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HABITAT ÉCOLO - Les futurs résidents de l'Ôôôberge, en Bretagne, n'auront pas de chasse d'eau, mais des toilettes à pédales. Et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sera pas du tout une contrainte au quotidien !

D'habitude, les toilettes sèches, on les teste en festival. À la limite, dans la maison d'un ami particulièrement écolo, à la campagne. Les futurs habitants de l'Ôôôberge, à Dol-de-Bretagne, font très fort : ils ont décidé d'équiper quatre immeubles de deux étages, en tout 23 logements, de toilettes sèches. Un tel système en habitat collectif, cela existait déjà en Suisse et en Allemagne, mais c'est une première en France.

© L'Ôôôberge

Un projet écologique et social

Le projet est original de bout en bout, puisqu'il s'agit d'habitat participatif. Les futurs propriétaires discutent, ensemble et avec le cabinet d'architecte, de la façon dont ils souhaitent dessiner leur résidence. Par exemple, ils ont demandé à ce que tous les logements soient accessibles aux personnes en situation de handicap. Pour la construction, ils ont fait appel à un bailleur social.

"Le souci a d'abord été la mixité sociale, et pour que ce soit ouvert aux foyers modestes on a pensé aux économies d'énergie et d'eau", explique Irène Cerquetti, future habitante. Sans chasses d'eau, les résidents devraient économiser quelques centaines d'euros "à la louche" chaque année sur leur facture d'eau, estime-t-elle. 

Sans compter l'aspect écologique : "Ce qui nous préoccupe le plus, c'est l'assainissement de l'eau, poursuit Irène Cerquetti. On ne veut pas se dire que ça part dans les égouts et que ça ne nous regarde plus, on sait qu'autour de chez nous, ce sont des milieux fragiles, il y a la baie du Mont Saint Michel."

© L'Ôôôberge

Aucune contrainte par rapport à des toilettes classiques

Mais cela ne va-t-il pas être horriblement contraignant et désagréable pour les habitants ? Justement, non !

La société française Ecosec, qui mettra en place ces toilettes collectives novatrices, a imaginé un système le plus simple et le moins contraignant possible.

Pas besoin de verser de la sciure dans les toilettes, comme ce qui se fait habituellement, explique le magazine L'âge de Faire, repris par Bastamag. Il suffira d'appuyer sur une pédale : les urines descendront par un tuyau dans une cuve commune sous la terrasse du bâtiment, les excréments, eux, partiront sur un petit roulant jusque dans un "coffre", à l'intérieur de chaque appartement.

C'est un maître-composteur qui viendra récolter le contenu de ces coffres tous les six mois : aucune manipulation n'est attendue de la part des habitants de ce côté-là non plus, pas besoin de mettre les mains dans le cambouis !

Le bailleur a également demandé à ce que ce système soit réversible : les toilettes seront aussi reliées au réseau de tout à l'égout classique, et chacun pourra choisir de basculer dessus ou non. Indispensable pour ne pas effrayer les futurs occupants, car il reste encore 5 logements à acheter, et 6 appartements seront proposés à la location.

Dernier point pour rassurer tout le monde : non, les toilettes sèches ne sentent pas mauvais. D'ailleurs, une VMC (ventilation mécanique contrôlée) est prévue dans chaque appartement. Et les futurs résidents vont pouvoir tester le dispositif dans un local avant la construction des résidences, qui seront terminées en 2020. De quoi laisser la possibilité de quelques ajustements, si besoin.