Anaïs Farrugia - Publié le 23 septembre 2022
QUAND ON VEUT ON PLEUT - Économiser près de 20 000 litres d'eau par an c'est possible grâce à un collecteur d'eau de pluie qui s'installe sur nos balcons et rebords de fenêtres.
Avec le dérèglement climatique et les sécheresses, 5 milliards d'êtres humains pourraient manquer ponctuellement d'eau potable en 2050 d'après un rapport de l'OMM (Organisation Météorologique Mondiale). Dans ces conditions, la bonne gestion du cycle de l'eau est devenue cruciale pour l'économiser au maximum et on ne peut que saluer la formidable invention d'Iván Aaron López et de Brizeth Garcia Diaz, qui font partie des 20 finalistes du concours d'innovation James Dyson Award.
Ces deux étudiants de l'Universidad Autónoma Metropolitana de Mexico ont en effet créé un collecteur d'eau de pluie urbain pas comme les autres. La grande nouveauté ? Ce récupérateur peut tout simplement se poser sur un rebord de fenêtre afin de récupérer l'eau pluviale au sein même des appartements ou des maisons. Un appareil bientôt essentiel pour les citadins ?
Retarder au maximum le « Jour Zéro »
Originaires de la ville Mexico, mégalopole surpeuplée de 20 millions d'habitants vivant majoritairement en appartement, les deux étudiants sont confrontés à de nombreux problèmes liés à l'eau, notamment à son approvisionnement inégalitaire en période de sécheresse. Ils expliquent vouloir retarder au maximum le « Jour Zéro », date fatidique où plus aucune goutte d'eau douce ne sera accessible. Le jour où plus aucune goutte d'eau ne sortira de nos robinets. D'où le nom du récupérateur d'eau : ATL qui signifie « eau » en langue indigène et 59 qui est le début du compte à rebours avant le « Jour Zéro ».
20 000 litres économisés pour une famille de 4 personnes ?
D'après la vidéo publicitaire des deux étudiants, ce collecteur d'eau de pluie permettrait à une famille de quatre personnes d'économiser jusqu'à 20 000 litres par an, en comptant la récupération de l'eau de pluie, mais aussi l'eau froide de la douche via une sorte de plateau redirigeant vers un réservoir. Pour l'eau de pluie seule, ATL-59 économiserait 40 L par jour, une estimation sans doute à revoir dans la pratique, car on imagine mal comment c'est possible avec une si modeste surface de récupération, notamment lors de périodes sèches.
L'autre bémol, c'est la contrainte légale qui pèse sur les co-propriétés. Sera-t-il possible de mettre un tel dispositif sur toutes les fenêtres ou balcons d'un immeuble sans contrevenir au règlement collectif ? On espère que les mentalités évolueront aussi vite que la technologie !
D'un point de vue technique, l'appareil dispose d'un filtre à trois étages qui rend l'eau de pluie utilisable pour l'arrosage des plantes, le ménage, ou pour la chasse d'eau des toilettes. Toutefois, cette eau est impropre à la consommation en raison de la pollution, car elle contient des produits chimiques toxiques éternels (PFAS), et ce, partout dans le monde. Le collecteur s'installe en 15 minutes, sur une fenêtre ou un balcon, et son filtre se nettoie ou se remplace facilement.
Après de nombreux tests, les créateurs ont opté pour la fibre de verre pour le prototype final, tout en gardant à l'esprit un produit pouvant être conçu de façon industrielle, en optimisant les coûts et en les rendant accessibles à tous. Pour accélérer la commercialisation du collecteur de pluie, il faudrait qu'Iván Aaron López et Brizeth Garcia Diaz soient lauréats du prix James Dyson Award, mais il y a de bonnes chances que leur invention, ou une similaire, finisse par exister dans la grande distribution.