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MAKER - Françoise travaille enfin le bois comme elle en a toujours eu envie. Chaque semaine, elle se rend au FabLab de Bron pour fabriquer meubles et accessoires déco avec la découpeuse laser.

Oui, tout le monde peut être une makeuse ou un maker. Non, les FabLabs, ces ateliers de bricolage remplis de machines parfois impressionnantes, ne sont pas réservés qu'aux designers, entrepreneurs et autres professionnels.

À 70 ans, Françoise le prouve toutes les semaines. Chaque lundi après-midi, elle se rend au FabLab de la Cyberbase de Bron, près de Lyon, pour fabriquer fauteuils, pendules et autres objets pour sa maison et ses proches. Autant de créations qu'elle partage sur son blog La Lyogauthèque.

Si elle se sent parfaitement à l'aise dans cet univers à la fois manuel et à la pointe de la technologie, elle connaît “des dames d'un certain âge qui ont de la peine à franchir le pas”, comme elle nous le raconte par téléphone.

C'est pour cette raison, pour donner envie à davantage de personnes de pousser la porte d'un FabLab, que Françoise a répondu à notre appel à témoignages.

Françoise aux commandes de la découpeuse laser. © FabLab de la Cyberbase de Bron

De l'imprimante 3D à la découpeuse laser

La première fois qu'elle a visité le FabLab de Bron, celui-ci s'appelait encore la Fabrique d'objets libre. C'était en 2015. Françoise voulait voir de plus près une imprimante 3D. Elle a apprécié découvrir les logiciels, imprimé quelques “bricoles”, un top pour le haut de son pied de parasol par exemple.

Mais au final, cet outil ne l'a pas tellement enthousiasmée. Il faut dire que le plastique utilisé pour imprimer ces objets n'est pas son matériau préféré.

En revanche, elle a adopté une autre machine numérique : la découpeuse laser. À partir du moment où elle l'a testée, “c'était fantastique, j'avais mille idées !”, se souvient Françoise.

Le plaisir de fabriquer soi-même, pour les autres

Françoise, professeure de mathématiques à la retraite, a toujours voulu faire quelque chose de ses mains. “Un équilibrage par rapport aux maths”, analyse-t-elle. Si elle a réalisé quelques travaux dans sa maison de campagne, même à une époque où cela se faisait moins pour une femme de bricoler, il lui restait un désir à réaliser.

Elle a toujours eu envie de travailler le bois, sans oser se lancer. “Je ne suis pas à l'aise avec les machines à bois, j'en ai un peu peur, raconte-t-elle. Alors que là, j'enferme le panneau de bois dans la découpeuse laser (un laser se charge de découper la forme souhaitée, selon les plans rentrés dans l'ordinateur, ndlr.) et ça me va très bien. Le travail est bien fini, on sort des pièces impeccables.

Jeu d'échecs fabriqués par Françoise. © FabLab de la Cyberbase de Bron

Un sens de la précision qui lui permet de graver un dessin d'Alice aux Pays des Merveilles sur une boîte à puzzles, ou encore de découper toutes les pièces d'un jeu d'échecs.

Quand on fabrique soi-même, ça met plus de temps que de signer un chèque au magasin d'à côté, mais ça fait très plaisir de faire soi-même. Je pense aux gens à qui je vais offrir l'objet pendant tout le temps de la conception”, répond-elle quand on l'interroge sur sa motivation.

Bricoler en FabLab, pas une question de sexe, ni d'âge

La découpeuse laser, et l'imprimante 3D n'étaient pas les premières machines à commande numérique qu'elle utilisait. Avant celles-là, il y a eu la brodeuse numérique qu'elle a découverte en 2007 alors se rendait en magasin pour changer de machine à coudre (pour découvrir ses créations, rendez-vous sur son autre blog Lyogau).

Les gens autour d'elle appréciaient ses créations mais n'étaient pas tellement intéressés par la façon dont elle avait réussi à les produire. “C'était un peu solitaire comme activité, estime-t-elle aujourd'hui. En opposition avec ce que je peux faire au FabLab, où on parle de ses projets !

“C'est ce que j'apprécie le plus, c'est le partage. Je suis tombée dans une ruche de gens extrêmement bienveillants”, apprécie-t-elle. Elle savoure autant l'utilisation de la machine que le temps d'échange avec les autres visiteurs.

Parmi eux, encore une minorité de femmes. “Il y a l'idée que les machines sont faites pour les hommes, le travail sur logiciel c'est un peu pareil”, analyse Françoise. “Mais j'essaie de dire aux gens que ce n'est pas une question de sexe.”

Ni d'âge visiblement. D'ailleurs, Françoise a commencé à fréquenter ce FabLab avant même que l'un de ses fils n'en visite un sur Paris.

Si son exemple, vous donne envie de tenter l'expérience à votre tour, jetez un œil à la carte des FabLabs, pour savoir lequel est le plus proche de chez vous !

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