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AUTOCONSTRUCTION - Sophie Di Domizio a construit cette petite maison sur remorque pour 10 500 euros seulement. Avec son bardage en bois brûlé, elle est unique en France.

Sophie Di Domizio était bien partie pour bâtir une maison de 230 m2. À 29 ans, elle rêvait de se lancer dans l'autoconstruction. "Les plans étaient faits, mais j'étais bloquée depuis un moment sur la composition des murs, raconte-t-elle. J'étais en train de réfléchir sur mon ordinateur, et là j'ai vu un reportage à la télévision sur les tiny houses."

C'est la révélation : c'est ce type de mini-maison nomade, posée sur une remorque, qu'elle va construire, pour passer le plus vite possible à la pratique !

Quand on réduit la taille du chantier, les défis sont-ils moins importants ? Pas forcément, mais le budget, lui fond considérablement.

Un an et seulement 10 500 euros plus tard, son habitation de 18 mètres carrés, mezzanine comprise, est sur roues, bien installée sur son terrain dans le Val d'Oise. Son nom : Rosalie, en clin d'?il à la chanson de Carlos.

Détails déco : cuisine aux portes dépareillées et le planisphère au plafond.

Détails déco : cuisine aux portes dépareillées et le planisphère au plafond. © Lisa Hör

Remorque achetée : plus moyen de faire demi-tour

Avec sept ans d'expérience comme technico-commerciale dans la rénovation et l'amélioration de l'habitat, et un passage au rayon cuisine de Castorama, Sophie maîtrise la théorie.

"Je n'ai qu'une envie (...) : Manipuler des outils que je connais par c?ur mais qui n'ont encore jamais rien ou très peu créés entre mes mains", écrit-elle sur son blog lorsqu'elle se lance.

La tiny house se trouve dans un quartier pavillonnaire.

La tiny house se trouve dans un quartier pavillonnaire. © Lisa Hör

Alors une fois sa décision prise, tout va très vite. Sophie dessine les plans de sa tiny house en deux jours et achète tout de suite une remorque sur laquelle poser sa future maison mobile, alors qu'habituellement, elle réfléchit des mois avant de faire le moindre achat. "Une fois qu'elle était dans le jardin, j'étais obligée de construire."

À 6 000 euros, cette remorque reste sa plus grosse dépense. Aujourd'hui, alors que les projets de ce type séduisent de plus en plus de Français, elle recommande plutôt de comparer sur internet ce que les autres habitants de mini-maisons ont choisi.

Débrouille, astuces récup' et bois brûlé

Pour tout le reste, Sophie multiplie les bons plans. Elle passe trois jours au salon Mondial du Bâtiment et convainc des entreprises de devenir partenaires de son projet, en lui fournissant des matériaux.

"Il faut être curieux et patient, rentrer dans les grandes surfaces pour repérer les offres de déstockage, regarder aussi sur les chantiers", conseille-t-elle également.

Le salon de la tiny house.

Le salon de la tiny house. © Lisa Hör

Pour l'ossature de sa maison, elle récupère du bois de charpente auprès d'une entreprise d'aménagement de combles. Dans sa cuisine, pas une porte de meuble n'est de la même couleur : il s'agit de modèles qui ne sont plus référencés en magasin, et donc bradés.

Le bardage en bois peut être un être un poste de dépense important. Par exemple, Laëtitia , une Nantaise qui a aussi construit sa tiny house elle-même, a choisi le red cedar, qui coûte 1700 euros au mètre cube.

Sophie, elle, opte pour du bois de palettes... gratuit. Un choix étonnant alors que ce type de bois de palette est très résineux. "Il boit le vernis ou la lasure et il faut des couches et des couches pour le protéger", explique Sophie.

Le bardage en bois brûlé.

Le bardage en bois brûlé. © Lisa Hör

Pour remédier à ce problème, elle décide d'utiliser la technique japonaise du bois brûlé, qui protège durablement les façades des maisons.

Résultat : une tiny house qui associe bois et métal.

Résultat : une tiny house qui associe bois et métal. © Lisa Hör

En bonne bricoleuse, Sophie innove, et au lieu d'utiliser un chalumeau pour carboniser les planches de bois, elle se sert de... son barbecue ! Elle teste différents temps de chauffe dans les flammes, comme elle l'explique dans cet article de son blog, pour voir ce qui résistera le mieux dans le temps.

Déboires, entraide et chantiers participatifs

Après le bois brûlé, ce avec quoi Sophie s'amuse le plus, c'est la toiture.... même si elle doit s'y reprendre à deux fois. La première version, habillée avec du contreplaqué de 5 mm d'épaisseur, n'a pas résisté à la pluie qui s'est abattu avant la pose du revêtement de toit.

Cette forme de toiture laisse beaucoup d'espace pour la mezzanine.

Cette forme de toiture laisse beaucoup d'espace pour la mezzanine. © Lisa Hör

Sophie ne se décourage pas, et recommence, cette fois avec du lambris et l'aide de son père charpentier-couvreur. "J'ai construit l'équivalent de deux tiny houses au final, avec tout ce que j'ai dû refaire", s'amuse-t-elle.

Vue depuis la mezzanine.

Vue depuis la mezzanine. © Lisa Hör

En même temps que la construction, elle découvre la solidarité parmi les passionnés de tiny houses. De nombreuses personnes passent donner un coup de main et apprendre lors de chantiers participatifs. Prochains travaux au programme : le raccordement au réseau d'eau.

Oublié, le projet de maison de 230 m2 ? Pour le moment oui. D'autant que la propriétaire, installée depuis un mois, ne manque pas de place dans ses 18 m2 (six placards au moins sont encore vides).

Sophie prévoit de rester un an sur son terrain, avant d'emmener sa tiny house sur la route. En attendant, celles et ceux qui voudraient tester cette vie minimaliste, pourront louer la Rosalie de temps à autre, en la contactant sur sa page facebook.

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