Emmanuel Chirache et Lisa Hör - Publié le 10 janvier 2022
POUBELLE LA VIE - Envie de vous y mettre ? Ces particuliers, chefs d'entreprise écolo et conseillères en zéro déchet nous expliquent quels sont leurs objectifs pour 2022 !
Si le confinement avait permis de faire reculer la pollution dans le monde et purifié notre air, la pandémie n'a pas fait que du bien à la planète : la production de déchets en plastique a massivement augmenté (emballages liés à la consommation en ligne, tests PCR, masques, gants, vitres de protection...) durant cette période.
Selon une étude publiée le 8 novembre dans la revue de l'Académie des sciences des États-Unis (PNAS), 26 000 tonnes de déchets liés à la pandémie auraient été produits en 2020 et 2021, pour finir dans les océans. Dans ces conditions, le zéro déchet est devenue non seulement un mode de vie plus compliqué à suivre, mais hélas plus nécessaire que jamais.
Nous avons demandé à 5 expertes et experts du sujet comment ils avaient vécu l'année 2021 et comment ils comptaient s'améliorer cette année.
1. Malgré le Covid, aller encore plus loin que le zéro déchet
Amandine Zajakala, 29 ans
- Ses conseils pour se lancer dans le zéro déchet.
- Son livre EcoloMe : - de déchets, + de budget, publié le 10 mai 2021 aux éditions Terre Vivante
- Son compte Instagram : @ecolo_me
18h39 : Quelle est le geste écolo que vous êtes le plus fière d'avoir accompli en 2021 ?
Ma plus grande fierté est de produire notre propre nourriture à tous. C'est un acte citoyen très valorisant en plus d'être bon pour la santé, car tout est fait à la maison, de la pousse des fruits et légumes à leur consommation, en passant par le recyclage des déchets. Il y a aussi le développement de l'anti-gaspi à la maison, notamment auprès de mes enfants.
Quelle marge de progression pensez-vous avoir sur le sujet du zéro déchet ?
Le zéro déchet n'est pas une fin en soi car l'initiative seule n'est pas la plus efficace en termes d'écologie. Éviter un déchet, c'est bien, mais pas que : éviter le déplacement inutile et réduire l'empreinte carbone le plus possible autour dudit déchet permet de faire évoluer la cause. Consommer du circuit court, c'est bien, mais consommer du circuit court avec le moins d'emballage et une empreinte carbone la plus réduite possible, c'est mieux.
Il y a aussi mutualiser ses déplacements, réduire sa consommation de viande, placer son argent dans des initiatives éthiques… Par exemple, pour un maraîcher très proche des habitations, ne faire qu'une seule tournée par semaine, avec des contenants réutilisables, pourrait être une idée à proposer et à creuser. Car acheter du zéro déchet qui viendrait de loin reviendrait à jouir d'un produit qui a, au final, une empreinte carbone importante.
De manière plus large, avec le Covid, il est difficile de faire du zéro déchet. Mais il ne faut rien lâcher et persévérer : chaque petite action réalisée à notre échelle est importante et contribue à développer la réflexion dans l'esprit de chaque personne, pour le bien des générations futures.
Propos recueillis par Stéphane Sorhaindo.
2. Quand la fermeture de l'épicerie en vrac remet tout en cause
Catherine, 44 ans
- Retrouvez ses motivations pour participer à ce défi dans cet article,
- Lisez son premier bilan de son défi zéro déchet.
18h39 : Vous avez réussi haut la main le défi zéro déchet l'an passé. Est-ce que vous pensez pouvoir faire aussi bien en 2022 ?
Notre épicerie vrac a fermé le 31 décembre 2021, c'est dommage et cela remet en question une partie des efforts que l'on avait fait jusque-là. Avant, je pouvais faire la plupart de mes courses en vélo, maintenant je vais devoir prendre la voiture. Le supermarché le plus proche de chez moi a commencé à installer un rayon vrac, pour l'instant il y a seulement les distributeurs, vides.
Je ne sais pas encore dans quelle mesure je choisirai cette solution, car le but n'est pas vraiment d'enrichir la grande distribution. L'autre possibilité est d'aller plus loin, dans une autre épicerie vrac. Peut-être d'y aller moins souvent et d'acheter en plus grandes quantités. Mais cela nécessite de faire du stockage et je n'ai pas beaucoup de place !
Je pense que ce sera un mix de tout ça, en espérant qu'une autre épicerie vrac ouvre plus près de chez nous. Le dernier journal de la commune mentionnait la mise en place du paiement au poids pour le ramassage des poubelles, ça va sans doute booster la demande pour la vente en vrac.
3. Être déjà très fière du chemin parcouru
Laëtitia Crnkovic, 37 ans
- Son site Zéro Déchet Trégor
- Notre entretien vidéo avec elle sur notre chaîne YouTube.
18h39 : Avez-vous connu des difficultés ou des frustrations zéro déchet cette année, notamment à cause du Covid ?
Je déplore que le gouvernement ne prenne pas les mesures nécessaires pour la réduction des déchets. Avec le Covid, certaines lois ne sont pas appliquées ou peu, comme celle d'accepter les contenants dans les commerces. Ou la consigne, qui est encore trop peu répandue. Du coup, pas toujours facile de baisser la quantité de verre, même si nous réutilisons la majeure partie de nos bocaux, pour les bouteilles de vin c'est une autre histoire !
Mais sincèrement, pas de difficultés ou frustrations pour nous, car on se lâche la grappe par moment pour éviter d'avoir trop de pression. Notre déception : découvrir le pourcentage de déchets réellement triés et recyclés... Mais cela a boosté notre foi en "le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas."
Quelles sont vos résolutions pour aller plus loin en 2022 ?
Être fière de soi, du chemin accompli, pérenniser celui-ci. Continuer de sortir deux poubelles de tri par an pour nous trois ! Et une poubelle de tri pour nos deux entreprises par an également. Diminuer notre quantité de bouteilles en verre.
Mais nous avons bon espoir car un réseau de consigne se met en place en Bretagne pour aller plus loin. Aujourd'hui, nous souhaitons continuer notre transition écologique. Nous sommes déjà végétariens, avons quasi arrêté de prendre l'avion, nous consommons un max local et bio.
Nous aimerions maintenant végétaliser encore davantage notre alimentation pour alléger notre empreinte carbone, en diminuant encore un peu plus notre consommation de produits laitiers et faire plus de cueillette sauvage.
4. Faire son pain et sa propre pâte à pizza
Gérard Bellet, 36 ans
- Retrouvez son interview pour 18h39 dans laquelle il présentait Jean Bouteille.
18h39 : Quelles sont vos bonnes résolutions zéro déchet pour 2022 ?
On peut déjà se dire que ce que l'on fait, c'est bien. Et c'est important de continuer à faire ce que l'on fait déjà, de ne pas abandonner, car la période est pleine d'aléas. Depuis le déconfinement, les habitudes de courses changent un peu, j'ai une vie plus compliquée en ce moment.
Désormais, je fais mon pain avec mon levain, je voudrais aussi faire ma propre pâte à pizza. Sinon, j'ai un lombricomposteur, mais j'aimerais avoir un vrai composteur. Et en magasin, on va essayer de sortir des yaourts et des crèmes de soin en vrac.
5. Réparer soi-même ses objets, surtout les vêtements
Marine Foulon, 28 ans
- Retrouvez ses conseils pour éviter d'acheter des objets neufs (et prolonger la vie de ceux qu'on a déjà).
18h39 : Est-ce que vous imaginez encore de nouvelles étapes vers le zéro déchet pour vous en 2022 ? Et pour le défi "Rien de neuf" ?
Je pense avoir une marge de progression du côté de l'alimentation, en consommant plus local. Et j'aimerais avoir accès à plus de produits consignés grâce au développement de la filière. Mais pour 2022, j'aimerais surtout davantage apprendre à réparer mes objets et en particulier les vêtements : couture, visible mending [la réparation visible, ndlr] , personnalisation...
Nous avons terminé 2021 avec 69 000 participants au défi “Rien de neuf ?”, soit 20 000 nouvelles personnes ! Pas d'objectif précis pour 2022, mais on peut toujours rêver aux 100 000 participant-es, ce serait un nombre impactant d'un point de vue médiatique et politique.