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CONSTRUCTION - Katie Hughes est charpentière. Pour encourager les filles et susciter des vocations, elle a fondé l'association Girls Build.

De l'image de Bob le Bricoleur à celle de son père, quand on est un petit garçon, il est facile de se référer à des figures masculines qui pourront susciter des vocations de charpentier, électricien ou encore maçon. En revanche, pour les petites filles, les modèles manquent.

C'est en partant de ce constat que Katie Hughes, charpentière américaine de 32 ans a eu l'idée de créer Girls Build (“les filles construisent” en français), une association qui a pour vocation d'apprendre aux jeunes filles à travailler le bois, utiliser des outils de chantier ou maîtriser la plomberie.  

On fait en sorte que les filles s'émancipent. L'idée n'est pas seulement d'être capable de construire mais de changer ta façon d'interagir avec le monde, d'être plus en confiance avec tes amis, tes professeurs”, nous explique Katie par téléphone.

Girls Build. © Katie Hughes, la fondatrice de l'association

Susciter la curiosité des filles dès le plus jeune âge

Pour leur donner le goût de faire par elles-même et d'oser s'aventurer dans un milieu de “garçons”, l'association propose des cours le plus tôt possible, dès l'âge de 8 ans. “Si tu ne sais pas que cela existe, comment est-ce que tu veux t'y intéresser ?”, s'interroge la fondatrice.

Le goût de Katie pour la charpenterie n'est pas né à l'école. La jeune femme a eu une enfance rurale, dans une ferme, sur un terrain de 4 hectares. “Dans ce genre de propriété, il y a toujours quelque chose à réparer, dans la grange ou ailleurs, c'est que je faisais tous les jours sans m'en rendre compte”, se souvient-elle.

Toutefois, Katie Hughes ne s'oriente pas vers la construction et part étudier à l'université, une fois le lycée terminé. Elle y sort quatre années plus tard, diplômée en travail social. Avant de se lancer dans la vie professionnelle, elle fait du bénévolat pour Habitat and Humanity, une association dédiée la construction de logements simples et abordables. Elle y apprend à concevoir et construire une maison.

Quand je me suis mise à chercher du travail, je n'en ai pas trouvé grâce à mon diplôme universitaire mais grâce à mes compétences en charpenterie”, explique Katie, qui commence à enseigner cette discipline.

© Girls Build

Impliquer les stagiaires dans tous les corps de métiers de la construction

En février 2016, elle se lance et fonde l'association Girls Build. L'association propose deux types de formation : des camps d'été (pour 250 euros environ) ou alors des ateliers après l'école. Lors de ces colonies de vacances pas comme les autres, les filles, âgées entre 8 et 14 ans, découvrent en 5 jours, 10 corps de métiers différents.

Contrairement à une colonie de vacances, on ne va pas leurs proposer des jeux en permanence. Ici on a des objectifs concrets et à la fin de la semaine, elles rentreront chez elles avec de nouvelles compétences, et elles seront fières”, souligne Katie.

Une chose est certaine, les filles qui suivent le programme d'été ne chôment pas ! Réunies autour d'un projet collaboratif, celui de construire une cabane, les stagiaires découpent, clouent et assemblent le bois. “Les premiers jours elles n'adorent pas. Puis au bout du troisième jour ça devient leur atelier préféré”, raconte la fondatrice.

En plus de cette mission commune, les étudiantes ont un défi individuel à relever chaque jour, celui de construire un objet en bois qui les rendra fier, “même quand elles auront 30 ans”, précise-t-elle.

Enfin, le troisième atelier consiste à encourager les jeunes filles à intégrer le monde manuel dans leur quotidien en proposant de réaliser un projet en moins de 80 minutes. “Elles se rendent compte qu'elles peuvent construire une lampe, un pot de bougie en béton ou une caisse à outil, après l'école, avant de passer à table”, explique Katie.

© Girls Build

Pouvoir se projeter grâce à des modèles féminins

Des séjours qui ont pour vocation de donner confiance et d'émanciper ces futures femmes. D'autant que l'ensemble des instructrices et des professionnelles qui interviennent pendant le stage sont des femmes. “C'est important d'avoir des personnes qui leur ressemblent. Si en arrivant elles n'ont jamais rencontré de femme charpentier ou plombier, ça va rester dans leur esprit et ça va les encourager”, souligne Katie Hughes.

De manière générale, Katie Hughes et son équipe souhaitent encourager les stagiaires “à penser autrement, sans avoir besoin d'un ordinateur”.

Pour illustrer son idée, la charpentière se souvient : “quand j'avais 4 ou 5 ans, j'ai construit une cabane dans les arbres avec ma soeur avec un ascenseur pour le chat ! C'est le genre de réflexion que je veux que les filles aient : qu'elles regardent un arbre et souhaitent y ajouter un élément qui n'est pas essentiel du tout, comme un ascenseur pour chat !

Espérons que l'initiative inspire en France !