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ALLER AU CHARBON - Obtenu à partir de végétaux carbonisés, le biochar permet aux terres pauvres de se régénérer et de bénéficier d'une incroyable fertilité.

Scientifiques, hydrologues ou encore agronomes le scrutent de près. Il faut dire que l'intérêt du biochar ne se limite pas à l'agriculture, certains spécialistes le voient même comme une réponse forte aux enjeux climatiques. S'il a été redécouvert dans les années 70, alors utilisé par des peuples d'Amazonie, ce matériau serait né entre -800 et 500 entre les mains de populations indigènes des civilisations précolombiennes. Des siècles plus tard, c'est la terra preta qui attise toutes les convoitises.

Ces sols, que l'on peut littéralement traduire par “terre noire”, sont extrêmement fertiles et se caractérisent notamment par une couleur très sombre, d'où leur nom. Leur richesse, ils la doivent à l'enfouissement d'un tas de déchets organiques, de nutriments, de débris de poterie mais surtout d'un charbon de bois spécial d'origine végétal, que l'on nomme aujourd'hui “biochar”.

Le biochar, une réponse au réchauffement climatique et à l'appauvrissement des sols ?

La micro-porosité de ce charbon permet en effet de modifier les propriétés chimiques des sols, en favorisant la rétention de l'eau et des nutriments. Dans cette terre aérée et riche, le développement de la vie microbienne est facilité, ce qui améliore grandement la croissance des plantes et ce, sans l'ajout d'engrais. Destiné à reconstituer et améliorer des sols lessivés, les rendements agricoles offrent d'incroyables possibilités. Une récolte plantée avec ce type d'amendement a une capacité de rendement jusqu'à quatre fois supérieure à celle de la même récolte cultivée dans un autre sol.

Outre ses avantages agricoles, le biochar permet de séquestrer et stocker le carbone pendant des centaines d'années. Une spécificité évoquée dans l'un des rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dans lequel les experts le présentent comme “une technologie à émissions négatives” ou “puits de carbone”. Une tonne de biochar peut en effet absorber 3,4 tonnes de CO2, réduisant au passage les émissions de protoxyde d'azote, “un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone”, comme le précise Les Echos.

Comment fabriquer un biochar maison ?

Il est possible de fabriquer son propre biochar. Pour cela, vous avez besoin de deux tonneaux en métal et d'un petit bidon qui feront office de cheminée et de four à biochar, un contenant dans lequel on fabrique du charbon par pyrolyse, c'est-à-dire sans oxygène. On l'appelle aussi Top-lit updraft kiln (T.L.U.D) dans le jargon, mais vous pouvez dire four à biochar ! Organisez votre structure en plaçant à l'intérieur du grand tonneau le contenant de taille intermédiaire. Celui-ci doit être rempli de bois et ne laisser passer pas (ou très peu) d'air pour permettre la pyrolyse. 

A l'aide de marteaux et de poinçons, venez perforer le bas du grand tonneau afin de créer une aération et mettez-y également du bois. Fabriquez ensuite une petite cheminée avec le petit cylindre sur le dessus du grand tonneau. Allumez un feu avec le bois en contact avec l'air, le seul à donc pouvoir se consumer. Une fois réduit en cendres (qui ne nous intéressent pas), allez récupérer le charbon obtenu après la combustion de bois piégé dans le tonneau sans oxygène. Finissez par le réduire en fines particules et voilà votre biochar maison !

Vous pouvez aussi suivre cet autre tuto-atelier pour fabriquer un four à biochar, avec toutes les étapes pas à pas.