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SOLIDARITÉ - Avec leur camionnette, ces étudiants lyonnais soignent gratuitement les animaux des personnes qui vivent dans la rue.

Les soins vétérinaires sont très chers, voire inaccessibles pour certains. Les personnes sans-abris sont les premières touchées par ce problème. Résultat, leurs animaux sont souvent en mauvaise santé, ce qui est néfaste pour les propriétaires et plus largement pour la population.

Depuis 2016, des étudiants-bénévoles du Dispensaire vétérinaire étudiant de Lyon (DVEL) viennent régulièrement soigner gratuitement les animaux des personnes sans-abris. Ce dispositif est à l'origine un exercice proposé par l'école vétérinaire de Lyon où ce sont les 1ère et 2e années qui se chargent des soins, environ 92 bénévoles à l'heure actuelle. Leur but est de réintégrer les personnes sans domicile fixe dans la société à travers le lien qui les unit avec leurs animaux.

© Dispensaire vétérinaire étudiant de Lyon

Pour les personnes sans-abris, c'est une chance qu'un dispositif comme celui-ci soit installé. Dans un reportage de France Inter, une personne sans domicile fixe déclare : “au début, j'allais dans un cabinet vétérinaire mais on me demandait presque 150 € juste pour une consultation. Tout mon RSA passait dedans”.

Il faut dire qu'un animal de compagnie est bien plus que cela pour un SDF, c'est un soutien indéfectible, une présence rassurante, une responsabilité aussi, car il faut s'en occuper. “C'est grâce à mes chiens que j'ai pu sortir de la rue et me reprendre en main” témoigne un autre sans-abri sur France Inter. Le dispensaire vétérinaire cherche à utiliser l'animal comme un médiateur pour réinsérer leur propriétaire dans la vie sociale et active.

“Nous avons régulièrement des chiens mais aussi des chats, des rats et même des lapins !

Une fois par semaine, une camionnette, prêtée par l'école vétérinaire VetAgro Sup de Lyon, fait le tour des centres d'hébergements, des accueils de jour et dans les rues de l'agglomération lyonnaise. Durant une après-midi, les personnes sans-abris viennent avec leur animal de compagnie les faire soigner. Toutes les espèces animales sont les bienvenues. “Nous avons régulièrement des chiens mais aussi des chats, des rats et même des lapins !” raconte Ana Alkan, membre du bureau de l'association.

© Dispensaire vétérinaire étudiant de Lyon

A chaque passage, ils sont environ six à sept patients à venir les voir. “Notre objectif est de faire un maximum de médecine préventive pour les propriétaires de ces animaux” déclare Ana Alkan. Les étudiants les rassurent le plus possible et expliquent les démarches qu'ils vont faire sur leurs animaux. Généralement, ils sont trois étudiants à effectuer les soins tandis qu'un professeur les supervise. Depuis l'ouverture de ce dispositif, plus de 200 animaux ont été soignés et vaccinés par l'équipe du dispensaire.

Cependant, toutes les interventions ne peuvent pas être faites. “La castration ou les lourdes opérations ne sont pas possibles. Nous n'avons pas le matériel et ni le financement nécessaires” détaille Ana Alkan. Pour financer leur équipement médical, le dispensaire fonctionne par système de donation et par le biais de différents partenaires.

Certains centres refusent d'accueillir les animaux

Actuellement, de nombreuses associations s'engagent contre l'exclusion des SDF, mais peu se préoccupent de leurs animaux. Le duo homme-animal n'est pratiquement jamais accepté en centre d'hébergement. Certaines de ces structures refusent de les accueillir ou même de les aider à suivre une démarche administrative s'ils viennent avec leur animal.

Dur à comprendre, quand on sait que selon une étude de l'INSEE datant de 2012, il y a environ 15 000 personnes sans domicile fixe en région lyonnaise et 5 000 avec des animaux. À Lyon, il existe actuellement une vingtaine de places accessibles pour les hommes et leur animal mais, aucune pour les femmes.

La création d'une formation

Le dispensaire vétérinaire a pris l'initiative de former des travailleurs sociaux et des éducateurs spécialisés. Il leur donne des conseils pour savoir comment accueillir des personnes sans-abris avec des animaux dans leurs structures. Le contrôle de la peur et de l'agressivité des animaux sont deux thèmes aussi enseignés dans cette formation.

Aujourd'hui, cinq structures d'hébergements ont accepté d'accueillir à Lyon le duo homme-animal. “Dans ces centres, nous mettons à disposition un suivi sanitaire, vétérinaire et comportemental des animaux accueillis” précise le dispensaire vétérinaire sur leur site web. Cela permet aux responsables de ces centres d'assurer une tranquillité pour les nuisances sonores et de certaines agitations.

L'école vétérinaire de Lyon est la seule en France à proposer ce service. Grâce à ce dispensaire vétérinaire, “les animaux présents dans les rues de Lyon sont indemnes de maladie et de parasites. Cela représente un véritable aspect positif en termes de santé publique” conclut l'association DVEL.

Pour donner un coup de pouce à ces personnes sans domicile fixe, retrouvez notre article sur Linkedout, la plateforme en ligne qui permet de partager les CV des sans-abris sur vos réseaux sociaux.