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SOLIDARITÉ - Marqué par une nuit passée dans la rue, ce maker a imaginé une structure simple à construire avec peu de moyens. Il donne les plans sur Internet pour qui voudra l'améliorer.

Mise à jour du 11 octobre 2019 : Le projet a pris de l'ampleur, Yassin Hajji organise désormais des chantiers participatifs tous les week-ends, pour construire des abris avant l'hiver. Pour soutenir cette initiative, une cagnotte participative est en ligne encore quelques jours sur Leetchi et plus longtemps sur Facebook.

Il y a plusieurs années, suite à une dispute avec son père, Yassin Hajji a dormi dehors. Cette mauvaise expérience a duré une seule nuit, mais l'a profondément marqué. “C'était l'été mais j'ai eu froid, raconte-t-il. Je me suis dit que les SDF devaient galérer et que, quand j'aurais de l'argent, je ferais quelque chose.”

À 27 ans, après avoir travaillé comme technicien dans l'électronique, il est en recherche d'emploi, mais tire parti de cette pause pour développer son concept de logement d'urgence, avec deux amis ingénieurs bois. Il vient de présenter le résultat au FabLab Festival, le rendez-vous des makers et autres bricoleurs, qui se tient tous les ans fin mai 2019 à Toulouse.

Cet abri, à la fois léger et spacieux, a le grand avantage de pouvoir être monté en 40 minutes :

Une arche facile à chauffer

Son idée de logement d'urgence a commencé à voir le jour l'an dernier. Il commence par aider l'association la Manufacturette à construire des dômes géodésiques pour les réfugiés. Mais ces demi-sphères complexes, composées d'une multitude de triangles, ne lui semblent pas la solution la plus pratique. Il imagine alors une forme d'arche. Deux ouvertures sur les façades font à la fois office de portes et de fenêtres. Une petite serre peut être ajoutée devant la porte.

Arch Crowd. © Yassin Hajji

“Cette forme permet d'avoir un maximum de surface pour un minimum de matériaux, explique-t-il. Cela permet aussi d'avoir moins de volume à chauffer que dans une structure rectangulaire.”

Le but est bien sûr de minimiser les frais. La première version, d'une surface de 8 m² et d'une hauteur de 2 mètres en son milieu, lui a coûté 300 euros, en achetant du bois et du polystyrène expansé pour l'isolation. Les deux versions suivantes, encore plus simples à assembler, il les fabrique avec des matériaux de récupération.

Yassin Hajji au FabLab Festival de Toulouse, en mai 2019. © Lisa Hör

Solutions low tech pour plus de confort

Pour le moment, un seul de ses prototypes est habité. Yassin a monté une arche dans les bois près de Toulouse, pour une femme qui vivait jusqu'ici sous une tente, en avril 2019. Il s'agit pour le moment d'un simple abri, mais il travaille sur des solutions pour apporter plus de confort et d'autonomie.

Pour le chauffage, par exemple, il travaille actuellement sur un poelito, à partir d'un bidon métallique, c'est-à-dire un petit poêle de masse, qui accumule la chaleur. Avec un autre bidon et des plaques d'OSB, il vient de terminer des toilettes sèches. Il imagine aussi construire une petite éolienne pour l'électricité. Autant de solutions low tech, qui ne nécessitent pas de ressources rares ni chères, mais qui répondent à des besoins essentiels.

“Je bricole modestement”, minimise Yassin, ouvert à toutes les améliorations que chacun-e pourrait apporter. Il donne en effet les plans de sa structure gratuitement à qui le contacte sur son site Arch Crowd. Il tient à jour une carte des lieux où l'on peut se procurer des matériaux de récupération autour de Toulouse, et envisage de donner des formations aux personnes sans domicile pour construire leur propre abri.

Fabrication des toilettes sèches. © Lisa Hör

En attendant que d'autres personnes s'emparent de cette idée, il est temps de démonter l'arche présentée au FabLab Festival. Il n'y en aura que pour 15 minutes. Le tout près une cinquantaine de kilos et tient dans le coffre d'une voiture. C'est ce qu'il faut pour parer aux vraies urgences.