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SOLIDARITÉ - Venu du Québec, le baluchonnage offre un moment de répit à des aidants à bout de force en leur permettant de s'absenter quelques jours.

En France, entre 8 et 11 millions de personnes soutiennent au quotidien un proche en perte d'autonomie ou en situation de handicap. On les appelle les aidant-es. L'association La maison des aidants en donne une définition plus précise : “La personne non professionnelle qui vient en aide à titre principal, pour partie ou totalement, à une personne dépendante de son entourage, pour les activités de la vie quotidienne”.

Le problème c'est que ces hommes et ces femmes qui passent la plupart de leur temps au domicile de leur proche sacrifient leur vie personnelle mais aussi professionnelle. On estime d'ailleurs que la moitié des aidants cumulent leur rôle d'aidant avec une activité salariée.

Pour leur venir en aide, le gouvernement a mis en place depuis le 1er octobre 2020, un congé proche aidant qui permet de toucher une allocation quand ils suspendent leur activité. Ce congé rémunéré, qui peut durer jusqu'à trois mois, est indemnisé 52,13 euros par jour pour une personne seule, 43,87 euros pour une personne en couple. 

Un répit de longue durée pour les aidants épuisés

C'est une bonne nouvelle pour les aidants mais ce n'est pas suffisant. Que faire si un aidant souhaite prendre quelques jours de congé pour souffler un peu ? Aujourd'hui rien n'est fait pour remplacer, à domicile, un aidant, le temps de son absence. C'est pourquoi, l'association Baluchon France milite pour développer sur le territoire français le concept de baluchonnage, aussi appelé relayage. 

Le principe du baluchonnage est de proposer un répit de longue durée aux aidants en venant les remplacer 24h/24 à domicile”, nous explique par téléphone Rachel Petitprez, directrice et coordinatrice de l'association Baluchon France. Tout droit venu du Québec, le baluchonnage n'existe pas en France “car la législation n'autorise pas quelqu'un à travailler 24h24”, précise-t-elle. 

Depuis 2019, une dérogation au droit du travail rend possible une suppléance de l'aidant. L'association Baluchon France est autorisée à l'expérimenter et accompagne 14 structures  d'aide à domicile qui développent ce concept partout en France (la liste des structures se trouve juste ici).

Qui peut bénéficier du baluchonnage ? “Cela ne s'adresse qu'aux aidants en situation complexe, qui ne peuvent pas passer le relai ni se faire aider. Leur proche ne peut pas aller en hébergement temporaire et ils sont bloqués à domicile, sans échappatoire”, souligne Rachel Petitprez. 

L'association a d'ailleurs identifié trois formes de demande. “Majoritairement, l'objectif est de se reposer”, énonce-t-elle. Il y a aussi une petite proportion qui sollicite le baluchonnage pour remplir des obligations professionnelles”. Troisième cas de figure : prendre soin de sa santé. “Certains aidants ont besoin de se faire opérer et le repoussent pendant des mois. Il est courant qu'ils négligent leur propre santé à cause de leur implication.

“Il y a des aidants qui vont très loin dans l'aide”

Une alternative sécurisante et rassurante pour les deux parties, aidant comme aidé. “On ne sort pas la personne de son environnement. La personne en baluchonnage vient sur place, avec son bagage”, rappelle-t-elle. Pour rendre cette cohabitation temporaire possible, le baluchonnage nécessite une préparation en amont. “Le coordinateur va visiter le domicile de la personne pour évaluer la prise de risque de son baluchonneur à qui on laisse le choix de refuser une situation”, précise la directrice. 

Car la mission du baluchonneur n'est pas simple : “Il doit évaluer la charge de travail de l'aidant et compenser la perte d'autonomie sans en faire trop”, confirme-t-elle. Sa présence permet aussi d'évaluer le degré d'investissement de l'aidant. “Il y a des aidants qui vont très loin dans l'aide”, ajoute Rachel Petitprez. Après son passage qui dure de 3 à 6 jours, le baluchonneur rédige un journal afin d'orienter l'aidant vers une stratégie qui l'épuisera moins. 

Mais tout cela a un coût. La directrice de l'association estime que 24 heures de baluchonnage coûtent 750 euros. Pour le moment, les structures qui expérimentent le baluchonnage cherchent leurs propres sources de financement. “Des caisses de retraite, des conseils départementaux, des mutuelles, des fondations”, nous apprend la directrice de l'association qui est financée par l'assurance AG2R La Mondiale. Aujourd'hui, le reste à charge pour les familles est compris entre 50 et 75 euros.

L'expérimentation qui a débuté au mois de juin 2020 s'arrêtera en décembre 2021, “avec la volonté de pérenniser le baluchonnage partout en France”, rappelle Rachel Petitprez. 

Pour contacter l'association Baluchon France :
Téléphone : 07.85.40.70.84
info@baluchonfrance.com
Site : www.baluchonfrance.com