Clémence Leleu - Publié le 5 juin 2017
CAMPING - Frédéric a mis 4 ans à rénover cette petite pépite aux couleurs américaines. Veille de 66 ans, elle semble pourtant tout juste sortie de l'atelier. Visite.
Lorsque l'on pousse la porte de cette étonnante caravane à la carlingue chromée, on ressent cette étonnante impression de faire un saut dans le temps. En un pas, on quitte la Creuse de 2017 pour atterrir dans les États-Unis des années 50.
Des banquettes moelleuses au cuir rouge et blanc, en passant par la salière et poivrière aux couleurs d'une célèbre marque de soda, les assiettes et mugs floqués de drapeaux ou de grandes figures américaines, ou encore le vieux presse agrumes manuel, tout donne l'illusion d'être dans un drive-in américain.
Le réfrigérateur et la gazinière, d'époque, accentuent encore davantage cette délicieuse sensation.
Car ici, vous ne trouverez rien de neuf. Tout a été chiné consciencieusement par Frédéric, professeur des écoles et propriétaire de cette surprenante caravane, répondant au petit nom de Royal Spartanette, de la Spartan Aircraft Compagnie. Principale concurrente des Airstream.
Tout comme les objets chinés par Frédéric, qui arrivent le plus souvent d'Outre-Atlantique, cette caravane de 10 mètres de long a traversé l'océan avant de rejoindre ce jardin creusois.
“J'ai commencé des recherches sur internet en septembre 2010 et un mois plus tard, je mettais la main dessus. Elle était à Appletown dans le Wisconsin”, explique ce passionné des États-Unis et de vieilles voitures et caravanes.
Une rénovation intégrale
Une fois la caravane installée, il a fallu que Frédéric rénove sa petite pépite. “Il y avait le réfrigérateur américain, le four, la douche avec la peinture d'origine et dans un bon état. Mais aux États-Unis, elle servait d'abri aux pêcheurs et chasseurs, les murs et le sol avaient un peu souffert”, explique-t-il.
Alors, pour la mettre aux normes et lui apporter davantage de confort, Frédéric s'est lancé dans de longs travaux. Démontage des panneaux pour y installer l'électricité, isolation, décapage des panneaux de bouleau, vernissage, installation d'un parquet flottant...
Le chantier fut conséquent. “Il faut s'y connaître un peu en bricolage”, confie humblement Frédéric qui a travaillé à la rénovation de cette caravane pendant 4 ans, “mais pas à plein temps”.
“Mais cette caravane était très en avance pour l'époque. Lorsque l'on mettait le poêle en route, avec un système ingénieux de ventilation, l'air courait dans des tuyaux pour arriver dans la chambre. Diffusant l'air chaud dans l'intégralité des 25 m2”, explique le père de famille de 53 ans.
ll a également fallu relier la Spartanette au tout à l'égout pour pouvoir s'y doucher et utiliser les sanitaires sans avoir à vider soi-même les eaux grise et noire.
“Elle est reliée de telle façon que l'on peut tout débrancher pour partir. Même s'il faut l'avouer, avec ses 10 mètres de long, il serait bien difficile de prendre la route avec. Elle est plus adaptée aux grandes chaussées américaines !”, s'amuse Frédéric.
Tout le confort dans un petit espace
Ce petit cocon aux couleurs de l'Oncle Sam n'a rien à envier aux studios des immeubles contemporains. Avec son coin chambre séparé du salon et de la cuisine par un long couloir, on ne se sent aucunement à l'étroit.
Quant aux nuits passées à bord de ce véhicule désormais immobile, elles ont un petit parfum d'antan. Le lit, logé à l'extrémité arrondie de la Spartanette, donne aux dormeurs l'impression d'être dans un écrin de bois.
Avec, à portée de main, des petites appliques, d'époque elles aussi. De quoi plonger la chambre dans l'obscurité une fois les stores de bois baissés sur les fenêtres de cette caravane.
Un coin de retraite où Frédéric va parfois passer la nuit “J'y passe parfois 3-4 jours pour être dépaysé. La première année, nous avons même fêté la nouvelle année à l'intérieur !”
Ses deux enfants vont également s'y réfugier, seul ou avec leurs amis pour passer une soirée bien plus originale que les classiques soirées pyjamas.
Frédéric loue par ailleurs occasionnellement sa Royal Spartanette à ceux qui voudraient goûter au charme de l'Amérique des années 50 sans souffrir du décalage horaire. “Lorsque je vois du monde dedans, je suis content. Elle vit, c'est bien”, confie Frédéric. L'ultime voyage de cette caravane aura sans doute été son plus beau.