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ÉCOLOGIE - En plus de diminuer drastiquement votre consommation d'eau potable, les toilettes sèches peuvent aussi permettre de nourrir votre jardin, grâce à vos excréments !

Saviez-vous qu'un tiers de notre consommation d'eau potable alimente les chasses d'eau en France ? C'est en partant de ce constat édifiant que Patricia Beucher, journaliste spécialiste du jardin, a commencé à réfléchir à la nécessité de passer aux toilettes sèches.

Pourtant, comme elle l'explique dans son livre, Construire des toilettes sèches à compost (Ed. Ulmer), les toilettes qui se contentent seulement de séparer nos déjections du réseau d'assainissement ne résolvent rien.

La journaliste propose d'aller aux bouts de l'idée et de récupérer ses excréments non pas pour les déposer au fond du jardin, mais d'en faire du compost, pour nourrir la terre !

© Patricia Beucher

Les toilettes sèches : un impact écologique conséquent

Pourquoi s'y mettre ? Tout d'abord par souci de préserver l'eau potable. Comme on l'a dit, un tiers de notre consommation d'eau potable alimente nos chasses d'eau, un chiffre ahurissant qui n'a pas manqué de faire réagir Patricia Beucher.

“Quand j'ai pris conscience que je gaspillais 3 litres d'eau potable à chaque fois que je tirais la chasse, j'ai été choquée”, explique-t-elle.

Au-delà de la préservation de cette ressource précieuse, la journaliste met en avant le problème de l'assainissement des eaux usées. “Les stations d'épuration ne parviennent plus à gérer la multiplicité des polluants”, annonce-t-elle. Et cela se ressent dans la facture puisque le coût d'assainissement représente aujourd'hui plus de 50% de votre facture d'eau potable !

Passer aux toilettes sèches réduit de 40% le volume de votre consommation d'eau potable. En revanche, comme la part de l'assainissement dans la facture est conséquente, ne vous attendez pas à payer beaucoup moins cher. Vous faites un geste pour la planète, pas pour votre compte en banque.

© Patricia Beucher

Du compost pour enrichir le sol du jardin

Le système de toilettes sèches le plus répandu consiste à installer un pot, d'une dizaine de litres dans lequel les copeaux ou la sciure de bois va remplacer l'eau des toilettes.

Mais séparer les déjections du réseau d'assainissement ne suffit pas. “Quand on a des toilettes sèches puis que l'on jette ensuite son sac d'excréments à la poubelle, cela ne change rien au problème de la pollution”, précise Patricia Beucher.

Du coup, la version la plus avancée, celle que la journaliste met en avant de son livre, ce sont les toilettes à compost. “Les toilettes à compost sont primordiales puisqu'elles comportent une dimension écologique complète”.

À titre d'exemple, pour une famille de 4 personnes, comptez deux grosses boites d'environ 1 m3. L'objectif, c'est de récupérer les déjections, pour les vider dans votre bac à compost.

Alors certes, c'est contraignant et cela nécessite de l'organisation. “Le vidage régulier ce n'est pas la tâche la plus ragoutante qu'il soit”, souligne-t-elle. Il faut vider et nettoyer régulièrement les pots, en prévoir même quelques uns d'avance, “quand on reçoit des amis”.

Quid de l'odeur ? “Il n'y a pas d'odeur si l'on couvre avec suffisamment de copeaux”, explique-t-elle. Il est d'ailleurs important d'installer ses toilettes sèches à l'ombre, “et dans un endroit frais de la maison si elles sont à l'intérieur”.

Mais le jeu en vaut la chandelle puisqu'un bac à compost de 320 litres, composé d'excréments uniquement, peut vous permettre de nourrir le sol de votre jardin pendant plus d'un an !

© Patricia Beucher

Un filtre naturel contre les bactéries

Pour celles et ceux qui seraient réticent-es à l'idée de réutiliser leurs déjections dans leur jardin à cause des médicaments, bactéries et autres pesticides, Patricia répond : “le processus de compostage digère les virus et la plupart des médicaments. Le compost va contribuer à charger le sol en humus avec un produit purifié.”

Enfin, le plus gros obstacle reste l'entourage qui peut être difficile à convaincre ! “L'idée de la déjection humaine effraie les gens, alors qu'ils achètent du fumier de cheval pour leur jardin par exemple !”, s'exclame-t-elle.

Et si, pour vous y mettre progressivement, vous commenciez par uriner sur vos plantes, c'est de l'or parait-il !

© Patricia Beucher