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ÉCOLOGIE - On pourrait croire la paille trop fragile pour s'en servir comme matériau de construction pour une habitation. Ce couple installé dans le centre de la France démontre le contraire.

Si l'on devait résumer brièvement la genèse de la maison de paille Françoise Manceau-Guilhermond et son mari, on pourrait dire qu'il s'agit d'un bienheureux hasard.

Initialement, le couple se renseignait sur les isolants naturels. “Puis, l'idée a germé, en découvrant tous les avantages de la paille, comme son fort pouvoir isolant, de construire une maison à l'aide de ce matériau”, explique Françoise Manceau-Guilhermond.

Son mari, qui se lance pour la première fois de sa vie dans l'autoconstruction, participe donc à des chantiers participatifs les week-ends pour apprendre les techniques de construction de ce type d'habitat. Suit également un stage avec les Compagnons de France.

Le couple, qui habite alors la Drôme, investit dans un terrain en région Centre, qui accueille dans un premier temps une cabane de jardin en paille.

Cette structure devient leur abri pendant la construction de leur maison, dont ils ont eux-mêmes dessiné tous les plans. “Nous venions quelques week-end, mais aussi pendant les vacances pour que le chantier avance, puis, mon mari s'est libéré plusieurs mois par an. C'était une sacrée aventure”, se souvient la mère de trois enfants dont les deux plus grands ont participé à la construction de leur maison.

Premier défi : Trouver de la paille

La plus grosse difficulté dans ce chantier ? Trouver de la paille. “C'est difficile d'en trouver suffisamment. Il faut donc bien s'entendre avec des agriculteurs du coin, c'est un travail au long cours. Pour construire notre maison, nous avons fait rentrer entre 600 et 800 bottes de pailles”, détaille Françoise Manceau-Guilhermond.

Il faut également prendre garde à la pluie. “Au début du chantier, il y a eu une grosse tempête, nous avons perdu plus de la moitié de nos bottes. Cela nous a contraint à construire un abri pour les protéger”, poursuit-elle.

Une ossature en bois

Après avoir construit les fondations en béton, puis installé deux rangées de briques de soubassement et coulé une dalle de béton, le couple a monté l'ossature en bois de leur maison comme le veut la méthode Greb.

© Françoise Manceau-Guilhermond

Les bottes de paille sont ensuite insérées dans l'ossature, avant d'être recouverte d'enduit. “Là, nous sommes allés un peu loin... Il fallait de l'argile et nous nous sommes mis en tête d'utiliser celui de notre terrain. Il a donc fallu séparer l'argile de la terre végétale, ce qui nous a occupé, comment dire... un certain moment”, explique Françoise Manceau-Guilhermond, encore étonnée de leur prouesse.

Le mélange de sable, chaux, argile et sciure qui compose l'enduit crée des bulles d'air, ce qui permet d'isoler parfaitement, tant phoniquement que thermiquement. Et ça marche : le couple n'a consommé que 5 stères de bois en deux ans pour chauffer, à l'aide d'un poêle à bois, leur 140 mètres carrés.

© Françoise Manceau-Guilhermond

Une maison écologique très abordable puisque le couple a investi entre 50 et 60 000 euros dans sa construction.

Une maison naturelle

En 2011, deux ans et demi après l'achat du terrain, le couple emménage enfin dans cette maison qu'ils ont souhaité la plus respectueuse de l'environnement. En effet, après avoir construit avec des matériaux naturels, il ne souhaitait pas faire rentrer dans leur domicile des produits trop polluants.

Nous n'avons utilisé que des produits sains. Aucune peinture, ni tapisserie, des voliges ont servi pour recouvrir certaines murs et nous avons utilisé différentes recettes d'enduits comme le blanc de Meudon, le lait écrémé, sciure de bois”, explique Françoise Manceau-Guilhermond.

© Françoise Manceau-Guilhermond

C'est une maison qui respire. Qui n'est pas du tout humide. La paille permet d'absorber l'humidité, et de la rejeter lorsque l'on en a besoin. Nous avons donc une température constante dans la maison de 20 degrés maximum, même l'été”, poursuit-elle.

Mais la question que l'on pourrait se poser est celle de la préservation de la paille dans le temps. “La paille est protégée dans la structure, elle ne bouge pas. Nous avons dû ouvrir une cloison à un moment et deux ans après la paille était encore toute jaune et sentait toujours aussi bon”, précise Françoise Manceau-Guilhermond.

© Françoise Manceau-Guilhermond

Les dernières finitions extérieures

Dans les mois à venir, le couple entend faire quelques finitions à l'intérieur de la maison et prévoit également de réaliser le bardage extérieur de la maison puis de construire une terrasse en palettes.

De quoi encore occuper le couple quelques temps et ravir encore davantage les visiteurs, toujours très intrigué par cette maison. “Il y en a qui ralentissent pour la regarder, il y a même des gens qui viennent sonner pour avoir quelques infos. Les gens sont très curieux”, conclu Françoise Manceau-Guilhermond. Fière, et il y a de quoi, de sa maison, première du genre dans sa région.