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CAMPAGNE - Entre le rêve et la réalité, il y a parfois un fossé. Voici les conseils de néoruraux pour ne rien regretter une fois installé-es.

Quitter la ville pour la campagne : les Français-es sont de plus en plus nombreux-ses à vouloir concrétiser ce rêve. Près d'un sur deux aspire à rejoindre l'air pur des pâturages. Un rêve qui se concrétise, puisque selon l'étude Style de vie des Français de 2016, 100 000 citadin-es font leurs cartons chaque année.

On les appelle les néo-ruraux, et ces derniers temps, on entend beaucoup parler d'eux. Le point d'orgue a été atteint cet été avec le procès du coq Maurice, jugé trop bruyant par ses voisins, propriétaires d'une maison secondaire. Ce coq est devenu le symbole d'une ruralité menacée, comme le titre Le Monde. Pour protéger ces bruits de la campagne, un maire a même tenté de les inscrire au patrimoine national

Alors pour ne pas perpétuer le mythe du citadin, lisez bien ce qui va suivre. Nous avons interrogé des néoruraux pour vous aider à bien préparer votre départ puis à vous adapter une fois sur place ! 

Lois et ses enfants et leur nouvelle maison de famille © Lois Moreno

Être conscient des distances et de la place de la voiture 

L'élément qui revient systématiquement chez les néoruraux, c'est l'importance que prennent les distances dans le quotidien à la campagne. Terminés les commerces et services à quelques minutes à pied ou en métro, en milieu rural, il faut compter sur sa voiture et se préparer à faire de la route. 

Quand Loïs, 40 ans, a quitté Lyon avec sa famille pour vivre à la campagne, pas question de se couper du monde. “On a choisi de vivre à la campagne mais on ne se voyait pas être perdus puisque l'autoroute est à 8 km. C'est important de réfléchir à cela, car à la campagne on peut vite se retrouver paumé et ça peut devenir l'enfer”, précise celle qui tient le site I love queen Charlotte, dans lequel elle présente son quotidien d'expatriée en terre rurale. 

Avant de choisir la maison dans laquelle vous vous installerez, déterminez l'école ou le centre de santé les plus proches. Hélène Dorey, qui est partie de Paris il y a 20 ans pour la campagne aixoise se souvient : “Avant la sixième, mon fils ne pouvait pas prendre le bus. On faisait 30 kilomètres chaque jour pour le conduire. Ça revenait cher en essence.

Visiter la région à différentes périodes de l'année 

Vous pouvez avoir trouvé un coin charmant et plein de vie l'été, mais parfois, la saison terminée, l'ambiance peut changer du tout au tout. Raison pour laquelle, Hélène Dorey, autrice de l'ouvrage Choisir de quitter la ville (Ed. Studyrama, 2011), recommande de visiter les alentours hors saison. 

Au mois de novembre, il y a plein de villages qui sont fermés. L'été n'est pas une référence”, indique-t-elle. Surtout que les premiers mois d'installation ne sont pas forcément faciles lorsque l'on s'éloigne de ses amis et de sa famille. “Au début, je me demandais ce que je faisais là”, se remémore-t-elle. Si vous êtes comme elle, optez pour un village animé.

© Lois Moreno

Ne pas chercher du travail en arrivant sur place

À la campagne, il n'y a pas les mêmes opportunités professionnelles qu'en ville. Avant de partir il est important de penser son projet professionnel en amont car les offres sont moins nombreuses. Olivia, ancienne contrôleuse de gestion dans l'industrie pétrolière a ouvert sa maison d'hôte dans le Lot lorsqu'elle est partie de la région parisienne avec son mari. “Cela me semblait compliqué de trouver la même chose. Il faut toujours avoir une solution de repli”, nous raconte-t-elle. 

Loïs ajoute : “Professionnellement il faut être assez libre. Il faut envisager une activité professionnelle qui permette d'être loin de tout.” Photographe de métier, cette mère de trois enfants a attendu d'avoir un réseau de clients solides pour déménager. “Il y a 5 ou 6 ans, ça aurait été une folie de partir à la campagne”, précise-t-elle. 

Vivre à la campagne n'est pas synonyme de silence absolu

Le chant du coq ou des cigales, le clocher des églises au petit matin ou le tracteur, les néoruraux, pensant quitter le bruit en même temps que la ville, ont parfois du mal à accepter d'être confrontés à de nouvelles nuisances sonores. 

Loïs nous raconte : “On pensait arriver dans un milieu paisible et calme. On a été choqué quand on s'est aperçu que les voisins passaient la tondeuse du matin au soir le week-end.” Heureusement pour elle, le maire du village lui a donné raison et les voisins bruyants ont le droit de tondre à certaines heures de la journée ! 

Olivia et sa famille (à droite), leur maison d'hôte (à gauche) © Domaine de l'ameillée

Accepter un rapport au temps différent 

“Après l'heure, c'est plus l'heure !”, s'exclame Olivia, qui explique qu'à partir d'une certaine heure, de nombreux commerces et restaurants ferment, alors qu'en ville ils seraient toujours ouverts. Adieu la petite épicerie ouverte toute la nuit ! Vous n'avez pas envie de faire à manger ce soir ? “Là où l'on vit, il n'y a pas de fast-food, le premier Mac Do est à 35 kilomètres. Et je ne parle même pas du japonais !”, dit-elle. 

Un grand congélateur est souvent nécessaire pour stocker plus longtemps vos aliments et limiter vos trajets au supermarché. 

Malgré les années, Hélène a parfois encore du mal avec le rythme, plus lent, de la campagne. “On peut attendre une demie heure chez le boucher car la dame raconte sa vie. Au début, je n'y arrivais pas, il fallait que ça aille vite”, se souvient-elle. Relax !

Se présenter aux habitant-es du village 

Il est vrai qu'à la campagne, le cliché du citadin sûr de lui et hautain a la peau dure ! Pour vous intégrer et vous faire des amis rapidement, ne restez pas dans votre coin, allez saluer celles et ceux qui vous entourent. 

Il ne faut pas arriver en partant du principe que l'on est chez nous, soyez humbles !”, prévient Hélène Dorey. Et d'ajouter : “Allez dans le village, faites le marché, buvez un café, faites vous connaître.”

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