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CONSTRUCTION - Cette technique traditionnelle qui rend les maisons résistantes aux insectes et à l'humidité sans produits chimiques, revient à la mode dans l'archipel.

Chalumeau allumé dans la main, Masami Takahashi s'apprête à mettre le feu à une planche de chêne posée devant lui.

Après une bonne vingtaine de minutes passées à embraser la planche de long en large, il s'agenouille pour observer le résultat. La planche, en partie carbonisée, semble lui convenir. Il l'arrose de quelques gouttes d'eau pour arrêter la combustion.

Il faut brûler le bois sur 2 à 3 mm d'épaisseur.

Il faut brûler le bois sur 2 à 3 mm d'épaisseur. © Clémence Leleu

Masami Takahashi est architecte dans la banlieue de Tokyo et s'est spécialisé dans cette technique de construction traditionnelle, dite shou Sugi ban ou bois brûlé en français, depuis 15 ans.

Un bois plus résistant

Grâce à cette technique, le bois résiste aux termites et aux autres insectes, mais aussi à l'humidité. Il n'est donc pas nécessaire de le traiter avec des produits chimiques”, explique l'architecte installé dans la banlieue de Tokyo.

L'architecte Masami Takahashi.

L'architecte Masami Takahashi. © Clémence Leleu

Pour que la carbonisation soit réussie et protège efficacement le bois, il faut brûler les planches sur 3 à 5 millimètres d'épaisseur, et obtenir un effet “d'écailles de tortue”. “Lorsque l'on commence à brûler le bois, il devient tout de suite noir, mais il ne faut pas s'arrêter. Si l'on ne brûle pas la planche suffisamment en profondeur, l'effet carbonisé va s'effacer à la première pluie et le bois ne sera pas protégé.

On arrête de brûler le bois lorsqu'il ressemble à une écaille de tortue.

On arrête de brûler le bois lorsqu'il ressemble à une écaille de tortue. © Clémence Leleu

Les planches seront ensuite utilisées comme bardage de la partie inférieure des maisons. “Pour la partie supérieure, j'utilise du torchis. Sa couleur blanche contraste parfaitement avec le noir des planches. Cela donne un résultat très esthétique”, détaille Masami Takahashi qui a construit une cinquantaine de maison en bois brûlé.

Une autre maison en bois brûlé et torchis.

Une autre maison en bois brûlé et torchis. © Clémence Leleu

Une vocation écologique

Cette technique de construction traditionnelle, née il y a plusieurs centaines d'années, redevient à la mode, notamment auprès des jeunes générations. “Mes clients recherchent quelque chose de naturel, bon pour la santé, sans traitement chimique. Avec la mondialisation, les gens veulent de plus en plus se rapprocher du local. D'où ce retour aux techniques traditionnelles”, expose l'architecte.

Une maison en bois brûlé et torchis.

Une maison en bois brûlé et torchis. © Clémence Leleu

Une tendance qui, selon Masami Takahashi, va à rebours de l'architecture japonaise de ces dernières décennies, "Les gens souhaitent garder leur maison sur le long terme et la transmettre à leurs enfants. Ces derniers temps, l'architecture était plutôt éphémère, elle n'avait pas vocation à durer dans le temps. Le bois brûlé, le torchis et les tuiles sont des matériaux résistants, qui ne vont pas se dégrader avec le temps.

Le bois brûlé protège les maisons des insectes et de l'humidité.

Le bois brûlé protège les maisons des insectes et de l'humidité. © Clémence Leleu

Une technique qui commence également à s'exporter hors de l'archipel japonais, notamment en France où des architectes se sont lancés dans la construction en bois brûlé, comme le cabinet Noir de bois.