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PORTRAIT - Elsa et Thibault ont quitté Paris et leur métier de reporter de guerre à la télévision pour mener une vie à la campagne, plus simple mais riche de sens.

Alors qu'ils arpentent la France et le monde pour couvrir l'actualité, Thibault, 32 ans et Elsa, 34 ans ont une prise de conscience : le métier de reporter de guerre et de journaliste qu'ils souhaitaient mettre à profit pour changer le monde ne leur permet plus de s'épanouir comme ils l'espéraient.

On avait surtout envie de vivre autrement, de quitter la ville”, nous explique Thibault. “On était en quête de sens”, ajoute-t-il.

Un changement de vie bien réfléchi

Mais pas question de tout quitter du jour au lendemain, sans réfléchir. “Elsa insistait pour que le projet soit cadré”, précise Thibault. Le couple entame alors son travail d'investigation : il se renseigne, se documente, analyse les différentes pistes.

L'idée met presque trois ans à germer. Finalement, Elsa et Thibault décident de monter une ferme bio, pour la complémentarité du projet. “On avait besoin de faire quelque chose d'utile, de diffuser des idées, de dynamiser un espace mais surtout de bien se marrer !”, ajoute-t-il.

Les deux journalistes jettent leur dévolu sur une habitation et ses 5 hectares de terrain dans un petit village de Normandie, à Saint Sylvestre de Cormeilles. “On cherchait avant tout un endroit pas trop loin de Paris car on ne savait pas combien de temps allait prendre la mise en place”, explique Thibault.

Ils surnomment leur nouvelle maison, “la ferme des Gobettes”, gobette pour grenouille en patois normand.

© La ferme des Gobettes

Convaincre son entourage et ses nouveaux voisins

À partir de juin 2016, le couple fait des allers-retours tous les week-ends pour commencer les travaux car la longère n'est pas habitable et les deux sont toujours salariés à Paris. “Nous avons tout fait dedans, essentiellement à l'aide de récup”, précise Thibault.

Les deux journalistes sont d'ailleurs très soutenus par leurs amis qui viennent régulièrement leurs donner main forte. L'entourage familial est parfois, lui, plus réservé. “Mes grands-parents flippent complètement. Eux qui ont toute leur vie cherché à améliorer leur confort, ne conçoivent pas qu'on ait envie de tout quitter pour une vie plus modeste”, explique Thibault.

Elsa et Thibault, plus motivés que jamais, s'installent définitivement en juillet 2017, avec un troisième membre de la famille : leur fils, Paavo, né peu avant le déménagement.

© La ferme des Gobettes

L'intégration auprès de leurs nouveaux voisins se passent à merveille. “On avait peur de passer pour de gros hippies de la ville, mais à la campagne tu t'intègres par la force du travail”.

Malgré quelques moqueries sur la possibilité de faire du bio, le couple persiste et ne se décourage pas car il est bien préparé.

En effet, Thibault a suivi une formation dans le but d'obtenir un Brevet Professionnel de Responsable d'Exploitation Agricole en maraîchage biologique, qu'il a obtenu en juin 2017. Tandis qu'Elsa passe un bac pro horticole par correspondance. Grâce à cela, le couple obtient une certification bio pour leurs 5 hectares, sans période de conversion.

La nature au quotidien

L'objectif est clair : être en mesure de produire et livrer fruits et légumes à partir de l'automne 2018 via une AMAP, un partenariat de proximité qui favorise les circuits courts entre producteur et consommateur. La dernière pièce à l'édifice ? La construction de leur bâtiment agricole pour stocker fruits et légumes, mais aussi accueillir les futurs clients.

© La ferme des Gobettes

Pour ce faire, le couple a lancé une campagne de financement participatif ouverte jusqu'à la fin janvier.

Bien que l'installation soit récente, on a tout de même envie de savoir à quoi ressemble cette vie nouvelle. “On passe notre temps à réfléchir, on apprend tous les jours”, nous dit-il. Évidemment le cadre n'a plus rien à voir avec le bitume parisien : “la nature fait partie du quotidien désormais”, ajoute Thibault.

Quand la journée est terminée, on se pose au bord de la mare et on regarde le soleil se coucher,  conclut-il. C'est la vie à la campagne, tout simplement.