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SOLIDARITÉ - Ancien banquier lillois, Christophe a créé la Ch'tite maison solidaire pour offrir un toit à celles et ceux qui dorment dehors.

On se demande souvent comment venir en aide à celles et ceux qui vivent dans la rue mais par manque de temps ou de volonté, nous sommes nombreux à renoncer. Pourtant, pas besoin de monter une association pour être utile, la réponse à votre besoin d'engagement se trouve parfois tout près de vous, dans votre maison.

C'est ce dont Christophe Thomas s'est rendu compte il y a maintenant deux ans. Pris pas un besoin de sens, “sûrement l'approche de la quarantaine”, dit-il en plaisantant, cet entrepreneur bancaire commence par distribuer les surplus alimentaires dans les bidonvilles de Lille aux côtés d'une association locale, Le Souffle du Nord.

Mais j'étais contrarié quand le soir je rentrais chez moi, dans une maison de 150 m² en laissant des gens dormir dehors dans des tentes”, explique-t-il. Malgré son désir de partager son “surconfort”, entendez, les chambres inoccupées de son logement, Christophe repousse l'idée d'accueillir chez lui une famille de réfugiés. 

Ouvrir sa maison aux touristes pour venir en aide à son ami 

La question se pose de plus belle le jour où Tony, son binôme de maraude au sein de l'association, apatride, reçoit un préavis d'expulsion l'intimant de quitter le squat qu'il occupe avec sa famille. “Je l'apprécie énormément, mais j'ai décidé de ne pas m'engager sur l'hébergement de Tony et sa famille. Je voulais garder mon intimité”, se souvient-il. Pour lui permettre d'avoir un vrai toit, Christophe a une idée : “Je vais ouvrir ma maison à des touristes qui me donneront un revenu, ce qui me permettra d'aider Tony financièrement”, se dit-il. La Ch'tite maison solidaire était née. 

Postée sur la plateforme Airbnb, l'annonce de Christophe ressemble à n'importe quelle autre. Quand il le peut, le lillois loue son logement à des gens de passage qui ne savent pas que leur argent permet de financer le loyer de Tony et sa famille, qui habitent désormais un logement social. Christophe les appelle “les locataires bienfaiteurs”. “Très peu choisissent le logement pour notre action sociale, car sur Airbnb les gens regardent d'abord le prix et les avis. Mais quand ils le découvrent cela produit un bel effet. Ils profitent d'un moment de détente et ils aident des personnes”, explique-t-il. 

© KissKissBankBank

Une seule semaine de location pour financer trois mois de loyer 

Après une semaine de location au mois d'août, l'argent reçu a permis de loger Tony, sa femme et leurs enfants pendant trois mois. Aujourd'hui, la famille n'a plus besoin de l'aide de la Ch'tite maison solidaire pour payer son loyer. Plutôt que de les aider directement, Christophe a préféré employer la femme de Tony comme aide ménagère : “cela apporte une meilleure dignité dans le rapport aux autres”, souligne-t-il. 

Depuis, l'initiative de Christophe a fait des petits, car ce sont aujourd'hui une trentaine de citoyens qui mettent à disposition leur “surconfort” pour loger celles et ceux qui en ont besoin, l'équivalent de 55 lits partout en France. Il est d'ailleurs possible de s'engager à son tour via le groupe facebook de l'association crée par Christophe

Mais l'ancien banquier, car Christophe vient de quitter son emploi pour se consacrer complètement à l'association, ne souhaite pas s'arrêter là. La Ch'tite maison solidaire a lancé une campagne de financement participatif pour financer la construction d'un écoquartier solidaire où seront installées 5 tiny houses (des mini-maisons) qui abriteront des personnes sans abri. “Ça m'a bouleversé, je suis émerveillé par tout ce qui se passe”, confie-t-il. Souhaitons-nous une crise de la quarantaine aussi utile et engagée !