| | | |

OPTIMISATION - En 2 heures, les adeptes du batch cooking cuisine pour toute la semaine. Mais cette organisation militaire permet-elle vraiment de passer moins de temps en cuisine ? 

Si vous avez un compte instagram et que vous avez des enfants, vous n'êtes sûrement pas passé-e à côté du phénomène du “batch cooking”. Popularisée il y a un peu plus d'un an en France, ce mode d'organisation consiste à préparer les plats de la semaine en une seule fois, histoire de gagner en temps libre et en sérénité. 

Venu des pays anglo-saxons, le “batch cooking”, la cuisine par lots en français, promet à celui ou celle qui l'adopte des repas équilibrés, variés et rapides à préparer. Le concept est alléchant, pour les femmes surtout, elles qui gèrent encore 71% des tâches ménagères, dont la cuisine. 

Mais on ne s'improvise pas batch cooker du jour au lendemain. Pour parvenir à cuisiner autant et en si peu de temps, cette méthode demande une organisation rigoureuse, qui peut s'avérer chronophage. 

Une organisation bien ficelée pour passer moins de temps en cuisine 

Dans son best seller En 2h je cuisine pour toute la semaine (Ed.Hachette, 2018), l'autrice culinaire Caroline Pessin propose une liste de courses hebdomadaire ainsi que 16 menus complets pour une cuisine “zéro déchet où tout est consommé et les restes utilisés.

Une méthode qui a pour cible principale les familles. “On veut manger équilibré tous les soirs mais on est trop fatigué surtout quand les deux parents travaillent. Ils manquent de temps pour cuisiner alors qu'ils aiment le fait-maison et ne veulent pas se reporter sur les plats industriels. Ils se retrouvent un peu coincés”, nous explique Caroline Pessin. Bien que livre soit pensé pour une famille de 4, il suffit d'adapter les quantités pour une famille de trois, ou un couple sans enfant.

Attention toutefois avant de vous lancer. Bien que les recettes ne relèvent pas d'un niveau Top Chef, il faut aimer cuisiner. Passer deux heures à éplucher, couper, remuer ou cuire, cela peut sembler encore trop long quand on appartient à l'équipe Picard. “On travaille un peu comme le commis d'un restaurant”, souligne l'autrice. Alors avant de vous lancer, autant vérifier que vous avez le matériel et le nombre d'ustensiles de cuisine nécessaires. Vous êtes prévenu-e !

Léa, 25 ans, a découvert le batch cooking sur Youtube et s'y est mise après la naissance de son enfant, il y a 4 mois. “C'est compliqué pour moi de faire à manger le soir, car mon mari est commerçant et rentre vers 19h30. Avec le bébé, je n'arrivais pas à cuisiner car il est tout le temps avec moi. J'étais obligée d'acheter des plats industriels”, nous raconte-t-elle. 

Après 6 semaines de pratique, le bilan est positif mais il a fallu s'organiser. “Je fais mes courses le samedi et je cuisine le dimanche après-midi car mon mari est là. Je suis à la lettre le déroulé : quand un plat cuit, je fais autre chose. C'est très bien fait, très optimisé”, s'exclame cette adepte de l'ouvrage de Caroline Pessin. 

Un emploi du temps précis qui lui laisse du temps pour sortir le nez de sa cuisine et profiter de son enfant. “La liste est déjà faite, on ne se prend pas la tête quand on fait les courses. Je suis plus présente pour mon bébé, pour mon mari et pour moi”, rappelle-t-elle. 

Le batch cooking “ne fait que déplacer la charge mentale

C'est aussi l'argument gain de temps qui a intéressé Létitia, blogueuse culinaire qui tient le site Piment Oiseau. “Je me suis dit que le temps gagné dans la semaine permettrait de passer de bons moments avec ma famille. Ou de me reposer tout simplement !”, raconte-t-elle. Bien qu'elle reconnaisse que le batch cooking allège les soirs de la semaine, en particulier ceux où l'on a pas le cœur à cuisiner, cette passionnée de cuisine a laissé tomber car la méthode miracle est devenue une corvée.

Ça occupe une grosse partie du week-end. On a moins de temps pour se reposer et se consacrer à d'autres loisirs. S'il ne reste que le samedi, ça ne vaut pas le coup. Pour moi qui cuisine par passion, j'ai eu l'impression que ça devenait une corvée, surtout quand on est seule à s'en occuper”, prévient-elle. 

Un constat que partage Léa : les semaines sont moins chargées certes, mais le week-end en prend un coup ! “Au début je faisais les courses le dimanche matin, j'avais l'impression de faire ça toute la journée, ça ne me plaisait pas du tout”, confie-t-elle. Sachant que les sessions de cuisine durent rarement 2 heures dans la réalité, du côté de Léa c'est souvent 4 heures. 

Mais il y a un argument défendu par les adeptes du batch cooking avec lequel Létitia n'est pas du tout d'accord : le batch cooking serait un allié contre la charge mentale. Il permettrait de mieux répartir les tâches dans le couple. Pour Létitia au contraire : “Ça ne fait que déplacer la charge mentale parce que c'est de l'anticipation, réfléchir à l'avance. C'est un amas de pensées dans la sphère domestique, et en général qui s'y colle dans le foyer ? Madame.” 

Faire participer toute la famille et ne pas se mettre la pression 

Pour la blogueuse, la clef est de partager équitablement l'élaboration et la conception des menus avec son ou sa partenaire. Caroline Pessin ajoute que la préparation du batch cooking doit être un moment convivial, familial même. “Tout le monde participe : papa découpe et maman gère la cuisson”, souligne-t-elle. 

Mais peut-être êtes-vous un-e fidèle du batch cooking sans le savoir. “Faire de la soupe en grande quantité pour plusieurs jours, ou un grand plat de lasagnes pour en avoir plus, c'est aussi du batch cooking”, rappelle Caroline Pessin. 

Le tout est de ne pas se surcharger et de se tenir au principe de base : gagner du temps ! “Il ne faut pas s'acharner si ça ne marche pas. On a le droit de craquer et de manger à l'extérieur de temps en temps !”, conclut Létitia. Ou d'ouvrir une boîte de raviolis, d'ailleurs !