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UPCYCLING - Selon ce collectif, le design favorisera l'adoption des objets issus du réemploi par le plus grand nombre. Un bon point pour l'écologie !

Ce sont trois jeunes designers qui ont envie de changer les choses dans le milieu de la création. Camille Chardayre, Amandine Langlois et Jérémie Triaire, ont misé sur le réemploi. Autrement dit, de donner une seconde vie à un meuble ou un objet en le transformant, sans passer par la case recyclage. 

Ils ont entre 28 et 30 ans et forment, à eux trois, le Collectif Prémices. Incubés aux Ateliers de Paris depuis 3 ans, ils se sont notamment fait connaître en réalisant la signalétique de la Nuit blanche 2016 à Paris, en réutilisant le bois d'anciennes caisses de transport de tableaux (les tableaux sont transportés dans des caisses sur-mesure, qui ne sont jamais réutilisées).

Camille Chardayre et Jérémie Triaire, nous en disent plus sur leur démarche.

Qu'est-ce qui vous a mené vers l'upcycling ?

J : Lorsque nous travaillons sur la scénographie d'une exposition, à la fin du projet, tout ce qu'on a produit est jeté. Cela nous a amené à questionner l'ensemble de nos projets à travers le prisme de l'économie circulaire : comment penser le cycle des matériaux qu'on va intégrer à nos projets ? (Ndlr : et éviter que tout parte à la poubelle à la fin).

Ce qui vous a amené à créer les ateliers Chutes libres...

J : Ces ateliers, soutenus par l'Ademe, se déploient dans les musées. Les chutes de bois issus des scénographies des expositions temporaires sont transformées en meubles. Les participants à l'atelier repartent ensuite avec leur meuble sous le bras. 

Qu'est-ce que le design peut apporter au réemploi et à l'upcycling ?

C : Le réemploi est souvent perçu comme quelque chose de pas cher et pas très beau. On ne pense pas à un bel objet. Avec le design, on privilégie l'esthétique et la fonctionnalité, comme pour n'importe quel objet classique.

J : On a créé un claustra avec des skis réemployés, les personnes n'ont pas vu qu'il s'agissait de skis, ce n'était pas ostentatoire. 

Claustra réalisé avec des skis.

Claustra réalisé avec des skis. © Prémices

C : C'est comme cela que l'objet issu du réemploi sera accepté. Quand on en fait un soi-même, il ne faut pas hésiter à ajouter un petit élément neuf à l'objet pour lui donner une nouvelle identité. 

Récemment, vous avez aussi réalisé un workshop en partenariat avec Emmaüs Défi, en quoi cela s'intègre à votre démarche ?

J : Lors du workshop, on a montré [à des participants créateurs professionnels] comment le design peut intervenir pour transformer un objet. Ils ont ensuite produit, comme nous l'avions fait en amont, une série de petits prototypes avec des ressources constituées par les objets régulièrement jetés, ou qui trouvent difficilement acquéreur.

Par exemple : du bois de façade de meubles détériorés, qui ne sont pas réparables ou sont invendables, des gros buffets, des petites tables à roulettes, de la vaisselle dépareillée, des petits tupperwares, des vêtements... 

Les vêtements se recyclent bien pourtant ?

C : Si on peut réemployer les choses avant de les recycler, il faut le faire. C'est mieux en terme d'énergie utilisée. Il ne faut pas partir de l'idée que tout doit être recyclé. L'objet peut avoir une seconde vie avant d'en avoir une troisième.

Découvrez les créations réalisées lors du workshop :

 

Comment faire pour que plus d'objets et de meuble soient créés dans une logique de réemploi ? 

J : Il y a un vrai manque de communication entre le monde des déchets et celui des concepteurs. Ces derniers ont des besoins de matériaux, mais n'ont pas de visibilité sur ceux qui sont effectivement disponibles. 

Pour rendre visibles ces matériaux aux professionnels, nous réfléchissons à une plateforme web qui ferait se rencontrer les concepteurs et les détenteurs de ressources. Il y a une forte demande des deux côtés, notamment des ressourceries qui jettent trop à regret. 

Infos => en savoir plus sur les Ateliers Chutes Libres

À retenir

  • Il vaut mieux réemployer que recycler.
  • Pour que les objets issus du réemploi soient acceptés, il faut soigner leur design, voire que les objets réemployés passent inaperçus.
  • Quand on crée un objet soi-même, ne pas hésiter à ajouter un élément neuf pour lui donner une nouvelle identité.