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POTERIE - Thérapie anti-stress, accélérateur d'estime de soi... pétrir de la pâte et fabriquer des objets fait du bien au moral. On vous explique pourquoi, comme Morgane et Elsa, vous devriez vous y mettre !

Morgane, 27 ans, met la main à la pâte au moins une fois par semaine. Pas pour faire des gâteaux, mais de la poterie. Elle suit des cours de deux heures, et puis revient parfois le week-end à l'atelier. "À la base, je me suis inscrite parce que je suis arrivée dans une nouvelle ville et que je voulais rencontrer des gens", explique la jeune femme qui habite à Genève.

Pourtant, le métier de Morgane n'a rien avoir avec la création, elle travaille dans la communication. Mais la poterie est devenue sa passion. "On s'autorise de plus en plus à être créatif, surtout quand on n'a pas forcément des connaissances dans le domaine artistique", décrypte Nathalie, artiste-céramiste, professeure de poterie et autrice du livre "Initiation à la poterie, avec et sans tour(Mango Éditions, 2019). Mais sommes nous de plus en plus a avoir envie, comme Morgane, de faire de la terre notre nouvelle addiction ?

© Fabrice Besse

La poterie comme thérapie contre le stress

"Lorsque j'organise des ateliers, chacun est vraiment concentré... Parfois, personne ne parle pendant trois, quatre heures !" observe Nathalie. Tellement focalisé-e sur leur projet, chacun-e parvient à oublier ses soucis du quotidien. "La terre a un côté malléable, elle nous amène à développer nos sens oubliés, comme le toucher", indique la professeure.

D'ailleurs, dans un article consacré au pouvoir des matières douces, Céline Rivière, psychologue clinicienne et autrice de "La câlinothérapie, une prescription pour le bonheur" (éditions Michalon, 2015) explique que le toucher "serait l'acte le plus fondamental et le plus essentiel pour l'être humain". Et le fait de pétrir, comme d'utiliser une balle anti-stress, procure un effet d'apaisement. Ce qui fonctionne pour Morgane, qui assure que l'activité la calme !

© Fabrice Besse

La poterie, une pratique facile d'accès

"Cela va faire deux ans que je prends des cours de céramique. J'ai pris neuf mois de cours dans un atelier parisien pendant lesquels j'ai appris à partir de rien. Je n'avais jamais fait de poterie avant. La seule chose que je savais faire, c'était de la pâte à modeler et c'est très différent ", témoigne Elsa, qui a décidé de se mettre à la poterie après avoir visité l'atelier d'un artiste.

Avec la terre, on peut réaliser un objet relativement facilement, à partir du moment où l'on utilise des matières simples, comme du grès ou de la faïence. On peut recommencer, encore et encore, tant que l'objet n'est pas cuit.

"Je trouve que contrairement à certains loisirs créatifs comme la couture, on a moins la pression de la réussite, du travail bien fait, du moindre détail. Une céramique tordue peut être belle, alors qu'une fringue cousue de travers ça ne fonctionne pas. On a un droit à l'erreur lorsque l'on modèle avec les mains et c'est assez génial", ajoute l'apprentie potière.

Avec la multiplication des tutoriels sur internet ou dans les magazines et la création de plus en plus d'ateliers, "c'est une pratique qui est facilement accessible sans trop de prérequis, explique Nathalie. Et ça, c'est quelque chose que beaucoup ont assimilé. Ça n'est plus comme avant, où l'on pensait qu'il fallait savoir dessiner pour rentrer aux Beaux-Arts. Une pratique, ça s'apprend au fil du temps."

Les deux potières en herbe sont désormais propriétaires d'une ribambelle de tasses, assiettes ou plats, qu'elles gardent ou qu'elles donnent à leur entourage.

© Fabrice Besse

Le fait-main, c'est tendance et bon pour l'estime de soi

Fabriquer un objet, c'est aussi se prouver que l'on est capable de faire quelque chose de ses mains. "Mes premières œuvres, si je peux dire, étaient plutôt moches et mes amis me regardaient comme si je leur ramenais un collier de nouille", se rappelle Elsa. Mais au fur et à mesure, elle a acquis des techniques lui permettant de fabriquer "des créations plus propres".

"Avec la poterie, on satisfait aussi son besoin de reconnaissance et de valorisation auprès de ses proches", indique la professeure de poterie. Les amis de Morgane trouvent que ses créations sont de plus en plus jolies, et elle en est fière. Elle les surprend même à regarder par dessous, voir si l'objet est signé. "C'est marrant, quand on a un objet, de connaître son histoire, et de dire que l'on connaît la personne qui l'a fait." Depuis quelques temps déjà, le fait-main est en vogue. On (re)devient attentif-ve aux matériaux, à la façon dont sont fabriqués les objets. Mais on démontre aussi que l'on a l'œil pour repérer les belles choses !