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SOCIÉTÉ - L'association Espero propose en Ile-de-France, une formation apicole de plusieurs mois aux réfugiés, pour les insérer professionnellement.

Pour intégrer la population de réfugiés en France, il leur faut des logements mais aussi du travail. Et pourquoi ne pas se tourner vers l'écologie pour les insérer professionnellement ? C'est le pari tenu par l'association Espero, qui forme gratuitement en Ile-de-France, les réfugiés au métier d'apiculteur. 

Depuis 2017, un petit groupe de personnes suit une formation entre avril et septembre, pendant la période apicole, soit quand les abeilles n'hibernent pas. “L'année dernière, ils étaient 30 et cette année ils sont 12”, précise Maya Persaud, co-fondatrice de l'association. 

Anatomie de l'abeille, cycle de vie, pollinisation, sensibilisation aux maladies, sanitation de la ruche, les cours sont à la fois théoriques et pratiques. À la fin de cette formation, les élèves apiculteurs doivent être capables d'élever des abeilles à miel et de gérer un rucher. 

© Espero

Une formation animée par un apiculteur venu de Syrie 

Pourquoi l'apiculture ? “On s'est demandé ce qu'on pouvait faire pour sensibiliser autour de l'agro-écologie”, nous explique Maya Persaud. Au départ, le projet s'oriente vers la permaculture, mais Espero a du mal à trouver le terrain idéal. “Un jour, une abeille est apparue et Pauline, l'une des co-fondatrices s'est exclamée pourquoi pas l'apiculture ! Et on s'est dit que c'était bonne idée”, se souvient-elle.  

La formation est animée par Ibrahim, un apiculteur syrien réfugié en France depuis six ans, avec 30 ans d'expérience dans le métier. Maya Persaud l'a rencontré grâce à la plateforme Action Emploi Réfugiés, qui met en relation des personnes réfugiées avec des professionnels. “On a laissé une annonce en disant qu'on cherchait un apiculteur et il a répondu le jour même”, précise-t-elle. 

C'est ainsi qu'Ibrahim enseigne à Paris ou à Bobigny (Seine Saint-Denis) son savoir-faire à des réfugiés, mais aussi à des demandeurs d'asile et des Français-es. “Notre objectif, c'est de faire un brassage culturel et social”, indique Maya Persaud. Pour faire connaître leur formation, les membres d'Espero travaillent en collaboration avec des associations et des centres d'hébergements dans lesquels ils présentent directement leur projet aux résidents. 

Retrouver confiance en soi et tisser des liens 

Souvent, les réfugiés qui suivent la formation sont familiers du travail apicole. “On a eu des apiculteurs tchadiens ou soudanais, qui avaient appris ce métier par leur père ou leur grand-mère”, souligne Maya Persaud. “Cette formation est un moyen de retrouver un lien qu'ils ont perdu en venant ici”, ajoute-t-elle. Il y aussi cet Égyptien avec 20 ans d'expérience en apiculture, qui a dû apprendre les saisons et les fleurs mellifères que l'on trouve en France. 

Mais il arrive que certains réfugiés n'aient jamais vu une abeille de leur vie. Ce fut le cas d'un réfugié népalais. “Au départ il avait très peur”, raconte Maya Persaud. Pour le rassurer, les membres de l'association lui ont montré des photos de vareuse, l'habit de protection des apiculteurs. “Après le premier cours, il a vu que les abeilles n'étaient pas du tout agressives. Et il a suivi la formation en entier”, assure-t-elle. 

Bien que la formation soit centrée sur l'apiculture, le but de ces cours est de jouer le rôle de tremplin, “une manière de gagner confiance en soi”, précise Maya Persaud. Même s'ils ne deviennent pas tous apiculteurs comme l'élève égyptien, les élèves d'Ibrahim s'insèrent professionnellement, que ce soit dans la restauration ou le bâtiment.

Sensibiliser à l'écologie et à la disparition des abeilles  

Quoi qu'il en soit, à la fin de chaque formation, Espero a rempli sa mission. Celle de “relier l'Homme à la nature en sensibilisant des personnes un peu éloignées de cette question socio-environnementale. Il n'y a pas que les bobos parisiens qui sont concernés”, insiste-t-elle. 

Au-delà de la problématique des réfugiés, sensibiliser un large public à celle de la disparition des abeilles est un enjeu écologique majeur selon Maya Persaud. “Si les abeilles disparaissent, 30% des fruits et légumes disparaîtront”, s'inquiète-t-elle. Et la co-fondatrice d'ajouter : “les abeilles sont les premiers pollinisateurs. Leur disparition impactera toute la chaîne alimentaire.

Si vous souhaitez agir depuis chez vous, voici les fleurs et plantes aromatiques que vous pouvez planter pour nourrir (et sauver) les abeilles !