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PERSONNES ÂGÉES - Faut-il inciter vos proches âgés à investir dans un détecteur de chute ou des volets roulants ? Cela va-t-il leur permettre de rester plus longtemps chez eux ? On fait le point.

Bracelets détecteurs de chutes, capteurs dans le réfrigérateur pour vérifier que la personne se fait bien à manger ou dans la salle de bains pour savoir si elle prend bien sa douche : les objets connectés à destination des personnes âgées se multiplient.

Alors que 83% des personnes interrogées souhaitent vieillir à domicile (sondage CSA réalisé en 2016), ces objets “intelligents” sont présentés comme une solution pour nous permettre de continuer (et plus encore à nos grands-parents) à vivre dans notre maison en sécurité et retarder le départ en maison de retraite.

Pourtant, “le taux d'équipement est faible”, observe François-Xavier Jeuland, Président de la Fédération Française de Domotique. “Il y a plein d'initiatives, mais on est dans l'expérimentation plus que sur un marché de masse.”  

Alors, devez-vous convaincre vos parents ou grands-parents d'investir dans les dernières nouveautés high-tech ? Celles-ci vont-elles leur permettre de rester plus longtemps autonomes ?

Des objets connectés anti-chutes

Le premier risque d'accident grave pour les personnes âgées dans la maison est de faire une mauvaise chute et de ne pas capable de se relever pour chercher du secours. Si cela se produit, il existe des bracelets connectés à porter sur soi, des capteurs à disposer dans les coins d'une pièce ou encore des sols intelligents.

Tous détectent les chutes et préviennent un service de télé-assistance, puis les proches ou les secours pour intervenir le plus rapidement possible.

Mais avant de proposer ces solutions à votre grand-mère ou votre grand-père, il y a sans doute certaines choses à changer dans la maison pour prévenir les chutes.

Dans 90% des cas, les gens ont d'abord besoin d'adapter leur salle de bains en transformant la baignoire en douche”, constate en effet Bénédicte Leuret, chargée de projet autour du vieillissement dans l'habitat au sein de l'association Soliha.

Une fois les précautions de base prises (barre de douche, sol anti-dérapant, réagencement des meubles pour faciliter la circulation...), les services connectés peuvent être complémentaires, bien sûr si votre grand-parent est d'accord.

Tou-tes les expert-es interrogé-es sont unanimes, la clé est de ne rien imposer à ses proches âgés, mais d'en discuter pour trouver le mix le plus approprié, entre aménagement de la maison et technologie. Sinon, le bracelet connecté que vous lui avez offert pourrait bien rester sur la table de nuit !

Des solutions intelligentes pour faciliter le quotidien

Les objets connectés ont aussi un rôle à jouer pour le confort au quotidien. Le Truck de Soliha, un camion qui sillonne la campagne de Nouvelle-Aquitaine pour informer sur les moyens qui facilitent le maintien à domicile, oriente aussi vers la domotique.

Mais “humaine et raisonnée”, comme le précise Bénédicte Leuret. C'est-à-dire ? “Si l'objet connecté permet le lien social, si la domotique permet aux aidants de dégager du temps, on va dans ce sens là”, précise-t-elle.

De plus, l'association s'assurent aussi que les solutions proposées sont accessibles financièrement, car toutes les caisses de retraite ne remboursent pas la domotique.

Parmi les objets connectés qui peuvent faire une grande différence, citons par exemple :

  • le visiophone sans fil, mobile, pour voir qui se présente à l'entrée sans avoir à se lever,
  • la porte d'entrée ou le portail dont on peut déclencher l'ouverture à distance,
  • la télécommande pour fermer des volets roulants, plutôt que d'avoir à escalader son évier ou sortir de la maison pour fermer des volets battants.

D'autres objets connectés, qui ne sont pas spécifiquement pensés pour les personnes âgées, peuvent être envisagés :

  • un assistant personnel pour, par exemple, allumer une ampoule connectée en donnant un ordre vocal, ce qui évite d'avoir à chercher un interrupteur,
  • un thermostat connecté pour régler plus finement la température de sa maison,
  • un bouton connecté pour mettre facilement en route une alarme…

Mais tout dépend du degré d'autonomie de la personne que vous voulez équiper et de l'accompagnement que vous pouvez lui proposer pour utiliser ces objets. Pour évaluer ses vrais besoins, il est d'ailleurs possible de faire appel à un-e ergothérapeute, qui se déplace à domicile.

Jusqu'où aller dans la surveillance ?

S'il y a un facteur qui peut freiner l'adoption d'objets connectés par vos grands-parents, c'est bien le sentiment que vous allez les observer. “Les solutions humaines (visites et aide à domicile par exemple, ndlr.) sont plus acceptées socialement qu'un système de télé-alarme qui apparaît comme très intrusif”, estime Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement et auteur de La Silver économie (La Charte Publishing, 2018).

La caméra, vous la mettez où ? Dans les toilettes ? On peut aussi tomber dans cette pièce”, poursuit-il. “Les solutions connectées ont une pertinence énorme, mais la question est de savoir comment on trouve des solutions moins intrusives.”

C'est l'ambition de sociétés comme Janasense, une entreprise française qui a mis au point des capteurs discrets à placer par exemple dans le réfrigérateur, pour vérifier que la personne l'ouvre régulièrement pour se faire à manger, ou de Howz qui mesure la consommation d'électricité.

Pas question de faire du logement un “bunker avec des alertes partout”, prévient Jérôme Pigniez, fondateur de SilverEco.org. Si c'est le cas, “peut être qu'il faudra alors considérer une maison de retraite ou un EHPAD qui fait le pas inverse et s'humanise pour que les gens s'y sentent chez eux”, propose-t-il.

Les logements connectés : une solution pour les séniors dans les années à venir

Cependant, dans les années à venir, les solutions connectées devraient se fondre dans le quotidien, car il n'y aura plus besoin d'installer de nouveaux équipements. Tous les objets de la maison seront intelligents.

Comme l'explique François-Xavier Jeuland, de la Fédération Française de Domotique, la télévision connectée sera capable de croiser des informations avec le thermostat ou d'autres équipements, pour obtenir des données très fines.

On va avoir des serveurs qui vont collecter ces informations avec l'accord des personnes âgées. Si c'est bien anonymisé, cela va fonctionner, car les données seront extrêmement pertinentes”, se projette-t-il. La collecte de données sera donc indolore, ce qui augmentera le taux d'acceptation de ces technologies.

Encore faudrait-il que les personnes âgées puissent garder la main sur les données collectées. François-Xavier Jeuland “rêve” d'ailleurs, pour lui-même, d'un tableau de bord qui permette de cocher les cases des données que l'on accepte de donner, en fonction des services que l'on utilise ou non.

Les logements entièrement connectés, s'ils ne sont pas encore d'actualité, car ils demandent encore à se perfectionner, seront peut-être une solution pour vos vieux jours à vous.

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