| | | |

ROULOTTE DE PRINTEMPS - Un collectif spécialisé dans la low tech propose des voyages initiatiques en roulottes hippomobiles, pour sensibiliser à un mode de vie axé sur la lenteur et la sobriété.

Imaginez-vous dans une roulotte "hippomobile", à profiter pendant 5 jours des plus beaux paysages dans un convoi digne de Lucky Luke. C'est là toute l'essence du projet des "Nomades des Terres", un collectif d'adeptes de la slow life et de la low tech.

Leur projet ? Proposer des voyages en roulotte et ainsi initier les voyageurs à prendre leur temps pour découvrir le monde, tout en respectant la nature. Un projet nomade, autonome et écolo. En phase de conception, l'objectif est d'avoir tout un convoi de roulottes d'ici 2023.

Convoi en roulottes et cuisine en circuit court

L'atout majeur de ce projet : la roulotte centrale qui fera office de cuisine mobile. Capable de fournir des victuailles pour 30 personnes, cette cuisine se veut conviviale : tout le monde mettra la main à la pâte ! L'un des membres du collectif s'est d'ailleurs spécialisé dans la cuisine fumée. Avec des produits bio, locaux et de saison, le chef cuistot imaginera ses propres recettes. À l'intérieur, un garde-manger intègre des rangements pour les denrées alimentaires périssables, les déchets et la vaisselle.

Surtout, c'est une cuisine low tech, à vocation pédagogique. L'espace de cuisson sera composé de plusieurs éléments comme un four solaire, une marmite norvégienne, un rocket four et un rocket stove. Le rocket stove marche au feu de bois et à l'oxygène, il permet de monter très rapidement en température. La marmite norvégienne fonctionne comme un thermos géant, en laissant les aliments cuire sans perte de chaleur. Enfin, des bacs d'eau et de sable seront présents pour le nettoyage des assiettes et des couverts. 

Voilà à quoi ressemblera le convoi de roulottes © Nomades des Terres

Séjour au pas et déconnexion totale : prenons le temps !

Et si le projet n'est pas encore terminé, tout est déjà prévu et bien pensé pour accueillir les futurs voyageurs. Tout d'abord, ils rejoindront un lieu donné par train/bus pour un départ le lendemain matin. Puis, le circuit sera divisé en plusieurs étapes afin de faire découvrir des lieux alternatifs.

Chaque voyageur aura droit à un sac de 8 kilos maximum et aucun téléphone ne sera autorisé pendant le séjour, histoire de découvrir véritablement un mode de vie déconnecté et minimaliste. De plus, la présence des chevaux engage un rapport à l'animal, au vivant, et à la lenteur auquel tout le monde devra s'adapter. Le tout en faisant passer le bien-être animal en priorité.

5 Questions à Louis Astoux, chef de projet chez Nomades des terres

- Pourquoi avoir choisi la roulotte, face à d'autres moyens de transport ? 

Louis Astoux : La roulotte est un moyen de transport qui ne se limite pas qu'à sa propre fonction. C'est un mode de déplacement collectif et adapté aux enjeux socio-écologiques, au même titre que la marche, le vélo, ou le bateau. En réalisant des voyages en roulotte, on change constamment de paysage, on s'adapte en permanence à un environnement nouveau. C'est dans ce contexte d'adaptation permanente que l'on intègre de nouveaux comportements. 

- Comment évaluez-vous l'intérêt des gens pour la slow life et la low tech ?

Je pense que la population a conscience de ces enjeux écologiques, mais est limitée dans la possibilité de passer à l'acte. Les 18-35 ans sont particulièrement touchés par cette tendance, quand les 35-49 ans ont moins de capacités d'action pour X raisons (vie établie en famille, crédits et factures à payer, etc.). Dans l'état actuel des choses, je reconnais qu'il est difficile de se défaire de la posture actuelle liée à la technologie et la "fast life".

En abordant le sujet de la slow life, la population peut se retrouver dans une vision romanesque, utopiste de cette vie qui peut d'un autre côté provoquer un sentiment de rejet, l'impression que c'est un mode de vie rétrograde, qui peut faire peur. Notre rôle est de faire comprendre qu'il y a aussi une notion d'espoir, une autre façon de voir la vie, en respectant la nature plus qu'elle ne l'est aujourd'hui, par opposition au capitalisme et ses méfaits. 

- Pensez-vous qu'il pourrait y avoir potentiellement d'autres convois de ce type en France ?

Ça serait super ! Il y a la volonté que ce soit un modèle duplicable à terme. L'expérimentation touristique de ce type est totalement inédite : aucun séjour collectif en roulotte n'existe en France. En cas de succès, on évoluera sur un format plus long dès l'an prochain : 2 à 3 semaines contre 5 jours aujourd'hui. Tout dépend de l‘évolution du projet et des futurs mécènes.

- Quels conseils donneriez-vous pour s'initier à ce type de sobriété dans la vie de tous les jours ?

Il faut bien avoir en tête que ce n'est pas à intégrer comme un hobby ou une passion. Plus que d'entamer un régime spécial, ou de se lancer dans le zéro déchet, c'est une philosophie d'être très complète qui nécessite une pensée réfléchie avant de franchir le pas. La low tech ne se fait pas par passion mais par cheminement de transformation intellectuelle.

Avant toute chose, je conseillerais de faire une mise à jour complète en marchant plusieurs semaines sur un chemin de pèlerinage. Le yoga et la méditation sont de bons loisirs pour se réapproprier son pouvoir personnel et intellectuel dans le but d'être autonome (mesurer à la juste valeur nos dépendances physiques, émotionnelles, etc.). Enfin, aller voir des gens qui vivent autrement, notamment dans un écovillage,  permet de faire un premier pas concret avant de définitivement se lancer.