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LOGEMENT - Une étude récente montre à quel point nos logements ont évolué en cent ans. L'avenir ? Un habitat plus écolo, plus sain, plus inclusif.

Un Français de 1920 serait certainement étonné s'il devait vivre dans un appartement de 2021 : les plafonds lui sembleraient bien bas et les chambres trop petites, il chercherait en vain le bidet et la cave, ne comprendrait pas l'intérêt d'un parking et d'un revêtement qui imite le parquet mais n'en est pas ! Mais il serait probablement ravi de profiter d'un grand balcon, d'isolation thermique et du calme assuré par le double vitrage... Bref, la qualité de nos logements a beaucoup évolué depuis cent ans, comme le démontre cette étude réalisée par l'association Qualitel.

En parcourant près de 1000 infrastructures, 75 enquêteurs spécialisés ont établi un état des lieux du logement français sur un siècle. Tous les espaces de vie et les équipements sont passés au crible d'une analyse pointilleuse. Et sans surprise, les logements ont grandement changé d'air !

L'espace extérieur : la tendance majeure depuis 40 ans

Au fil de cette étude, plusieurs tendances se dessinent. En tête des nouveaux besoins, c'est l'ouverture sur l'extérieur qui prime : la présence de balcons et de terrasses se généralise à hauteur de 84% dans les appartements actuels, contre 28% en 1920 ! Inutile de dire que les récents confinements suite à la pandémie du Covid-19 ont intensifié ce besoin, un récent sondage sur les attentes des Français indiquant que 42% d'entre eux estiment que l'espace extérieur est plus important que la surface intérieure.

Paradoxalement, les appartements traversants sont devenus moins courants, sans doute car ils sont plus complexes à concevoir pour un promoteur. L'étude de Qualitel leur promet cependant un bel avenir étant donné le contexte actuel : non seulement ils ventilent mieux l'appartement et sont donc plus adaptés aux fortes canicules qui se multiplient, mais ils permettent aussi un assainissement de la qualité de l'air, un atout non négligeable lors de pics de pollution ou de virus un chouia persistants.

Autre forte tendance observée, la part de logements possédant une cave a été divisée par 12 depuis 1945, ce qui enlève aux Français un espace de rangement très utile, alors qu'ils voient parallèlement leurs chambres rétrécir et leurs plafonds rapetisser. Si vous ajoutez à cela que les placards intégrés se font de plus en plus rares, vous comprendrez l'énorme succès du mouvement minimaliste en France, ou encore la passion pour l'optimisation de l'espace et le rangement façon Marie Kondo !

Un pas de plus vers la transition écologique à la maison

Pour s'adapter aux enjeux de demain, plusieurs gestes forts ont changé la donne. La consommation énergétique des logements français a suivi le cours des nouvelles réglementations développées depuis 1974, préconisant la disparition progressive des énergies fossiles. En ce sens, le fioul et le gaz ont drastiquement perdu du terrain, quand les énergies renouvelables commencent à faire leur apparition, hélas quasi exclusivement dans les foyers les plus aisés.

Niveau isolation, ce qui relevait autrefois de l'exception est devenu la norme, avec 100% des nouveaux logements isolés thermiquement après 2009. Ces progrès vers la transition écologique se retrouvent à travers des petits détails qui font toute la différence, comme la généralisation du double vitrage depuis les années 70, puisque 94% des logements en sont équipés, ou encore la diminution progressive des baignoires, un peu trop gourmandes en eau et en surface. Enfin, on note également que contrairement aux Etats-Unis et malgré des étés caniculaires, la clim' ne s'est jamais imposée en France !

Vers un logement moins humide, plus connecté et plus inclusif ?

Bien entendu, tout n'est pas parfait ! Le premier défaut des logements français concerne leur taux d'humidité, supérieur à 60% dans les chambres dans trois habitats sur dix, alors que les experts recommandent un taux compris entre 40 et 60%. Malgré les efforts fournis pour ventiler les pièces humides, il reste du chemin pour pallier les problèmes de moisissure persistants, qui peuvent provoquer de vrais problèmes de santé, notamment pour les enfants (risques d'allergie, d'asthme ou irritations de la peau, du nez, de la bouche).

Deux autres grands chantiers d'avenir doivent améliorer le logement des Français : la réduction des inégalités territoriales en termes d'accès à un Internet de haut débit, car la fracture numérique persiste avec près de 12% de la population sans connexion, et 24% pourvus d'un faible débit. Et enfin l'accessibilité des logements aux personnes à mobilité réduite (PMR). Aujourd'hui, 60% des Français sont insatisfaits de l'adaptation de leur logement aux personnes handicapées. Manques d'ascenseurs, escaliers longs et étroits... Les défis en matière d'inclusivité devraient être au coeur des préoccupations pour les années à venir.

Ce dernier chantier s'annonce comme l'un des plus cruciaux à l'avenir, quand on prend conscience du vieillissement de la population annoncé par l'INSEE. En 2070, 17,9% de la population aura plus de 75 ans, un chiffre colossal. Le maintien à domicile de nos séniors dans les meilleures conditions relève alors d'un réel enjeu de société. Une possible piste pour le résoudre ? L'habitat Kangourou, ou habitat intergénérationnel, qui permet d'accueillir dans son immeuble ou sa maison un parent âgé.