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LA CABANE AU FOND DU JARDIN - Cette résidence pour écrivain, calme et retirée de l'effervescence de la ville, a été pensée par l'écrivain Stéphane Nappez pour accueillir des artistes.

En 1844, le fameux auteur américain Henri David Thoreau se retire deux années dans une cabane en compagnie de son ami le philosophe Ralph Waldo Emerson. Amoureux de la nature, Thoreau veut profiter du calme de la forêt pour écrire sans distraction, il va d'ailleurs tirer de cette expérience un roman naturaliste qui retrouve aujourd'hui une actualité brûlante : Walden ou la Vie dans les bois.

C'est ce nom, Walden, qui est repris par l'association Baraques Walden, dont l'écrivain Stéphane Nappez est le président. Comme le dit joliment leur manifeste : "Tout comme [Thoreau], nous rêvons de nous «encager» auprès des oiseaux, nous perdre et nous retrouver sans GPS et sans Wifi au milieu des arbres et des champs. Mais notre désir n'est pas de nous retirer du monde. Au contraire, nous voulons renouer avec ses pulsations. Car écrire, c'est être nostalgique du réel."

Un retour à la nature post-confinement

L'objectif de l'association ? Construire un réseau de cabanes d'écrivain, ouvertes à tous types d'artistes, musicien-nes, auteurs-rices, photographes... La première de ces cabanes vient d'être achevée en auto-construction à Jumièges, dans le parc de l'abbaye du village. Il s'agit d'un "endroit limité aux fonctions dans leur plus simple frugalité, dans lequel on n'a pas la tentation de se retrouver dans son canapé devant un écran, et où on va vers l'autre tout naturellement", comme le dit Stéphane Nappez. Après le confinement, l'envie était également forte de concevoir un lieu de rencontres.

Ce quinqua père de famille, journaliste de formation, avoue n'avoir jamais osé penser à Jumièges pour sa première cabane d'auteur. "Je n'avais pas imaginé un tel lieu pour la première cabane. J'ai frappé à la porte du département de Seine-Maritime avec qui j'avais travaillé en partenariat avec le festival Terres de paroles pour Flaubert 21. Quand j'ai parlé du projet et qu'on m'a proposé Jumièges, je me suis dit : c'est trop beau", explique-t-il au magazine Paris Normandie.

20m2, des toilettes sèches et une station électrique pour être autonome

Et la cabane ? Un modeste 20 m2, fabriqué grâce à l'aide du département de Seine-Maritime, qui lui a accordé 15 000€, et un partenariat avec DS Smith à Saint-Etienne-du-Rouvray, qui lui a fourni du carton pour l'isolation. Stéphane a utilisé des matériaux de récupération et a installé son atelier au sein d'une entreprise d'insertion, les Bâtineurs.

"Parfois des copains venaient m'aider, mais la plupart du temps j'ai avancé tout seul", raconte l'écrivain. "Dans le parc, il était impossible d'être relié au réseau électrique, ainsi je n'avais que des outils sur batterie. Je devais tout calculer". Les fondations ont eu lieu en avril 2022, près de 20 poteaux ont été enfoncés à 70 cm dans le sol, puis il y a eu la pose de lambourdes, et en dernière étape, le bardage de la façade principale.

© Loïc Seron
© Loïc Seron

Côté aménagement, elle est dotée d'un petit bureau pour travailler, d'étagères pour ranger des livres, d'un petit lit deux places, d'un four micro-ondes et d'une plaque électrique portative. On y trouve aussi des toilettes sèches et un poêle à gaz pour le chauffage. L'électricité est assurée par une station d'une capacité de 1200W, rechargeable à l'énergie solaire ou sur secteur. L'alimentation en eau potable est assurée par des jerricans, mais pour se doucher il faut se déplacer dans un bâtiment du parc.

La cabane est prête à l'emploi depuis fin septembre et des artistes-auteurs y logent d'ores et déjà. Rendez-vous dans quelques mois pour savoir si l'expérience aura été propice à la création.