| | | | |

NOUVELLE VIE - Non l'OM, la pétanque et le pastis ne sont pas des clichés. Mais il n'y a pas que cela. On a demandé à des Marseillais-es leurs conseils pour passer inaperçu dans leur ville.

Si vous vivez à Paris et que vous avez moins de 40 ans, alors il y a de fortes chances pour que vous vous soyez rendu à Marseille cet été. Pour preuve, la municipalité évoque une hausse de 30% de touristes pour l'été 2020 comparé à l'année précédente, rappelle La Provence

Peut-être même que vous avez envisagé de quitter la région parisienne pour vous installer définitivement dans la Cité Phocéenne ? Loyers moins chers, proximité avec la mer et la nature, météo clémente : Marseille fait rêver les Parisien-nes, surtout après deux mois de confinement ! 

Un engouement récent que Laura, 30 ans, qui vit à Marseille depuis sa naissance, observe d'un oeil méfiant :

C'est la reconnaissance qu'on a pas eu pendant toutes ces années puisque toute la France avait une vision négative de notre ville. Je suis fière qu'on s'y intéresse, que mes amis veulent y emménager, y passer un week-end. J'espère que l'engouement est sincère et que ce n'est pas un effet de mode. Je ne veux pas que dans 5 ans tout le monde reparte parce qu'en fait ça pue, c'est sale, et qu'ils se sont fait voler leur téléphone sur le Vieux-Port ”, insiste-t-elle. 

Alors que faut-il savoir avant de faire ses cartons et d'emménager dans la deuxième ville de France ? Derrière les belles photos Instagram de l'été, à quoi ressemble la vie quotidienne à Marseille ? Pour le savoir, nous avons interrogé des néo-Marseillais-es et des Marseillais-es pur jus qui ont accepté de nous livrer leurs recommandations. 

Parisiens, Parisiennes : ce que l'on va penser de vous en arrivant

La guerre entre Parisiens et Marseillais n'est pas un mythe, les a priori ont la peau dure. “Coincés, peureux, proprets et prétentieux”, assure Laura. Une rivalité étroitement liée au football comme le rappelle Simon, 30 ans, installé à Marseille depuis le mois de juillet : “Je suis Lyonnais. Une fois au travail, j'ai fait une remarque au sujet du football qui a été très mal reçue. Je n'ose même pas imaginer ce que ça aurait été si j'avais été Parisien.

Mais les Parisien-nes, en plus de leur snobisme légendaire, se trainent aussi une réputation d'urbains “pas débrouillards”, ajoute Laura. Car pour elle, Marseille ce n'est pas vraiment la ville : “On est entourés de 5 collines, de sites naturels, avec le parc national des calanques. Et même en ville, on y est en tongs."

Les clichés sur les Marseillais-es : mythe ou réalité ? 

L'OM, le pastis et la pétanque font partie du quotidien”, confirme Laura. Des clichés avérés donc mais attention à ne pas réduire la ville à son prétendu folklore : “à chaque fois on me dit que je n'ai pas l'accent marseillais. Les gens fantasment la ville”, ajoute la Marseillaise. 

Jeanne, compagne de Simon, arrivée à Marseille après le confinement, rappelle que les Marseillais-es sont “conviviaux et ont un vrai goût de la parole, de l'échange, que je n'avais jamais vécu dans d'autres grandes villes.

Ce que vous allez adorer Vs ce qui va vous manquer :

Les + :

  • l'authenticité de la ville : “le climat, tu peux le trouver à Nice ou Montpellier. La différence, c'est l'âme de la ville, son charme, son authenticité. J'ai l'impression que les gens ne jouent pas un jeu, ils sont eux-mêmes", explique Laura.
  • le cadre de vie : Jeanne et Simon sont unanimes, “la mer, le beau temps et la lumière" rendent la vie plus douce. Forcément, quand on peut aller piquer une tête à la plage après une journée de travail, ça aide !
  • la proximité avec la nature : “c'est énorme pour la deuxième ville de France. Il y a la Sainte-Baume, le Frioul, les Calanques, Cassis à côté, Ensues, c'est incomparable”, détaille Laura. 

Les -  : 

  • les transports en commun : unanimité du côté de nos interviewés, malgré sa taille, se déplacer à Marseille en bus, tramway ou métro, reste compliqué. “On a deux lignes de métro qui desservent les mêmes endroits que les bus et les trams. Il y a des quartiers qui sont très isolés et je ne parle même pas des quartiers Nord”, rappelle Laura. Jeanne confirme : “C'est très compliqué quand tu es habituée à des transports efficaces.
  • l'accès à la culture : bien que le Mucem ait contribué au succès de la ville, l'offre culturelle est moins développée qu'à Paris, explique Suzanne, 71 ans, qui y vit depuis toujours : “Pour les sorties culturelles, c'est une ville difficile. Rien n'est proposé d'emblée, il faut aller à la recherche en s'informant et alors on seulement trouve des sorties intéressantes.” 

Trucs et astuces pour se mettre un autochtone dans la poche 

Comme nous l'apprend Suzanne, “Marseille s'est offert un peu une vitrine pour les touristes alors que jusqu'à présent c'était une ville qui n'avait que faire du paraître ! La mentalité du marseillais, c'est qu'il ne recherche pas le touriste, il est bien comme ça dans sa ville !”. Voici quelques conseils pour vous intégrer avec aisance. 

Première chose, faire comprendre aux Marseillais-es qu'ils vivent dans la plus belle ville de France (voire du monde), comme nous le rappelle Jeanne : “Il faut leur dire que tu aimes Marseille. Ils sont honnêtes sur ce qui ne fonctionne pas, tu peux en parler. Mais d'abord il faut leur montrer que tu l'aimes.

Évidemment, côté football, mieux vaut jeter ses maillots du PSG et prendre un abonnement au Vélodrome : “Dire que tu détestes le PSG quand tu t'installes à Marseille c'est essentiel”, souligne Laura. 

Mais le plus important, selon Simon, c'est le dialogue et d'être ouvert à la conversation. “Ici c'est important d'accepter la conversation avec un inconnu, écouter sa vie, ses problèmes, lui poser des questions. Cela fait vraiment partie de la culture.

Enfin, arrêtez de leur parler d'insécurité, prévient Clément, qui a vécu 25 ans à Marseille avant de partir pour l'Amérique du Sud. “On n'a pas arrêté d'en parler ces 10 dernières années. Les Marseillais n'ont pas l'impression de vivre dans un gigantesque cartel organisé de trafic de drogue !”, s'exclame-t-il. 

Le mode de transport idéal pour se déplacer : 

Pour Simon et Jeanne, quoi qu'on en dise, le transport idéal pour se déplacer à Marseille c'est la voiture. Bien que ces néo-marseillais espèrent que le vélo se démocratise, grâce notamment à la nouvelle mairie qui valorise les pistes cyclables, “pour l'instant cela reste dangereux à cause des voitures”, précise la jeune femme. 

Pour Laura, la voiture, en plus d'être peu écolo, n'est pas pratique à Marseille car “il y a très peu de places pour se garer dans les quartiers où l'on sort”. L'alternative idéale ? Le scooter !

Typologie des quartiers marseillais : où s'installer à Marseille ? 

Pour un-e Parisien-ne fraîchement débarqué-e à Marseille, Laura recommande les quartiers à la mode, puisque selon elle, “le Parisien ne cherche pas à être dépaysé, il cherche Paris avec le soleil et la mer.” Afin d'éviter que le choc ne soit trop grand, les quartiers à cibler si vous êtes jeunes sont Endoume et Bompard. En revanche, si vous souhaitez expérimenter “Marseille pour de vrai”, Laura conseille “le Cours Ju, la Plaine ou le Camas, de vieux quartiers où les immeubles sont beaux et l'ambiance simple.

Si vous êtes une famille, le mieux est de s'éloigner du centre et de vous rapprocher de la mer et de la nature comme à la Pointe Rouge ou Perrier. 

Encore envie de déménager ? Dernières recommandations :

Pour Laura comme pour Clément, le plus important est d'apprendre à voir la ville comme elle est vraiment, “pas seulement comme sur les photos Instagram des rochers en bas du Petit Nice”, précise la Marseillaise. Malgré ses bons côtés, il faut aussi apprendre à vivre avec les côtés négatifs de la ville : “Marseille, ce n'est pas qu'un petit microcosme bobo. C'est aussi de la violence verbale, des gens qui parlent forts, des problèmes de propreté”, insiste-t-elle. 

Clément quant à lui recommande de visiter Marseille en dehors de la période estivale : “Si possible, c'est mieux de faire le tour des quartiers l'hiver. Et d'aller partout, pour vérifier que l'on s'y sente bien, que ça soit à Noailles, au marché des Capucins. Il y a une grande diversité de quartiers car Marseille ce n'est pas que le Vallon des Auffes.” Laura confirme : “L'hiver la ville est moins dynamique que l'été, il ne faut pas s'attendre à faire des choses différentes tous les week-ends comme à Paris.

Quant à Suzanne, l'important est de ne pas avoir peur de se mélanger, et de côtoyer des gens différents.  “Il faut aimer la ‘populace'. Prendre le bus à marseille, c 'est du folklore pagnolesque, les gens rient, se  parlent, s'invectivent mais c'est plutôt bon enfant !