Lisa Hör - Publié le 18 décembre 2018
SIMPLICITÉ VOLONTAIRE - Ce couple a choisi de vivre simplement pour disposer de plus de temps. Dans leur tiny house, ils n'ont presque pas de facture à payer !
Le logement est le premier poste de dépense pour les Français, mais pas pour Anton et Romane. Ils ne payent pas de loyer et sont propriétaires, sans crédit à rembourser. Le jeune couple n'a pas hérité, il a construit une tiny house, une mini-maison mobile, ce qui leur a coûté beaucoup moins cher qu'une maison traditionnelle.
Ce choix s'inscrit dans une démarche de simplicité volontaire : ils ont décidé de réduire
leurs dépenses pour avoir moins besoin de travailler. Et utilisent le temps dégagé pour faire un maximum de choses par eux-mêmes et moins consommer.
Ça a l'air facile comme ça, mais comment font-ils au quotidien ? Après nous avoir raconté leur cheminement vers plus d'autonomie, Anton a accepté de nous détailler leur budget !
Les dépenses liées à la maison, réduites au minimum
Loyer : 0 euro
Cette année, le couple, qui raconte son périple sur le blog Mobilab Songo, a visité huit lieux différents avec sa tiny house. À chaque fois, il stationne sa maison mobile gratuitement, sans payer de loyer, mais en échange de services.
Assurances : 16 euros par mois
Anton et Romane payent 160 euros d'assurance pour leur camion et 40 euros pour leur responsabilité civile par an.
Électricité : 0 euro
Leur tiny house est équipée de panneaux solaires pour assurer l'éclairage notamment, elle n'est donc pas raccordée au réseau électrique. Pas de facture à payer pour ce poste !
Chauffage et eau chaude : 0 euro
Anton et Romane chauffent leur habitation avec un poêle rocket, un type de poêle très économe en bois, qu'ils ont fabriqué eux-mêmes. Dès qu'ils en ont l'occasion, ils aident d'autres personnes à couper leur bois et en récupèrent une partie en échange.
Leur poêle chauffe aussi l'eau de la douche, comme ils l'expliquent dans cette vidéo :
Eau : 0 euros
Puisqu'ils ont installé un récupérateur d'eau sur leur tiny house, ils sont aussi autonomes en eau. Ils utilisent l'eau de pluie pour la douche et la vaisselle et la machine à laver... qu'ils ont d'ailleurs fabriqué eux-mêmes !
Pour se ravitailler en eau potable, ils vont remplir leurs bidons, chargés dans la remorque à l'arrière de leur vélo, aux points d'eau les plus proches, fontaine ou maison. C'est aussi de cette manière qu'ils se ravitaillent en eau pour la douche s'il ne pleut pas assez. Ils prévoient aussi de fabriquer un filtre biologique à sable, pour potabiliser l'eau de pluie.
Gaz : 2 euros par mois
En un an, ils ont consommé une bouteille et demi de gaz pour la cuisine, soit 25 euros de gaz. Pour économiser, ils cuisinent au maximum sur le poêle durant l'hiver.
Alimentation : 200 euros maximum par mois pour deux
Puisqu'ils sont itinérants, Romane et Anton ne peuvent pas encore produire leur propre nourriture. Le mieux pour eux est de s'approvisionner directement auprès des collectifs qui les accueillent, et qui souvent ont leur propre potager, moyennant argent ou coup de main. Sinon, ils récupèrent légumes et fruits à la fin des marchés, ou en dernier recours, vont au supermarché.
Téléphone et Internet : 12 euros par mois pour deux
Anton et Romane ont besoin d'internet pour alimenter leur site, sur lequel ils partagent leurs tutoriels, Mobilab Songo. Pour cela, ils utilisent le forfait Internet de leurs téléphones.
Essence : 34 euros par mois
Leur tiny house est posée à l'arrière d'un camion, mais ils ne prennent la route que pour changer de lieu de vie. Ils ont ainsi parcouru 2500 km cette année et consommé 275 litres de gasoil. Au quotidien, ils se déplacent à vélo, à pied ou en stop.
Budget global avec les autres postes : 600 euros max par mois pour deux
Au final, même si leurs dépenses sont très variables selon l'endroit où ils stationnent, Anton estime qu'elles ne dépassent pas 600 euros pour deux par mois. Sans qu'ils aient le sentiment de se priver : “Si on a vraiment un besoin, on se donne les moyens d'y répondre.”
Comment financer le départ dans cette nouvelle vie ?
Construction de leur tiny house : 11900 euros
Anton et Romane ont acheté un camping-car 4900 euros. Au début, ils pensaient simplement l'aménager, mais ont dû refaire toute la structure et acheter plus de matériaux que prévu. Ils ont donc dépensé 7000 euros pour construire la tiny house, panneaux photovoltaïques inclus. Une somme qu'ils ont financée par eux-mêmes.
Lancement de leur activité pro : 7300 euros
Pour lancer leur activité professionnelle (conférences et ateliers autour de l'autonomie), ils ont fondé une association et organisé une collecte d'argent en ligne. Ils ont récolté ainsi 7300 euros et pu investir dans des équipements médias, des outils et des matériaux.
Comment gagner de l'argent chaque mois ?
Conférences et ateliers : participation libre
Pour chaque atelier qu'ils organisent, Romane et Anton favorisent la réciprocité. Échange de services, don d'outils ou de matériaux, argent… la rémunération est libre. Si besoin, ils peuvent émettre des factures via leur association. Ils prêtent ou louent aussi parfois le matériel de l'association.
Compte Tipeee : 122 euros par mois (pour l'instant)
Le couple a également mis en place un Tipeee Mobilab Songo, c'est-à-dire une page grâce à laquelle chacun-e peut soutenir leur projet en donnant une petite somme par mois.
Travaux saisonniers : variable
Pour le moment ils n'en ont pas eu besoin, mais Anton et Romane se laissent la possibilité de travailler quelques semaines comme salariés, pour renflouer leur budget.
Aides sociales : 0 euros (pour l'instant)
Depuis le début de leur projet en 2015, ils n'ont bénéficié d'aucune allocation. Anton, qui vient d'avoir 25 ans, a fait récemment une demande de RSA. S'il le touche, ”libéré d'une partie de la pression financière, je travaillerai encore plus souvent gratuitement. Et si j'arrive à diminuer encore mes besoins, j'envisage de redonner une partie de mon revenu à des associations d'aide aux migrants”, affirme-t-il.
Le maître mot de ce mode de vie alternatif est donc bel et bien la solidarité, dans les deux sens, tant pour trouver des sources de financement que pour partager les connaissances et l'expérience amassées.