| |

AU PHYTO DIT, AU PHYTO FAIT - L'épuration par les plantes a le vent en poupe : plus écolo, plus durable, plus intégré au paysage, ce système s'entretient aussi facilement.

Écologique autant qu'esthétique, la phyto-épuration est un système d'épuration économique sur le long terme. Qui dit mieux ? Ce système compte sur le pouvoir dépolluant de certaines plantes pour traiter les eaux usées des habitats non reliés au tout-à-l'égout. Un procédé naturel, qui fonctionne de façon autonome, tout en préservant la biodiversité.

Autant de bons points dans un contexte de crise environnementale aussi inquiétant. L'épuration à filtre planté vous intéresse, mais pouvez-vous installer ce dispositif chez vous ? Comment vous y prendre ? Existe-t-il des contraintes ? Steeve Tessier, responsable de la communication d'Aquatiris, leader du secteur, répond à nos questions.

La phytoépuration s'immisce en douceur dans votre environnement. © Aquatiris

Tout savoir sur l'assainissement écologique en 5 questions

18h39 : Tout le monde peut-il prétendre à ce type d'installation ?
Steeve Tessier : Les ménages qui ne dépendent pas d'un assainissement collectif peuvent se tourner vers la phytoépuration. Il s'agit principalement des habitats en milieu rural, des gites, exploitations agricoles…, le système s'adapte à tous les terrains ainsi qu'à toutes les régions. Mais il faut prévoir un budget d'environ 13 000 euros pour une habitation de 5 équivalents habitants [Unité de mesure qui évalue le flux de matières polluantes que rejette un habitant chaque jour]. Néanmoins, puisqu'il n'y a pas d'accumulation de travaux ou d'obsolescence, pas de fosse donc pas de vidange, ni de remplacement de plantes ou des granulats, le dispositif devient compétitif à court terme.

Comment ça fonctionne ?
Grâce à la gravité du terrain, toutes les eaux usées de la maison s'écoulent vers un massif planté de roseaux. Les matières solides restent à la surface et se compostent naturellement tandis que l'eau traverse verticalement tout le massif filtrant. Les eaux usées, elles, pénètrent différentes couches de granulats (sable, gravillons et graviers) pour arriver au niveau des racines des plantes. Les bactéries ainsi que les micro-organismes présents autour de ces racines se chargent alors de dépolluer l'eau avant qu'elle ne rejoigne la nature en s'infiltrant dans le sol.

Ne craignez pas les odeurs nauséabondes. Contrairement à une fosse septique, le système est ici à l'air libre, donc pas de fermentation, pas de production de méthane et même peu de production de gaz à effet de serre. Et rassurez-vous, vous ne risquez pas de voir proliférer les moustiques à proximité car l'eau ne stagne pas. En revanche les massifs attirent abeilles, libellules, papillons… ce qui est une bonne chose pour la biodiversité.

Comment mettre en œuvre ce système d'épuration par les plantes ?
Il y a 4 étapes à respecter. D'abord, nous réalisons une étude de sol. Il s'agit de connaître les caractéristiques du terrain : la configuration de la parcelle, dont le dénivelé, l'aptitude à l'infiltration, … mais également les désirs d'aménagement paysager des clients, pour trouver l'emplacement idéal et imaginer une installation parfaitement intégrée. Lorsque la pente n'est pas suffisante entre l'habitation et la phytoépuration, on installe un poste de relevage qui propulse les eaux usées jusqu'au filtre. C'est environ le cas de 50 % de nos clients.

Le projet passe, ensuite, entre les mains du SPANC (Service Public de l'Assainissement Non Collectif) pour valider l'étude de sol. Une fois celui-ci validé, le client peut revenir vers nous pour la réalisation du chantier. L'auto-construction est possible mais la mise en place du produit, agréé par les Ministères de la Santé et de l'Environnement, et donc normé, nécessite un accompagnement serré des propriétaires les plus bricoleurs. Et même si elle permet à ces derniers d'épargner entre 1000 à 2000 euros, le « clé en main » reste la préférence de nos clients, c'est 80% de notre activité.
A l'issue de la réalisation du chantier, le SPANC clôture le projet en vérifiant que l'installation est conforme à l'étude.

Contrairement à une fosse septique, le système est ici à l'air libre. © Aquatiris
Il est possible de personnaliser son installation avec des plantes et une esthétique particulières. © Aquatiris

Peut-on personnaliser son installation ? 
Aquatiris propose différentes gammes de phytoépuration dont le « Jardin d'Assainissement Roseaux » et le « Jardin d'Assainissement Iris ». Dans la première formule, tout repose sur un massif de roseaux. Dans la seconde, il y a un autre massif fait de salicaires, d'iris, de menthes aquatiques, des plantes semi-aquatiques avec saisonnalité et floraison. La succession des deux filtres permet un traitement très efficace, y compris sur les nitrates et est implanté surtout pour des habitations situées en milieu sensible (bord de mer, rejet dans un cour d'eau, …).

La personnalisation se joue surtout au niveau de l'intégration paysagère et des finitions : contour en bois, en pierre, en ardoise...

Comment entretenir les massifs d'assainissement ? 
Chaque hiver il convient de faucarder les roseaux, c'est-à-dire de couper les plantes fanées. Certains les laissent sur place pour former un paillis et ainsi protéger le sol, d'autres les mettent aux déchets verts afin que les roseaux poussent d'année en année. C'est de l'ordre du jardinage. La plupart de nos clients le font eux-mêmes, on intervient surtout pour ceux qui ne vivent pas sur place.