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ENGAGEMENT - Cela vaut-il vraiment la peine de changer vos habitudes de vie puisque la planète est déjà fichue de toute façon ? La réponse est oui bien sûr ! Laissez-nous vous remotiver !

Si vous étiez devant l'enquête de Cash Investigation sur le plastique, mardi 11 septembre 2018, peut être avez vous été découragé-e par ces images de montagnes de déchets (sinon, vous pouvez rattraper les moments forts ici). Un brin démoralisant...

Surtout lorsque l'on voit les représentants de deux associations, Gestes Propres (anciennement Vacances Propres) et Clean Europe Network, mettent toute la responsabilité de la pollution sur les consommateurs, en dédouanant certaines grosses entreprises qui les financent ou pour qui ils font du lobbying.

À quoi bon agir à sa petite échelle, quand on voit les efforts déployés par les producteurs d'emballages pour que rien ne change ? Cela vaut-il vraiment la peine de modifier ses habitudes de vie et de se lancer dans le zéro déchet ? Voilà les arguments que vous répète le petit diable sur votre épaule et vos proches moins convaincus que vous de l'urgence d'agir.

Que pèse ce paquet de madeleines emballées individuellement, que vous achèteriez bien pour le goûter, face à la tonne de plastique se retrouve dans l'océan chaque seconde, de toute façon ? La planète est déjà fichue n'est-ce pas ?

On a demandé à deux militantes, Flore Berlingen, directrice de l'association Zero Waste France, et Fanny Vismara, porte-parole du collectif citoyen Plastic Attack France, si ça valait toujours la peine de s'engager.

Réduire le volume de sa poubelle, ce n'est pas rien

"Je ne peux pas me dire "c'est trop tard, tant pis si on envoie plus de plastique dans les océans". Il n'est jamais trop tard pour fermer le robinet", répond Flore Berlingen. Si le plastique est déjà partout dans la nature, ce n'est pas une raison pour en rajouter, donc.

Pas question pour pour autant pour Zero Waste France de culpabiliser les individus : plutôt de responsabiliser chacun-e, en insistant sur le fait que de trier et ramasser les déchets ne suffit pas, il faut aussi réduire le volume de nos poubelles.

Mais est-ce qu'on peut vraiment avoir un impact, avec des petits gestes du quotidien ? Même sans viser absolument le zéro déchet, nous avons une grande marge de manœuvre constate en tout Flore Berlingen : "le poids moyen de la poubelle d'un Français est de 270 kilos, il y a des villes qui sont à moins de 150 kilos par habitant."

Passer de consommateur à consommacteur

Il n'y a pas que le poids de sa poubelle, il y a aussi le poids politique. "Il ne faut pas raisonner qu'à son échelle, si vous vous y mettez, vos amis vont le voir", estime Fanny Vismara, confiante dans l'effet boule de neige. "Chacun à son niveau à du pouvoir : son pouvoir d'achat. On est 60 millions de consommateurs, ça fait 60 millions de voix."

Plastic Attack a organisé une première opération en juin 2018, en invitant tout le monde à laisser ses emballages en plastique aux caisses des magasins. L'objectif : que les magasins demandent à leurs fournisseurs de réduire leurs emballages.

Cela a commencé à porter ces fruits d'après Fanny Vismara, qui cite notamment l'engagement de Carrefour à renoncer aux emballages en polystyrène. La porte-parole veut placer les distributeurs et les producteurs face à un choix : soit ils changent, soit les consommateurs se tourneront vers des alternatives, comme la vente en vrac.

La mobilisation citoyenne peut aussi faire bouger la loi. Ainsi, les pailles en plastique pourraient être interdites en France à partir de janvier 2020. Ce serait une belle victoire alors que deux collectifs lançaient en février 2018 la première journée mondiale sans paille.

"Finalement, l'ère du jetable est hyper récente, c'est une parenthèse que l'on peut refermer et qui peut n'avoir duré que quelques décennies", conclut Flore Berlingen. On essaie ?

Passez à l'action