Stéphane Sorhaindo - Publié le 20 décembre 2022
J'AI BEAU ETRE MINIMAL, J'AI MAL - Le minimalisme doit-il se réduire à ne posséder qu'une poignée d'objets ou pénétrer tous les domaines de notre existence ?
Internet est désormais rempli de ces vidéos confessions, où un-e influenceur-se remet sa vie en question à 25 printemps révolus à peine, sur fond de titre bien aguicheur. C'est un peu le cas de cette "prise de conscience" de Nate O'Brien, un youtubeur américain spécialisé dans le développement personnel. En 2016, il prend le parti de devenir minimaliste matériel et refait la déco de son appartement, résumée à sa plus simple expression.
En lançant sa chaine YouTube, il connaît alors un grand succès qui élargit son réseau de connaissances, principalement des personnalités riches. Mais si ses voyages en jet privé à travers le territoire américain lui font prendre conscience de la beauté de la nature et des dégâts causés par l'être humain, ils l'éloignent par ailleurs du minimalisme qu'il avait épousé avec tant d'ardeur au départ.
Nate ressent le besoin de revenir en arrière et d'expliquer certains points essentiels dans sa démarche, qu'il veut mener encore plus loin. Il explique : "Si tu passes beaucoup de temps avec des gens riches, qui ont des activités de riches, et que tu en fait pareil, inconsciemment, tu commences à penser que tu es mieux que les autres, et c'est ça qui m'a fait peur". C'est pour cela qu'il a souhaité revenir aux bases.
Le minimalisme, bien plus qu'une manière de décorer son logement
Fréquenter des personnalités riches, de la haute société, l'ont mis face à une réalité implacable : la communauté minimaliste est trop peu influente face à leur puissance financière et au train de vie des businessmen. Voyager dans plusieurs endroits différents en si peu de temps n'est pas nécessaire et va à l'encontre de sa démarche de vie.
Résultat, Nate O'Brien vit désormais à bord de son pick-up aménagé, un Ford F-250 à toit rigide. Il n'a besoin que d'un bureau pliable pour travailler et d'un appareil photo pour filmer ses aventures sur sa chaine YouTube. En faisant cela, il maintient les liens avec ses contacts tout en réduisant le plus possible sa consommation et son empreinte carbone. L'idée derrière tout ça ? Le minimalisme, ce n'est pas juste posséder peu d'objets, c'est se satisfaire du minimum de façon générale.
Cela passe par une alimentation mieux gérée, voire zéro déchet, lire des livres sur le sujet, porter attention à la musique que l'on écoute, aux films que l'on regarde, se lancer dans le DIY et l'upcycling, se déplacer si besoin par des moyens de transport zéro émission. Ça vous paraît évident ? Pour les Américains, ça ne l'est pas tant que ça. Dans ce pays hyperconsumériste, où l'on étale volontiers sa réussite en grand, très grand, le minimalisme est un mode de vie à part entière qui attire beaucoup de gens. Il est même devenu le mantra de beaucoup de gens riches, qui en retirent d'immenses profits. Bref, entre le business du développement personnel et la volonté sincère de sobriété, le minimalisme cherche encore sa voie.
