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LOGEMENT - Comment gérer les conflits ? Parler d'argent ? Ou régler la question des petit-es ami-es ? Découvrez les do's and don'ts de la colocation.

10 ans que je partage mon frigidaire, ma salle de bains, et toute une part de mon intimité. 10 ans de fêtes improvisées dans mon salon alors que j'avais prévu de travailler le lendemain, 10 ans de débouchage de siphon à quatre mains, 10 ans de factures moins chers et de dîners improvisés.  Bref, vous l'avez compris, je suis un pro de la coloc.

On s'oriente parfois vers la colocation car les loyers sont moins chers, mais la colocation ne se limite pas à une question d'argent. C'est avant tout une “incroyable aventure humaine”, pour reprendre le discours des jeux télévisés. Attention, partager un appartement avec un-e ami-e (ou un-e inconnu-e) n'est pas voué à se terminer en Koh Lanta d'intérieur, où chacun lutte pour sa survie (et le dernier morceau de papier toilette). 

Croyez-en mon expérience, la colocation peut être une expérience d'amitié extraordinaire, si et seulement si, chacun et chacune est prêt-e à respecter quelques règles de savoir vivre. Après avoir vécu dans sept appartements et partagé des baux avec douze personnes différentes, je sais de quoi je parle. Voici mes conseils pour que votre colocation se transforme en heureux souvenir et pas en une facture d'avocat.

1 - Apprendre à faire des concessions et respecter l'autre 

Oui je sais, cela peut sembler un peu bateau et évident, mais il est utile de le rappeler en préambule. Si vous n'êtes pas capable d'abandonner un peu de votre liberté au profit de la collectivité, alors la colocation n'est pas pour vous. 

Vous ne supportez pas de voir de la vaisselle dans l'évier ? Vous êtes un-e vrai-e couche-tôt et ne tolérez plus le bruit après 22h ? Il est peut-être temps de lâcher un peu de lest ! À l'inverse, si vous êtes du genre à écouter de la musique à fond sans casque ou de vous faire à manger à 3h du matin, on se responsabilise et on ne part pas du principe que l'on est chez soi, on cohabite et on pense à l'autre. Esprit d'équipe ! 

2 - Ne pas compter sur les autres en permanence et partager la charge mentale 

Si vous comptez sur vos futur-es colocs pour remplacer votre papa ou votre maman, encore une fois, vous vous trompez de stratégie. La colocation peut être une période d'apprentissage, mais ce n'est pas une maternité. Si vous ne savez pas faire cuire un oeuf ou que le fonctionnement d'une machine à laver est un mystère dont vous ne parvenez pas à percer le secret, demandez une formation accélérée à vos colocataires ou regardez des tutos ! 

Et c'est pareil du côté de la charge mentale : acceptez d'en capter un petit peu. Si vous voyez que les stocks de papier toilette ou d'huile d'olive diminuent, anticipez et filez à l'épicerie. N'attendez pas que les autres le fassent à votre place. 

3 - Proposer des activités communes (autres que descendre les poubelles)

Que cela soit une situation subie ou non, la colocation n'est pas un espace de co-living. Certes, vous n'êtes pas obligé-e de transformer votre intérieur en Club Med mais pour votre bien-être et ne pas avoir le sentiment de vivre avec des inconnus, organisez de temps en temps des moments entre colocataires. Boire un verre, cuisiner ensemble ou organiser une sortie régulièrement, c'est l'occasion de parler d'autres choses que des listes de course ou ménage. Instaurez-vous des rituels, ça rapproche ! 

4 - Savoir dire les choses (mais pas tout !)

En colocation (comme dans la vie en général), il est préférable d'éviter tout comportement passif-agressif. Vous ne savez pas comment dire à votre colocataire que son manque d'hygiène vous dérange ? Coller un post-it sur sa vaisselle sale ou lui envoyer une photo des traces de nourriture sur la table de la salle à manger ne feront qu'empirer la situation, et vous feront passer pour le ou la psychorigide de service. 

Si vous avez des reproches à faire à vos colocataires, la première règle est de dédramatiser ! Rappelez-vous qu'il ne s'agit que de torchons et serviettes, évoquez ce qui vous dérange lors d'un dîner ou d'une conversation. Attention toutefois à ne pas dire tout ce que vous avez sur le coeur et de déterminer s'il est judicieux ou non de créer une IIIe guerre mondiale à la maison.

5 - Ne pas s'installer avec quelqu'un par défaut 

La clé pour une colocation heureuse et durable c'est de connaître les personnes avec qui vous allez vivre. Attention ce n'est pas une règle absolue, être ami-e avec quelqu'un ne vous met pas à l'abri de la discorde. 

En revanche, la probabilité d'éprouver de la haine pour un-e colocataire que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam est bien plus importante. La proximité, la vraie, est un facilitateur. Servez-vous en pour instaurer un climat bienveillant et amical ! 

6 - Établir un règlement pour gérer les petit-es ami-es 

Si vous appliquez les règles d'une colocation durable, il est fort probable qu'après quelques mois, voire quelques années, des “invité-es” récurrents fassent partie du tableau. J'ai nommé les petit-es ami-es. Que vous croyiez ou non à la solidité du couple qui est en train de se former, il est important de se mettre d'accord sur un petit règlement intérieur, pour pouvoir roucouler tranquillement sans devenir gênant pour celles et ceux qui ne partagent pas votre idylle. 

Rappelez-vous que vous et vos colocataires n'ont, a priori, pas signé pour vivre avec un couple. La présence des conjoints doit être temporaire et surtout, n'oubliez pas de prévenir vos camarades lorsque vous comptez passer la soirée dans le canapé du salon ou d'organiser un dîner aux chandelles. Cela évitera à autres d'avoir le sentiment de tenir la chandelle justement ! 

7 - Être flexible financièrement 

Être en colocation, c'est un moyen de faire des économies sur le loyer, les factures et parfois même la nourriture puisque tout est divisé par deux, trois ou plus en fonction du nombre de personnes présentes. Mais si vous avez accepté de jouer le jeu du partage et de la mise en commun de certains biens, attention à ne pas vous transformer en contrôleur des impôts ! Si Marie-Bénédicte prend un peu plus de café que vous le matin, n'allez pas réclamer un remboursement de la part dont vous n'avez pas bénéficié. 

Et pour les petits remboursements, si vous êtes au centime près, téléchargez Lydia par exemple. 

BONUS : Avoir un salon ou une grande pièce commune 

En effet, ce conseil est un brin délicat tant il est devenu difficile de trouver des grandes surfaces à des prix décents (surtout dans les grandes villes). Mais croyez-moi, je ne connais pas une seule colocation qui s'est bien terminée où il n'existait pas de salon. Pour le bien-être de toutes et tous, avoir un espace commun, autre que la cuisine (sauf si elle est grande et confortable), est un avantage certain. Un moyen de différencier les espaces privés des espaces collectifs. Passer une soirée autour d'une table de cuisine ou faire un dîner sur le lit de quelqu'un, on a connu plus convivial. 

Vous voilà prêt-e pour de belles et longues années en colocation. J'espère que mes conseils vous seront utiles. À dans 10 ans !