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ÉCONOMISER L'EAU - Pour lutter contre le gaspillage de l'eau, cet entrepreneur a conçu un récupérateur d'eau de douche. Un contenant écolo qui attend l'aval des investisseurs pour pouvoir être commercialisé en grand nombre. 

A l'heure où la France bat des records de sécheresse et qu'un plan de sobriété pour l'eau est discuté par le gouvernement, entrepreneurs, militants et politiques tentent de répondre au problème du manque d'eau, en mettant au point des concepts novateurs. C'est le cas de Tony Lemonnier, trentenaire installé au Mans, qui a crée “Plusdo”, un récupérateur d'eau de douche. 

En France, 2,5 litres d'eau sont en moyenne gâchés au moment de la douche, lorsque l'on attend l'arrivée de l'eau chaude. Si certains utilisent un arrosoir ou une bassine pour récupérer l'eau froide - et potable - qui s'échappe du pommeau le temps d'ajuster la bonne température, Tony Lemonnier a imaginé un modèle plus solide, efficace et pratique. Exit système D, place à Plusdo, un vase éco-conçu composé de trois éléments. 

Schéma du récupérateur, designé pour être simple et pratique ! © Plusdo

Pour récupérer l'eau potable et la réutiliser au quotidien

On trouve tout d'abord une jarre pouvant contenir jusqu'à 3,5 litres. Celle-ci est fabriquée en plastique alimentaire, un matériau qui permet la transparence, utile pour vérifier le niveau d'eau et d'hygiène, et qui ne contamine pas l'eau potable. Il est surmonté d'un entonnoir permettant de recevoir l'eau puis de la renverser après la douche. Enfin, Plusdo se compose d'un bouchon qui évite que l'eau savonneuse ne rentre dans le receveur une fois qu'elle est devenue chaude.

Car oui, l'intérêt de ce récupérateur d'eau est bien de la réutiliser au quotidien, que ce soit pour faire bouillir les pâtes, arroser les plantes, faire tourner le lave-vaisselle ou encore se préparer des infusions. Dans une interview donnée à Ouest France, l'entrepreneur manceau a conscience que ce geste écolo aura du mal à séduire les "partisans du moindre effort”, qui n'auront pas envie de s'embêter pour sauvegarder un peu d'eau, mais il croit en la force de la sensibilisation sur le sujet. Même si la motivation des usagers sera d'abord écolo, Tony rappelle aussi que 1800 litres d'eau potable peuvent être économisés par an, à raison d'une douche par jour, ce qui n'est pas rien !

Une campagne de prévente lancée sur Internet 

Si le protocole du produit est finalisé, il reste encore l'étape de l'industrialisation, laquelle comprend la fabrication d'un moule puis la reproduction d'une série de pièces, 5000 pour être exact, afin que le projet soit rentable. Des étapes que Tony Lemonnier ne peut pas financer seul. Une campagne de préventes a donc été mise en ligne avant la livraison officielle de Plusdo. Ces ventes vont également pouvoir aider l'entrepreneur à monter un dossier sérieux qui permettra de convaincre les investisseurs. Pour Tony, l'objectif est d'écouler 2300 récupérateurs d'eau, à 39 euros chacun.

Si demain l'eau est coupée, celui ou celle qui aura appris à jouer avec peu d'eau sera beaucoup mieux préparé

18h39 : Comment vous est venue l'idée de créer Plusdo ? A quels besoins le projet répond-il ?
L'idée est venue parce que je changeais mon mode de vie, je me suis mis aux plantes, aux infusions. Des activités qui consomment beaucoup d'eau. Alors, j'ai rempli ma bouilloire avec l'eau d'appel de la douche puis je suis passé à une jarre pour me rendre compte que j'avais 3,7 litres chaque matin. J'ai regardé sur internet s'il n'y avait pas quelque chose de plus pratique. Mon entourage utilisait un arrosoir, une bassine ou un seau.

Dans le futur, l'eau deviendra rare et je me suis dit qu'il fallait agir en prenant de nouvelles habitudes dès maintenant. D'où la création de PLUSDO. L'action répond d'abord au besoin d'agir pour notre survie liée au dérèglement climatique. Puis l'objet répond au besoin de récupérer facilement cette eau et de pouvoir la réutiliser facilement. 

Comment convaincre celles et ceux qui ont une conscience écologique mais qui sont “partisans du moindre effort” comme vous le dites ?
Malheureusement, il n'y a pas vraiment de recette miracle contre le moindre effort. Dans Legacy de Yann Arthus Bertrand ou Le Monde sans fin de Jancovici, ils montrent que l'humain a tout fait durant son existence pour réduire son effort. Oui, ce geste demande un effort mais cet effort est profitable pour notre conscience et pour nos habitudes futures. Si demain l'eau est coupée, celui ou celle qui aura appris à jouer avec peu d'eau sera beaucoup mieux préparé·e que la personne qui consomme dans l'abondance.

Le seul ajout qui peut pousser l'humain à agir, c'est le jeu. Pokemon Go a poussé des joueurs à marcher dans les rues, peut-être devrais-je ajouter des éléments de jeu à son utilisation. C'est dans les cartons…

Quelles étapes vous reste-il avant le lancement officiel de Plusdo ? Le modèle présenté va-t-il subir encore quelques modifications ou est-ce sa version finale ?
Grâce à la médiatisation et au soutien des futurs usagers, une banque et un investisseur se sont montrés intéressés. Aujourd'hui, il me manque encore de l'argent car je souhaite tout faire en France, pour l'emploi, la solidarité et mes valeurs. La campagne de financement permet de recueillir du soutien et de l'argent.

Je défendrai d'ailleurs le projet en direct sur Ulule mercredi 15 mars à 18h. Quant à Plusdo, il est possible qu'il subisse quelques modifications car nous allons découvrir des contraintes. Le design peut changer. Isabelle Supiot de l'agence ASAP DESIGN, la designeuse qui m'accompagne, suit avec attention toutes les modifications pour garantir les usages. Bien sûr, si vous avez déjà un récipient, une bassine ou un seau et que cela vous convient, n'achetez pas PLUSDO. Tous ensemble, on travaille d'abord pour récupérer cette eau !

Envie de collaborer au projet ? Rendez-vous sur Ulule pour acheter un exemplaire de Plusdo !

Récupérer l'eau de pluie chez soi

Il n'y a pas que sous la douche qu'on peut récupérer de l'eau ! Pendant longtemps, il n'était pas vraiment possible de se servir de l'eau de pluie chez soi, mais tout a changé avec la loi de 2008 relative à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l'intérieur et à l'extérieur des bâtiments. Depuis, il est possible de s'en servir à l'intérieur pour :

  • Remplir la chasse d'eau des WC
  • Laver les sols
  • Laver du linge, à condition d'utiliser un dispositif de traitement de l'eau adapté

Et à l'extérieur, vous pouvez vous en servir librement, que ce soit pour arroser ou laver votre voiture.

Les récupérateurs d'eau de pluie sont disponibles dans la plupart des magasins de bricolage et jardinage pour des prix variant d'une vingtaine d'euros à plus de 600 euros selon leur capacité, leurs matières, leurs options, leur niveau de technologie... “Pour un usage domestique simple, 300 litres sont largement suffisants”, indique Alain Caraby chef du secteur jardin du Castorama d'Anglet.