ils imaginent des espaces fonctionnels et épurés valorisant les belles matières, la lumière, la légèreté et le bien-être des habitants des lieux. Le minimalisme, ce n'est pas faire le vide absolu, ce n'est pas non plus se priver de déco. Nous sommes allés à leur rencontre...

Remplaçant les anciennes cloisons, un séparateur d'espace et une verrière permettent de créer une nouvelle perspective. © Aurélien Aumond

Plus de sérénité et de créativité

Quelles sont les qualités du minimalisme qui collent le plus avec votre vision de l'architecture intérieure ?

Diane de Soras : Dans notre travail, nous recherchons la ligne juste, c'est à dire une grande simplicité qui n'est pas si aisée à obtenir. Dans une société où chacun est soumis à une surcharge d'informations et de signaux, il nous semble important de créer des espaces propices à l'intériorité, à l'expression de soi, parfois méditatifs ; et si nous étions radicaux, cela irait sûrement vers le monacal. Nous aimons les espaces épurés, dépouillés, car ils permettent d'apporter la sérénité et, par opposition, stimulent la créativité.

Thomas Soulier : Nous estimons aussi que l'heure n'est pas à l'abondance. Les lieux très chargés et ornementés nous paraissent ostentatoires. Il y a dans la pratique minimaliste une certaine dimension éthique qui nous touche.

Minimalisme rime-t-il forcément avec blanc ? Quelles couleurs viennent le mieux s'intégrer dans une esthétique minimaliste ? Les motifs sont-ils envisageables ou sont-ils trop chargés ?

T : Au-delà du blanc, très répandu dans les projets minimalistes, c'est surtout la notion même de monochromie qui est importante dans cette pratique architecturale. La couleur n'est cependant pas exclue et permet de créer de la profondeur, de jouer avec les perceptions, la lumière, et c'est la composition des lignes, des matières et des couleurs qui participe de la réussite d'un espace.

D : Pour une esthétique minimale, les teintes claires sont idéales car reposantes et apaisantes : beige rosé, terre, les palettes de gris… mais des teintes sombres et sourdes appliquées judicieusement, par exemple dans les circulations, permettent de créer des contrastes pertinents qui accentuent la luminosité ou le volume d'espaces adjacents, ou donnent de la profondeur. De la même manière les motifs sont permis dans les zones où on ne stationne pas (circulations, sanitaires), ils apportent de l'énergie et offrent une expérience du lieu différente.

Un très beau papier peint aux motifs exotiques dans le couloir. © Aurélien Aumond

Comment rendre un intérieur minimaliste chaleureux ?

D : Par l'utilisation de matières naturelles variées : bois, lin, laine, pierre… et en jouant sur les aspects de surfaces : mat, brillant, lisse, martelé, doux... Les matériaux non transformés, bruts, apportent de la matérialité et une expérience sensorielle particulière. Des tons naturels et l'utilisation du bois, par exemple, offriront certainement un cocon chaleureux. Sans oublier que la décoration et les affaires personnelles des usagers apporteront tout ce qu'il faut de couleur en plus.

La salle de bain de la suite parentale mise en valeur par une harmonie de bois clair, de blanc et un carrelage bleu clair. © Aurélien Aumond

Comment arrivez-vous à donner du caractère, le caractère de vos clients, à des intérieurs minimalistes ?

T : Notre travail de conception est nourri par deux facettes du projet. D'une part la facette objective : le lieu lui-même, dont on essaye de saisir l'essence. Il s'inscrit dans une époque, dans un environnement, qui justifient la plupart des choix esthétiques et formels. D'autre part la facette subjective : le client, qui nous transmet tout au long du processus de conception ses besoins, ses envies, au sein d'un dialogue permanent qui enrichit le projet.

D : Nos clients ont cette volonté commune de vivre dans un décor intemporel, sans fioriture ni tendance trop marquée. Il veulent pouvoir se l'approprier, qu'il évolue avec eux. 

Un filet a été posé afin d'aménager un coin lecture tout en laissant entrer la lumière naturelle dans le séjour par la mezzanine. © Aurélien Aumond

Quels conseils donneriez-vous à des parents ou des futurs parents en quête de minimalisme ? Décoration minimaliste et vie de famille avec de jeunes enfants sont-elles compatibles ?

D : Bien sûr ! Nous pouvons en témoigner. Comme évoqué précédemment, le minimalisme refuse l'ornement superflu. Les matières précieuses peuvent bien sûr être employées mais il y a quand même une notion de simplicité d'utilisation inhérente au courant minimaliste, donc des matériaux favorables à la présence d'enfants. 

Nous conseillerions aux (futurs) parents de privilégier des matériaux naturels et respectueux de l'environnement au contact de l'enfant, ainsi que des surfaces lavables (rangements intégrés en stratifié ou mélaminé plutôt que peints par exemple) ou pouvant être poncées (parquet massif, solid surfaces, médium teinté dans la masse…) pour être tranquilles de longues années.

L'environnement domestique est le premier que les enfants vont explorer, alors pourquoi ne pas garder ça en tête au moment de la conception pour s'amuser et favoriser leur éveil et leur développement moteur ? 

T : De plus, dans notre démarche, nous cherchons à répondre à la surcharge d'informations en supprimant au maximum le désordre visuel. C'est à dire qu'avec nos clients nous estimons la quantité nécessaire de rangements pour organiser au mieux le quotidien. L'enjeu n'est pas de vivre dans du vide, mais de vivre tout court, d'apprécier les moments de désordre en sachant que les affaires ont leur place. La tension naît lorsque les rangements ne sont pas adaptés aux besoins de chacun, adultes et enfants. 

 Couleurs profondes pour cette cuisine ouverte. © Aurélien Aumond

À retenir :


  1. Ayez recours à la monochromie mais ne vous limitez pas au blanc. Les teintes claires sont apaisantes mais les teintes sombres et sourdes peuvent être utilisées notamment pour donner de la profondeur par exemple dans les circulations.
  2. Les motifs sont possibles dans les zones où on ne stationne pas (circulations, sanitaires par exemple).
  3. Les matières naturelles (bois, lin, laine, pierre) et le jeu sur les surfaces (mat, brillant, lisse, martelé, doux) amènent de la chaleur à un intérieur minimaliste.
  4. Mettez en scène vos affaires personnelles afin d'apporter des couleurs.
  5. Parents et futurs parents, privilégiez non seulement des matériaux naturels et respectueux de l'environnement mais également des surfaces lavables ou pouvant être poncées afin d'anticiper les éventuels accidents.
  6. Évaluez vos besoins en rangements et ceux de vos enfants : trop de rangements vous poussera à accumuler trop de bazar, trop peu de rangements sera frustrant.

Bien sûr, si vous préférez le noir et blanc, c'est possible aussi ! Victoria, du compte Instagram @dans_sa_maison, a fait ce choix et raconte : “J'ai souvent des commentaires comme quoi ça peut être froid, le noir et blanc. Mais la vie, c'est nous qui l'amenons dans la maison.” Découvrez cet autre intérieur minimaliste.