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LUTTE CONTRE LA POLLUTION - Notre journaliste a voulu arrêter de consommer du plastique durant 15 jours, mais le défi s'est révélé plus compliqué que prévu.

Un jour et demi. Voici le laps de temps minable qu'il m'a fallu pour échouer au No Plastic Challenge, presque par inadvertance. C'est une barquette de quinoa haricots et petits pois, avec un couvercle en plastique, que j'ai achetée dans un magasin bio, qui a causé ma perte ! Car même acheter bio ne vous garantit pas une vie sans plastique, au contraire.

Des circonstances atténuantes ? Oui, le No Plastic Challenge ne réclame pas forcément d'arrêter totalement le plastique, mais d'au moins réaliser un défi par jour et de réduire significativement sa consommation. Ensuite, nos habitudes sont si profondément ancrées en nous qu'on fait parfois les choses sans y penser et qu'on s'écrie "quel couillon !" juste après.

Ainsi, nous oublions à quel point le plastique est aujourd'hui partout : dans les jouets de nos enfants, dans nos cotons tiges, dans nos produits ménagers, dans nos sachets de thé, dans nos cigarettes, dans les emballages de nos commandes Internet, dans nos vêtements...

Le problème : arrêter la street food et les livraisons

Pailles, gobelets, fruits et légumes emballés, couverts et sacs en plastique, autant d'objets du quotidien que j'avais déjà volontairement bannis de ma routine. Les bouteilles en plastique aussi ont disparu de ma liste de courses depuis belle lurette, même s'il m'arrive de faire des écarts et de conserver la bouteille pour y mettre l'eau du robinet. Pour le No Plastic Challenge, j'ai acheté une gourde, mais j'avoue que le plaisir de boire au goulot est un peu atténué par le goût de l'acier inoxydable, là où j'appréciais honteusement la douce neutralité du plastique.

Quand c'est possible, je privilégie l'achat de la nourriture en vrac, et si je n'ai pas de sac en toile, je déploie des trésors d'invention pour mettre des bananes dans ma poche ou un brocoli dans mon sac à dos. Mais mon péché mignon, c'est la street food, les plats à emporter qui me permettent de me nourrir sur le pouce à l'heure du déjeuner. Certes, des efforts sont faits : quelques trop rares restaurateurs acceptent de remplir le tupperware que vous apportez, d'autres fournissent des couverts et des récipients en carton biodégradable, mais difficile de se débarrasser du plastique résiduel, comme un couvercle, par exemple.

Le plastique, c'était fantastique

Donc j'ai craqué. Pire, j'ai commandé à manger sur Internet un soir de fatigue morale suite à une journée de merde. Tout un symbole : le plastique, c'est réconfortant, facile, pas cher. Il n'y a pas si longtemps, en 1990, Elmer Food Beat chantait bien "le plastique, c'est fantastique" et tout le monde était d'accord. Sauf qu'aujourd'hui, tout a changé et le consommateur se sent mal devant les marées de déchets plastiques que l'Asie ne veut désormais plus recycler à notre place.

On dit souvent qu'il ne faut pas culpabiliser les gens avec l'écologie, pourtant ça marche avec moi, j'ai toujours été sensible au chantage affectif. Passé le relâchement, j'ai voulu compenser ma faute, alors j'ai regardé des recettes pour faire ses produits ménagers. Comme on dit dans Top Chef,  je suis parti sur un nettoyant lessive à base d'eau chaude, de savon râpé et de bicarbonate de soude, relevé par quelques gouttes d'eucalyptus. Pas mauvais.

Alors oui, j'ai loupé mon défi, mais je me suis fait violence pour prendre de nouvelles habitudes, qui auront besoin de temps pour s'affirmer. Surtout, il faudra veiller à ne pas replonger, c'est pourquoi je me méfie désormais des barquettes de quinoa bio.