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PARADIS ROUGE - Un cabinet d'architectes a transformé une zone industrielle abandonnée en une résidence auto-gérée de 23 maisons et 18 appartements à Bruges.

Il n'y a pas si longtemps, les entreprises industrielles étaient implantées dans les centres-villes belges. Une pratique courante à cette époque, mais impensable aujourd'hui, où celles-ci ont dû se déplacer vers la périphérie urbaine pour des raisons de santé publique évidente. Résultat, ces délocalisations ont produit des sites abandonnés que l'on appelle des friches industrielles, ou "city-cancers". Comment faire pour sauver de tels édifices, laissés à l'abandon total, voire en état imminent de destruction ?

Il existe des cabinets d'architectes qui œuvrent sur la réhabilitation de ces sites industriels délaissés. En partenariat avec "Revive", spécialisé dans la sauvegarde des édifices industriels en fin de vie, Cameleon Architects a décidé de sauver en 2018 le site de "Die Keure" au sud de Bruges.

Objectif : recréer de la vie à partir d'un site industriel délabré

"Den Indruk" nait en 2019 après 3 ans de travaux. Un site qui fait vivre désormais une communauté florissante et auto-gérée. Le lieu est conçu comme une zone résidentielle sans voitures, où les enfants et les piétons se déplacent en toute tranquillité. Tout est fait pour laisser la voiture à l'abri et emprunter les mobilités douces comme le vélo, la marche à pieds ou les transports publics.

Sur les 7000 m2 de bâtisses rénovées, on compte 23 maisons individuelles et 18 appartements construits autour d'un grand jardin commun de 1500 m2 et un parking souterrain à deux étages. C'est l'un des rares endroits où les enfants peuvent jouer dans un environnement sûr dans le centre de Bruges.

Chaque façade est différente sur ces maisons individuelles. © Nicolas da Silva Lucas / BowerBird.io
L'intérieur d'un des appartements du quartier "Den Indruk". © Stijn Bollaert / BowerBird.io

Une architecture durable et qui respecte le patrimoine

Si le pâté de maison possède une véritable identité, à la loupe on observe la création d'une façade unique pour tous les logements. A chaque maison individuelle correspond en effet une devanture légèrement différente des autres, qui est créée en utilisant une pierre aux tonalités personnelles, avec une composition et un détail qui varient aussi pour les fenêtres et les portes. Le résultat permet de différencier chaque habitation, mais se fond parfaitement dans le décor brugeois.

Ce soin apporté à la qualité architecturale est complété par un souci strict de préserver l'environnement. Chaque habitation répond ainsi aux normes les plus strictes en matière d'isolation et dispose d'une pompe à chaleur. Elles disposent aussi d'un système de récupération de chaleur intégré dans le système de ventilation, de l'exploitation et de l'utilisation des eaux pluviales. Enfin, tout a été fait afin d'inciter les propriétaires à installer des panneaux photovoltaïques sur leurs toits.

Cette grande bâtisse renferme 18 appartement rénovés. © Nicolas da Silva Lucas / BowerBird.io

Pour garantir une durabilité encore plus grande des logements, le cabinet d'architectes Cameleon a conçu des habitations modulables, où "tout a été mis en œuvre pour maintenir un maximum d'éléments non porteurs, de manière à ce qu'elles puissent évoluer en fonction de la taille et de l'âge de la famille", peut-on lire sur le site de Revive.

Le projet fut semé d'embûches, à commencer par les contraintes causées par le classement de la ville au patrimoine de l'UNESCO, qui durcit les règles imposées pour l'emploi des matériaux et l'apparence architecturale. Il fallait trouver un équilibre entre l'architecture, la durabilité et le respect du patrimoine local, tout en proposant des logements modernes.

Aujourd'hui, Den Indruk est la preuve qu'on peut réhabiliter un ancien quartier en s'adaptant aux enjeux écologiques les plus cruciaux, tout en conservant une grande qualité de vie.

"Den Indruk", un quartier moderne qui respecte le patrimoine historique. © Stijn Bollaert / BowerBird.io